
L’espace de quelques jours, cinéastes, acteurs et critiques se rassemblent dans la ville où le cinématographe, et a fortiori le cinéma, ont été inventé par Louis et Auguste Lumière, en 1895. Chaque année, cet événement, devenu une référence dans le monde du cinéma, récompense une personnalité pour l’ensemble de son œuvre.
Ce n’est pas ici que je vais refaire l’historique de cet Art, mais il est important de comprendre le positionnement de ce festival parmi les autres. Les rendez-vous qu’on s’y donne constituent un regard en arrière et un pèlerinage au nom d’une passion, qui ne cesse d’évoluer et de laisser son empreinte dans le temps. L’événement vise à préserver cette impulsion, avec le soutien de nombreux invités de prestige, venus du monde entier.
Bertrand Tavernier a tenu la présidence de l’Institut Lumière, depuis 1982 jusqu’à sa mort en mars 2021, avant qu’Irène Jacob en prenne la succession. Une rétrospective lui est évidemment dédiée, comme bien d’autres formes d’hommages.
Et nul besoin d’être un professionnel du milieu ou de faire des études dans ce domaine, tout le monde peut y participer. Cette année les moins de 26 ans ont pu recevoir une accréditation gratuite, donnant des accès libres à des expositions ou d’autres réductions pour des séances, qui coûtent bien moins chers en-dehors de cette période. Pour les autres, un tarif abordable propose les mêmes avantages.
Masterclass, rétrospectives, films cultes restaurés et autres avant-premières, tout le monde y trouvera son compte.
SOMMAIRE
- L’ouverture
- Les rétrospectives
- Les Avant-Premières
- Les Masterclass
- Le Prix Lumière : la chimère Tim Burton
- Le Village
- Les Expositions éphémères
- Le musée Cinéma et Miniature (hors festival)
L’ouverture

C’est avec L’Innocent de Louis Garrel, sorti quelques jours plus tôt et que j’ai déjà découvert près de chez moi, que j’ai entamé ce festival. N’ayant pas pu assister à l’ouverture officielle au Hall Tony Garnier, je me suis rabattu vers un cadre plus convivial et en présence de l’équipe au Pathé Bellecour, car j’étais également très curieux de découvrir les qualités de la salle Onyx.

Elle est équipée d’un écran LED Samsung, doté de la performance HFR, donc pas d’image projeté sur une toile. La luminosité semble optimale pour des formats 3D ou spécialement conçu avec des œuvres qui dépassent sensiblement les 24 images par seconde. J’y reviendrai plus tard pour présenter les avantages et inconvénients des différentes salles disponibles en France, mais pour l’heure, place aux festivités !
Les rétrospectives
S’il y a bien un festival qui efface les limites de la cinéphilie, c’est bien à Lyon, en cet instant où les cartes sont rebattues. C’est le moment de (re)découvrir des films de parimoine en salle. Quand bien même nous les aurions déjà vu, ce sera toujours une bonne surprise avec un public curieux et investi.

J’ai donc eu l’occasion de découvrir « Mauvais Sang » de Leos Carax, qui m’a beaucoup séduit avec la promenade nocturne de « Boy Meets Girl », la réconciliation des « Amants du Pont-Neuf », les différents portraits de « Holy Motors » et plus récemment la comédie musicale « Annette ». L’expérience vaut le détour, si on aime se frotter à la psyché des personnages, jusqu’à en représenter leur limite, via leur corps, leurs actes ou leur voix intérieure.
Mais si on veut se lancer dans quelque chose de plus accessible, la redécouverte de « Certains l’aiment chaud » (Some Like It Hot) a été gratifiante. Dans une salle majoritairement remplie d’écoliers, l’interaction fut au rendez-vous pour revenir sur un des films les plus comiques avec Marilyn Monroe dans un presque second rôle. C’est toujours à prendre avec du recul, mais le plaisir est bien là, dans un premier visionnage qui donne le ton et qui justifie Billy Wilder à la réalisation (Boulevard du Crépuscule, La Garçonnière, Assurance sur la mort, 7 ans de réflexion). Son écriture fonctionne et a tout pour inviter le public à partager ses rires.


Pour un instant plus familial, « Frankenweenie » de Tim Burton saura vous attraper avec simplicité. Victor Frankenstein est son fidèle ami Sparky sont inséparables ou presque. Un incident incite l’enfant à accepter le deuil de son chien, mais ce sera par la science et l’amitié qu’il tentera le tout pour le tout, afin de le ramener à la vie. C’est toujours aussi triste, dix ans après sa sortie, où le cinéaste y trouve un alter ego en Victor, un gamin solitaire, qui vit de son art de l’image et de son imaginaire sans limite. Ce retour en noir et blanc chez Disney est gage de respect envers celui dont le studio ne voyait pas le potentiel, ni la sensibilité. Mission accomplie, car les enfants sont toujours réceptifs à ce film, plein de spectacles, de promesses et de stop-motion.
Peut-être a-t-on perdu un peu trop de grains dans le passage au numérique, car la diffusion dans la salle Onyx fut fluide, mais étonnamment déstabilisante. Pour d’autres raisons, « La Haine » prévoit d’attraper son spectateur pour l’emmener dans une banlieue parisienne. Ce projet de Kassovitz a pu révéler le potentiel de Vincent Cassel, qui joue constamment avec les mots et la tension dans un trio déjanté, mais complémentaire. On les suit sur le coup d’une grosse journée, où la peur appelle à la violence. Le film se permet ainsi d’en décortiquer les limites et d’en établir un portrait, moins caricatural que d’habitude, où il était bon de tenir les habitants de HLM en joug. C’est à leur tout de s’exprimer, à leur manière, mais dans le fond, on reconnaîtra une humanité précieuse, qui peut s’égarer dans l’obscurité, mais qui peut sans peine traverser le tunnel, pourvu que l’on soit bien accompagné. Un film coup de poing qui fait plaisir de revoir !


Il suffit de voir l’affiche du festival pour reconnaître le cinéaste célébré et adulé. Moi qui n’avais vu « Mars Attacks » qu’à la télévision, j’ai été surpris par la qualité de la restauration et le grand écran aura eu raison de mes attentes. On y passe un bon moment, avec des idées totalement loufoques, où Burton dézingue la hiérarchie et les plus hautes institutions, jusqu’à la Maison-Blanche et la fausse suprématie américaine. Il n’hésite pas à faire venir des dernier James Bond en date (Pierce Brosnan) et toute une tripotée de stars pour mutiler leur personnage, voire les humilier, sur la scène d’un sarcasme, qui est loin d’être anodin. Les négociations avec les géants des studios sont difficiles, voire impossibles, alors le réalisateur prend cette adaptation et ce projet de commande comme le compromis idéal pour y injecter sa frustration et son commentaire justifié sur les dérives de l’administration.
Les frères Coen, c’est la force tranquille, dira-t-on. C’est un peu comme le bowling d’ailleurs. On donne l’impulsion et si on assez compétent, on peut en contrôler la trajectoire. Reste à savoir si l’on vise le strike ou le spare. « The Big Lebowski » fait étonnamment les deux, avec ses personnages atypiques, noyés dans la fantaisie et dans un nihilisme électrisant. La culture américaine dégouline de partout, sans modération et pour le plaisir de voir le Dude embarqué dans une aventure passive, bien au chaud dans son peignoir. La force de l’œuvre vient également de ses envolées oniriques, basculant le héros dans une transe répétitive, mais qui change astucieusement de motif ou d’enjeu, afin de tenir son audience au maximum de sa réceptivité.


Le maître du suspense prouve une fois de plus son talent, à travers le temps et surtout, une narration est très efficace. « Psychose » est loin d’être une exception, mais c’est le film qui clôture mon festival et quoi de mieux que de le retrouver pour la première fois sur un grand écran. Je ne vais pas trop en parler, car l’idée du film, c’est qu’il joue sur une surprise de taille, où il possède encore à ce jour des jump scare frissonnants. Si vous avez vu cette célèbre scène de la douche, sachez que vous n’avez rien vu du film, donc foncez, mais ne rater rien du début à la fin. Quoi de neuf sinon ? Les spectateurs ont eu le plaisir de découvrir une version inédite et non censurée par le code Hays, ajoutant donc 13 bonnes secondes d’effroi au montage.
Les Avant-Premières
Ce genre d’exclusivité est un privilège de festival et l’ambiance nous captive davantage dans ces moments de découverte collective, mais il est toujours difficile d’en parler en avance. J’en ai loupé quelques-uns, mais je ne vais parler que des œuvres que j’ai pu découvrir en long et en large.


Je suis déjà en train de les analyser pour des avis plus complets, qui arriveront prochainement au compte-goutte, mais je ne vais évidemment pas trop en dévoiler, afin que l’on puisse tous profiter de l’expérience à leur sortie officielle.
ARMAGEDDON TIME

James Gray (Little Odessa, The Yards, La Nuit nous appartient, Two Lovers, The Immigrant, The Lost City of Z, Ad Astra) est un cinéaste qui n’a pas toujours eu l’enfance tranquille. Avec son « Armageddon Time », que j’ai loupé à Cannes, j’ai enfin pu redécouvrir toute la tendresse et la subtilité qui se dégagent de ses thématiques. Il a souvent été dans la recherche d’une paternité, mais au-delà de ça, il en profite pour établir le portrait d’une Amérique, au carrefour de sa mutation, avec une élection présidentielle douloureuse et une perte de foi à la condition humaine.
Pourtant, son portrait pessimiste cache une bienveillance qui offre une issue à son alter ego, notamment à travers l’art créatif et les rêves d’enfant. Son récit est poignant et a le mérite qu’on s’intéresse à ce qu’il a perdu, avant de devenir ce prodigieux réalisateur.
En salle le 9 novembre 2022
THE WONDER

Le partenariat du festival avec Netflix a permis d’accéder à la dernière trouvaille d’Iñárritu sur grand écran, depuis son passage à la Mostra de Venise (Bardo, qui sortira le 16 décembre sur la plateforme). Il en va de même pour « The Wonder », du chilien Sebastián Lelio (Gloria, Une Femme Fantastique, Désobéissance). Le récit prend place en Irlande de 1862, où la thématique dépasse les frontières de ce marqueur temporel. L’ouverture en témoigne, avec un profond désir de prendre du recul sur le « miracle », autour du corps d’une jeune fille, exploitée comme arme politique et religieuse par son entourage.
En ce point, le film possède bien des similitudes avec le récent « 3000 ans à t’attendre » de George Miller, qui met en avant l’ampleur des récits, que l’on s’approprie et que l’on fantasme. Son format d’enquête spirituelle vise ainsi à sonder les faits, de manières à nous sensibiliser sur la vérité qui en découle.
Sur Netflix le 16 novembre 2022
GUILLERMO DEL TORO’S PINOCCHIO

On n’arrête plus les adaptations du célèbre personnage en bois de Carlo Collodi. Et si c’est la catastrophe dans les relectures de Disney, ce conte est toujours mieux servi du côté italien (Matteo Garrone), à l’exception de la vision moderne de Spielberg (A.I. Intelligence artificielle). Guillermo Del Toro (L’Échine du diable, Hellboy, Le Labyrinthe de Pan, Pacific Rim, La Forme de l’Eau, Nitghtmare Alley) signe alors son « Pinocchio » avec beaucoup de personnalités. En coréalisation avec Mark Gustafson, notamment à la direction de l’animation sur « Fantastic Mr. Fox » de Wes Anderson, il se lance dans un projet ambitieux, annoncé depuis 2008, mais loin d’être anecdotique.
Il s’agit d’une histoire d’amour entre le créateur et sa créature, qui dégage tout son potentiel émotionnel et nostalgique dans son étude du deuil, de la guerre, le fascisme et de l’enfance, comme la fin de l’innocence. Le portrait du véritable petit garçon se trouve bonifier par des hors-champs que les précédents récits se refusaient et par une partition élégante d’Alexandre Desplat. Ici, le cinéaste, et auteur, s’affirme comme l’un des plus consistants de son époque, qui saura autant rassembler les enfants et les cheveux gris devant l’écran.
Sur Netflix le 9 décembre 2022
THE FABELMANS

Pour finir, il s’agit de mon gros coup de cœur de ce festival, toutes projections confondues. Ce sera peut-être même mon film préféré de 2023, alors que l’on se tient à trois mois de sa sortie nationale.
« The Fabelmans » est la dernière pépite bouleversante de Steven Spielberg. Il nous démontre ô combien l’amour du cinéma est fort. Il utilise ses codes hollywoodiens qu’il maîtrise parfaitement pour nous immerger dans son enfance des années 60, de sa première expérience en salle au prototype du cinéaste qu’il va devenir. Mon cinéaste américain préféré continue de mûrir avec une âme juvénile, qui le rend encore plus pertinent dans cette semi-autobiographie qui touche l’universelle.
En salle le 25 janvier 2023
Les Masterclass
Rencontrer vos artistes préférés, c’est possible ! Des séances sont dédiées uniquement pour des échanges avec des spécialistes, autour de leur carrière, leurs aspirations artistiques, leur vision du monde ou pour répondre simplement aux questions, directement posées par le public.
Tim Burton, James Gray, Marlène Jobert, Lee Chang-Dong, Nicole Garcia, Monica Bellucci, Claude Lelouch et Vincent Lindon ont été programmés pour cette édition.
Pour ma part, je n’ai pu assister qu’à la rencontre avec Lee Chang-Dong, ce qui est toujours gratifiant.

Artiste engagé par ses romans et pièces de théâtre, Lee Chang-dong passe derrière la caméra avec « Green Fish » et révèle sa poésie cinématographique singulière. Il fut également au poste de ministre de la Culture de son pays, pendant près d’un an, avant de pleinement se consacrer à son art de l’image. Il confirme ses talents en 1999 avec « Peppermint Candy », puis en 2002 avec « Oasis » primé à la Mostra de Venise. « Poetry » et « Burning » seront de grands moments de délicatesse de la Compétition du Festival de Cannes.

Il nous a fait l’honneur de revenir sur les motifs qui animent son cadre et ses thématiques au Pathé Bellecour.
FAMILLE
Sa place est importante dans l’identité de ses films, tournés vers le naturel et l’universel. La vie et les relations humaines sont au cœur de ses inspirations, elles forment un voyage qu’il souhaite retranscrire à l’écran.
INTERGÉNÉRATIONNEL
La mixité des générations dans ses personnages démontre sa compréhension, qu’importe l’âge ou le milieu. Il croît en l’égalité de chacun et c’est la raison pour laquelle tous ses personnages existent avec sincérité, cohérence et sensibilité.
SOLITUDE
Lee Chang-Dong avoue être une personne assez solitaire, ce qui se ressent dans l’écriture de ses personnages. En évoluant jusqu’à trouver un certain sens de la vie, il offre l’opportunité aux spectateurs de s’identifier et de définir les limites des contraintes sociales, voire de la souffrance, dans la souffrance.
SOUFFRANCE
Lee Chang-Dong avoue être une personne assez solitaire, ce qui se ressent dans l’écriture de ses personnages. En évoluant jusqu’à trouver un certain sens de la vie, il offre l’opportunité aux spectateurs de s’identifier et de définir les limites des contraintes sociales, voire de la souffrance, dans la souffrance.
Il poursuit en prenant l’exemple de son film « Oasis », où un personnage à mobilité réduite fait écho à la grande sœur du cinéaste, atteinte de la même maladie. Il s’imprègne de son quotidien pour en tirer une introspection. C’est pourquoi il insiste sur le fait que ce film n’est pas une ode à l’amour, mais plutôt une source de réflexion, comme tous ses films, qui ne se veulent pas moralisateurs.
VIOLENCE
Les préjugés et les injustices sont autant des formes de violence qu’un acte physique et agressif. C’est ancré dans le quotidien, propre à la culture d’un pays, d’où les personnages fatalistes, qui savent qu’ils sont en train de perdre, mais qui continuent de se battre contre les contradictions. Il invite les spectateurs à expérimenter cette sensation, qui coince justement des personnes dans la solitude, jusqu’à ce que l’on cherche un sens à sa vie.
L’ÉLÉPHANT
Dernière anecdote sur son film « Oasis », le metteur en scène nous a confié la difficulté de tourner une scène avec un véritable éléphant, où il a dû déplacer son décor de la Corée en Thaïlande, du fait que ce soit une espèce protégée. Malheureusement, il a fallu redimensionner l’ensemble, car malgré le jeune âge de l’animal, il passait difficilement à travers les portes. Ce fut une expérience épuisante, mais qui lui a laissé de bons souvenirs.

NATUREL
Le cinéma lui permet de capter le paysage, au sens le plus authentique possible. Ce qu’il voit à l’œil nu, c’est ce qu’il recherche, une spontanéité, relative à l’instant, parfois déformé par la surinterprétation. En revenant sur « Burning », interdit aux moins de 18 ans à sa sortie coréenne, le cinéaste a fait face à de nombreuses interrogations sur une scène de masturbation face à une fenêtre, qui donne sur une tour. L’image du symbole phallique est à exclure, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, car ce dernier voulait à ce moment montrer ce qui se trouvait à l’extérieur, sans penser en amont la composition de ce cadre.
Se livrer au jeu de l’analyse peut être passionnant, mais on passe parfois à côté du sujet, du plus important dans le récit ou les émotions. Lee Chang-Dong s’amuse à voir le spectateur aussi impliquer, mais qu’il y a encore un effort à faire dans la compréhension de son cinéma, dont il vaut mieux retenir l’esprit de voyage plutôt qu’un détail lambda.
Par ailleurs, il n’apprécie pas vraiment l’usage de la bande-son, qui enlève du crédit à ce qu’il filme. Sa recherche du naturel, comme on le voit et on le ressent, peut être absorbée par la musique extradiégétique. Il a toutefois trouvé un compositeur pour son film « Poetry », mais au moment où ce dernier lui a présenter son travail lors du montage, le réalisateur s’est rétracté et a renoncé à l’ajout des compositions. Cela a laissé l’artiste sans voix, mais le résultat final en vaut le détour.
Le Prix Lumière : la chimère Tim Burton
Remis chaque mois d’octobre lors du festival Lumière, en présence de nombreux artistes et de 3000 spectateurs dans la grande salle du Centre de congrès de la Cité internationale, le Prix Lumière se distingue par la qualité de ses lauréats, mais aussi son impact médiatique. Sa portée internationale et la prestigieuse liste des récipiendaires lui ont donné vocation à devenir, malgré son existence récente, un « Prix Nobel » du cinéma.

Clint Eastwood fut le premier à le recevoir, le 17 octobre 2009. Il a été suivi de Milos Forman (Tchécoslovaquie), Gérard Depardieu (France), Ken Loach (Royaume-Uni), Quentin Tarantino (États-Unis), Pedro Almodóvar (Espagne), Martin Scorsese (États-Unis), Catherine Deneuve (France), Wong Kar-wai (Hong-Kong), Jane Fonda (États-Unis), Francis Ford Coppola (États-Unis), Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique) et Jane Campion (Nouvelle-Zélande).

Créé par Thierry Frémaux, également délégué général du festival comme à Cannes, le Prix Lumière est une distinction qui repose sur le temps, la reconnaissance et l’admiration, pour exprimer leur gratitude aux artistes du cinéma qui habitent nos vies. Il a été inspiré, entre autres, par la venue en 1992 de Joseph L. Mankiewicz à Lyon qui, quelques secondes après son arrivée, avait voulu connaître l’emplacement exact où Louis Lumière posa sa caméra pour tourner La Sortie des Usines. Posant ses pieds à l’endroit précis, il ferma les yeux et s’écria : « Merci Lumière ».

Cette année, c’est un visage bien connu du monde entier qui est à l’honneur, un homme qui fait autant vivre ses créatures fantastiques que ses univers féeriques. Tim Burton est entré par la porte de Disney, avant d’en repartir assez rapidement pour son manque de liberté créative, non reconnue par le studio. Pourtant, c’est toujours à Hollywood qu’il va percer et connaître le succès auprès du public et de la critique. Ses monstres et ses concepts artistiques deviendront alors sa signature.
« Beetlejuice » et la nouvelle version apocalyptique de « Batman » ouvriront la voie vers sa plus grande consécration, en remontant dans son enfance et en le transposant dans « Edward aux mains d’argent ». La bizarrerie et les préjugés physiques sont à l’étude, tandis qu’un talent caché et une grande sensibilité se cache derrière une apparence atypique. Cette première collaboration avec Johnny Depp a complètement justifié sa carrière sur grand écran. De même, il n’y a pas un seul Burton, ou presque (Ed Wood), que le compositeur Danny Elfman n’a pas accompagné. La fine équipe est réunie.



Pour la suite, on connaît ses adaptations de « Charlie et la Chocolaterie », d’Alice au pays des merveilles, de son propre court-métrage « Frankenweenie » et bientôt « La Famille Adams » en série. Mais d’autres œuvres plus singulières se démarquent, comme « Les Noces funèbres », « Big Fish » ou encore « Mars Attacks ! » Je prendrai le temps de revenir sur sa riche filmographie et ses autres contributions.
Quoiqu’il en soit, il a répondu présent à Lyon, tout comme le public de tous les âges, venu célébrer son héritage ou (re)découvrir l’artiste à travers ses œuvres, le plus souvent personnelles.

PS : La tradition veut que l’invité d’honneur réaliser sa « Sortie d’Usine », remake du premier film de l’histoire du cinéma.
Voici quelques images de sa version !






Le Village

Rien à craindre, rien à voir avec l’univers angoissant de Shyamalan.
Ce village est en entrée libre et permet d’accéder à des espaces conviviaux. Des concerts et autres invités s’y retrouve, entre le Café Lumière et le Bistrot. Entre deux films ou deux visites, il y a de quoi se laisser tenter.
Le Grand Marché DVD

Le plus grand marché de DVD de patrimoine en France revient au festival Lumière ! Plus de 5000 références de films, comprenant des films cultes et des raretés du cinéma, sont à découvrir ou redécouvrir dans cet espace dédié aux grands classiques du Septième art. Des restaurations inédites s’y trouvent et sur différents formats, de même que des coffrets et autres œuvres qui tournent autour des invités du festival.
Salon du DVD

Conçu à la fois pour le grand public et pour les professionnels, la 4e édition du Salon du DVD met à l’honneur le travail éditorial des éditeurs de vidéo physique : DVD, Blu-ray, Ultra HD. Une opportunité unique de mise en relation directe entre éditeurs vidéo et cinéphiles au cœur du festival Lumière ! 17 éditeurs se sont présentés, pour échanger sur ce marché du format physique, précieux pour la mémoire du cinéma.
La librairie du Village
Située au sein du Village du festival, la librairie vous accueille tous les jours, de 10h30 à 21h, sans interruption. Entre deux séances ou lors d’une balade au Village, explorez la littérature cinéma avec, cette année, une offre de près de 500 titres !
La part belle est faite aux nouveautés et aux beaux ouvrages, du classique aux éditions plus confidentielles. Et comme tous les ans, de nouvelles découvertes. Une sélection de revues de cinéma pour s’immerger dans l’actualité récente des salles obscures et de la cinéphilie : Positif, Jeune Cinéma, Revus & corrigés… Ainsi que quelques anciens numéros de Positif pour se replonger dans les dossiers thématiques de la revue cinéphile née à Lyon. Enfin, pour les plus jeunes cinéphiles et lecteurs, le rayon jeunesse propose des albums pour raconter le cinéma, ses secrets de fabrication et son Histoire, des ouvrages d’activités, ou des histoires courtes pour découvrir quelques grands noms du 7e art.

La Librairie du Premier-Film
La Librairie du Premier-Film est la plus grande librairie dédiée au cinéma de France. Elle se trouve au cœur du quartier lyonnais de Monplaisir, sur le lieu-même de la naissance du Cinématographe Lumière.
En plus des beaux-livres de cinéma et de photographie, accompagnés de biographies, d’essais, de revues et de bandes dessinées, vous y trouverez aussi les nouveautés des films classiques en DVD et Blu-ray, ainsi que de nombreux vinyles de bandes originales.
Une véritable mine d’or pour tout cinéphile. Faites attention à la tentation et votre portefeuille !
Le Musée Lumière

Pour les cinéphiles, c’est ici que tout a commencé. Le Cinématographe est né rue du Premier-Film, au centre du quartier Monplaisir de Lyon, où subsistent aujourd’hui seulement le hangar des usines et la Villa Lumière qui dresse son imposante silhouette. Le Musée Lumière rend hommage à Louis et Auguste et y présente leurs plus belles trouvailles dans le décor élégant de la demeure familiale, entre plafonds ouvragés, escalier monumental et verrière du jardin d’hiver.
C’est en 2002 que Dominique Païni, alors Directeur du Département du Développement Culturel du Centre Georges Pompidou, conçut la scénographie de l’actuel parcours, au gré des trois étages et vingt-et-une pièces ouvertes au public.



Le musée donne, bien sûr, la part belle au Cinématographe, plus célèbre invention des frères Lumière. Il la replace dans la longue histoire des images animées, depuis les lanternes magiques jusqu’au prototype mis au point par Louis pour ses premiers essais de films sur papier en 1894. Grâce à la collection d’appareils anciens rassemblée par le docteur Paul Génard et acquise en 2003, l’exposition présente d’incontournables chefs-d’œuvre techniques tels le kinétoscope d’Edison, le chronophotographe Demenÿ ou le Cinématographe Lumière “n°1” qui projeta les dix premiers films le 28 décembre 1895, au Grand Café à Paris, devant les 33 spectateurs de la première séance publique payante. Quelques semaines après, des « opérateurs Lumière » partaient tout autour du monde pour filmer d’autres pays, d’autres vies. Les films projetés sur les écrans du musée racontent leur curiosité, leur sens du cadrage et de l’esthétique. Une salle est consacrée au plus célèbre de ces aventuriers, Gabriel Veyre, parti tourner et photographier aussi bien en Amérique Latine qu’en Asie.



Les frères Lumière furent, certes, d’ingénieux ingénieurs qui mirent au point des appareils aussi étranges que le Photorama (pour une image à 360 degrés) ou le projecteur en relief (pour des films en 3D, bien avant Avatar). Avec le succès des « plaques sèches », ils furent des industriels prospères comme en témoignent la maquette des usines ou la collection de publicités au charme « vintage » : Pas de photo sans… Lumière. Mais ils furent aussi des artistes. Cette synthèse est mise en valeur dans la partie consacrée à l’autre grande invention des Lumière, les plaques Autochromes, ancêtres de la diapositive qui offraient au plus grand nombre la réalité en couleur. L’exposition montre ce qu’il fallut d’ingéniosité à Louis pour créer cette plaque associant un réseau microscopique de grains colorés de fécule de pomme de terre à une émulsion noir et blanc, mais elle permet aussi d’admirer l’usage que les Lumière en firent en tant que photographes, avec les images que l’on regarde en transparence et qui rappellent les tableaux impressionnistes. Les photographies en relief, que réalisèrent les épouses et les membres du « clan » Lumière, grâce au Vérascope de Jules Richard, apportent également un magnifique témoignage sur la vie quotidienne d’une famille bourgeoise au tournant des XIXe et XXe siècles.
Au-delà de l’image, les deux frères ont également touché à des domaines aussi variés que le son, la mécanique ou la recherche médicale. L’exposition permet ainsi de découvrir l’étonnante « main-pince » articulée que Louis mit au point pour soulager les amputés de la Première guerre mondiale, et le célèbre Tulle gras qu’Auguste élabora durant ce conflit pour favoriser la cicatrisation des brûlures et plaies.


Aujourd’hui, des outils multimédias contemporains, les tablettes numériques et un audio-guide en cinq langues permettent d’approcher deux hommes insatiables, deux vies tout entières consacrées à l’invention de la modernité.
Les Expositions éphémères
Deux expositions à découvrir, le premier au niveau de l’Institut Lumière, le second en plein centre-ville de Lyon.
Marilyn Monroe 1962
Cinéphile et spécialiste de Marilyn Monroe, auteur du livre Marilyn 1962 (Stock), Sébastien Cauchon est un collectionneur de photographies assidu. Pendant des années, il a traqué les éditions originales, rassemblé les tirages rares de l’icône absolue d’Hollywood. Femme aux multiples visages, actrice engagée, travailleuse acharnée, douée d’une photogénie exceptionnelle et d’une conscience aiguë de son image, Marilyn Monroe demeure, soixante ans après sa mort en août 1962, un mythe toujours vivant, muse de nombreux créateurs contemporains. À l’occasion du festival Lumière, et des 60 ans de la disparition de la star, Sébastien Cauchon dévoile pour la première fois les trésors de sa collection personnelle à travers une sélection de 60 photographies.




L’Année où le Festival de Cannes avait lieu en juillet
Dans une année 2021 bouleversée par la pandémie de Covid-19, le Festival de Cannes est reporté au mois de juillet. Les festivaliers cohabitent avec les touristes. Pendant trois jours, Vincent Delerm immortalise cette 74e édition inédite. Il fait l’aller-retour entre les coulisses du Festival et la vie cannoise estivale, jonglant entre le tapis rouge et le bord de mer. Exposées pour la première fois, ces photographies nous dévoilent deux facettes de la même ville, deux manières de vivre, de « l’année où le Festival de Cannes a eu lieu en juillet ». Le livre issu de cette exposition, édité par Polka, sera en vente à la galerie.




Le musée Cinéma et Miniature (hors festival)
Situé dans le Vieux Lyon et au pied de la colline de Fourvière, ce détour a toute sa place dans ce festival. La collection privée de l’artiste miniaturiste Dan Ohlmann, depuis 2005, a fini dans les mains de son ami, Julien Dumont, depuis à peine un an. Ce responsable d’une boîte d’effets spéciaux en Suisse abrite donc une multitude de reliques « authentiques » de cinéma, qui ont été utilisées lors des tournages (parfois des séries), ainsi que des miniatures de lieux, tout à fait impressionnantes.



























Ces techniques utilisées pour les décors cinématographiques nous dévoilent une autre dimension des plus fascinantes, si bien qu’on prend le temps d’apprécier tous les détails d’un réalisme bluffant.








Si vous êtes de passage à Lyon, ce musée possède mille et une merveilles qui auront de quoi nourrir vos yeux et vos souvenirs pour un bon moment !
Autant dire que je reviendrai sans faute à ce festival, pour en découvrir les dernières merveilles, comme celles du patrimoine !
N’hésitez pas à suivre mes nouvelles publications sur ces plateformes !
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