Trois frères qui ne se sont pas parlé depuis la mort de leur père décident de faire ensemble un grand voyage en train à travers l’Inde afin de renouer les liens d’autrefois. Pourtant, la « quête spirituelle » de Francis, Peter et Jack va vite dérailler, et ils se retrouvent seuls, perdus au milieu du désert avec onze valises, une imprimante, une machine à plastifier et beaucoup de comptes à régler avec la vie… Dans ce pays magique dont ils ignorent tout, c’est alors un autre voyage qui commence, riche en imprévus, une odyssée qu’aucun d’eux ne pouvait imaginer, une véritable aventure d’amitié et de fraternité...


Frères de Sentiment

Note : 3.5 sur 5.

L’absence est aussi bien un art qu’un feu de détresse. Ce que Wes Anderson aborde dans son projet, c’est la démarche loufoque qui conduit à la guérison de ce handicap passif. Le scénario se veut très inventif et promet une fluidité rassurante. Ce qui surprend néanmoins, c’est la sobriété ou bien la stérilité dans le parcours des héros. Hormis l’étirement de l’espace qui fait son effet, le reste du décor est trop propre, dans le sens où on ne ressent pas la saveur locale. L’impression de baigner dans l’abstrait est persistante et devient un élément à part entière du récit. C’est ce qui lui rend le charme que l’on égare souvent en cours de route, mais que l’on retrouve par l’absurde notamment, marque de fabrique du metteur en scène.

C’est l’union qui fait la force et cette force puise tout son potentiel dans la confiance et la cohésion de groupe. Lorsque les trois frères se retrouvent sur les rails de la nostalgie, ces derniers s’acquittent d’un poids qui les a longtemps freinés vers un destin commun. À bord du train, le réalisateur joue avec ses pions et l’espace. Les compartiments sont connectés avec une grande malléabilité. Autant on peut se sentir à l’étroit et autant il peut s’agir d’un village où le voisin devient le colocataire. On n’y retrouve pas tout le voile de la société, mais suffisamment pour développer les personnalités de Francis (Owen Wilson), Peter (Adrian Brody) et Jack (Jason Schwartzman), tous les trois remarquables.

Alors que l’aîné force la reconstruction spirituelle de sa famille, les deux cadets se laissent mener dans des recoins sordides, représentatifs ou presque d’une Inde invivable pour des occidentaux de passage. Le sentiment d’impuissance se transpose à l’état d’esprit des héros qui se cherchent encore. La disparition d’un parent affecte bien plus lorsque le deuil arrive à son terme. Et chaque compromis que les frères se font les rapproche un peu plus de la rédemption qu’ils essayent de s’offrir à chacun. Leur objectif est clair, mais on finit par se régaler avec des moments hasardeux, où ils apprennent d’un pays indomptable. Et c’est bien au terminus qu’ils trouveront la réponse à leurs soucis, en payant des tributs qui font directement écho aux cicatrices que chacun transporte.

L’Inde est un pays où le respect est important. Chacun est libre des décisions qu’il prend, mais qu’il ne revendique pas, ou rarement, les faux pas qu’il aura commis. La thérapie familiale parvient à trouver une conclusion spirituelle, tout en illustrant la nature humaine dans un environnement qui dépayse. « A Bord Du Darjeeling Limited » nous invite donc à un voyage culturel et artistique au cœur d’un environnement étouffant et salvateur.


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