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La littérature est une excellente occasion de libérer son esprit et son imagination. Se plonger dans un bouquin, au crochet d’un récit ou de quelques personnages clé, c’est une récompense individuelle, dont les bienfaits sont multiples.
D’abord pour la connaissance, la lecture nous conduit à enrichir notre vocabulaire et notre esprit d’analyse. Bien entendu, suivant le style des auteurs et leur approche de leurs thématiques, on peut simplement orienter l’activité vers un divertissement pur et simple, qui se dévore aussi vite qu’on laisse les mots derrière nous. Du moment que l’expérience est vécue à plein régime, à petite dose ou non, il n’y a pas de raison de renoncer à cet Art à part entière, qui sait communiquer des émotions avec un pouvoir de suggestion propre à chaque lecteur.
LE SECRET DE L’ALCHIMISTE (2009)

Les plus puissants secrets de la nature sont des choses que l’on doit aborder lentement, étape par étape. C’est ainsi que fonctionne l’alchimie.
Comment refuser lorsqu’un père désespéré vous demande de risquer votre vie pour sa fille ? La nouvelle mission de Ben Hope : retrouver un antique manuscrit qui pourrait sauver cette fillette qui n’a que quelques semaines à vivre.
Le document, rédigé par l’alchimiste Fulcanelli, contiendrait en effet la formule d’un élixir permettant de prolonger la vie. Depuis les Nazis, jusqu’à la puissante société secrète Gladius Domini, tous ont rêvé de s’emparer de cet incroyable trésor.
Et certains sont prêts à tout pour y parvenir. Ben se lance dans une course effrénée pour découvrir, s’il existe, ce secret dissimulé depuis des siècles.
Il s’agit du premier roman qui m’ait attrapé dans une lecture libre et surtout en dehors du cadre scolaire. Moi qui avais déjà beaucoup d’affection pour les fictions d’aventure, romancées et épiques à l’image des Aventuriers de l’Arche Perdue, ce fut une remarquable surprise. Il me fallait un roman à lire, afin de rassurer mes parents, qui me voyaient un peu trop la tête dans les bandes dessinées. En réalité, j’en avais surtout assez de faire le tour de tous les Tintin, d’attendre le prochain Tuniques Bleus ou de traîner sur mon maigre catalogue de jeux vidéo.
Bien que ce ne soit pas la première apparition de Ben Hope, ce récit se suffit amplement à lui-même, où le passé du héros est orné d’hypothèses loufoques. Sa personnalité en dit long, mais c’est notamment dans la narration que j’ai été séduit. On y retrouve un peu de James Bond dans la démarche, qui nous fait voyager à travers plusieurs paysages et à travers l’Histoire. Nous sommes face à des reliques qui peuvent rappeler l’élan d’un Dan Brown.
Avec un peu de recul, il n’y a rien d’innovant dans ce sens, mais la touche personnelle de l’auteur écossais, journaliste et traducteur, Scott Mariani, rend la lecture limpide et sans trop de détours. Ce thriller ne sature pas en analyses complexes et fut très abordable pour le collégien que j’étais. Je n’ai pas encore pu me plonger dans le reste des aventures de Ben Hope depuis, mais ça ne saurait tarder.
Et comme j’en ai parlé plus haut, Dan Brown a également une place importante dans mes lectures récentes, car je suis un grand fan de la série Robert Langdon et surtout d’Anges et Démons, que j’ai découvert par la suite. Il me manque Origin à rattraper, mais pour le reste de ses œuvres, c’est également un régal.
L’ODYSSÉE (vers 850 avant J.-C.)

Il n’y a rien de plus terrible que la mer pour dompter un homme.
Dans la petite île d’Ithaque, Pénélope et son fils Télémaque attendent Ulysse, leur époux et père. Voilà vingt ans qu’il est parti pour Troie et qu’ils sont sans nouvelles de lui.
De l’autre côté des mers, Ulysse a pris le chemin du retour depuis longtemps déjà. Mais les tempêtes, les monstres, les géants, les dieux parfois, l’arrêtent ou le détournent de sa route.
Premier grand voyageur, Ulysse découvre l’inconnu où naissent les rêves et les peurs des hommes depuis la nuit des temps.
Cette première lecture intégrale des poèmes d’Homère vous est sans doute passée dans la main dès la rentrée en 6ème. Pour ma part, l’œuvre m’aura marqué a posteriori, après avoir eu une écoute et une compréhension suffisante sur les récits héroïques de ce genre. Pourtant, ce voyage d’Ulysse, de Troie à Ithaque, je l’avais déjà aperçu dans les épisodes de l’animé Ulysse 31 ou dans le film Troie de Wolfgang Petersen. Évidemment, elles sont loin d’être les meilleures références, mais j’en ai vite saisi son aspect tragique, très présent à chaque étape de son retour vers femme et enfant.
Son arrogance face aux dieux, et notamment Poséidon, lui vaut un détour peu glorieux, ou presque, pour lui et son équipage, qui feront la rencontre de certaines divinités, chargées de dévoiler les limites des hommes et de leur humanité. Leur omniprésence est un aspect phare de la mythologie grecque et ces derniers peuvent à la fois compenser ou alimenter l’animal rusé qu’est Ulysse, un héros imparfait, mais qui peut encore espérer la rédemption.
Je ne dirai pas jusqu’à dire qu’on a tous eu ma chance de recevoir la lecture de la même façon, mais lui laisser une autre chance pourrait vous permettre d’y voir plus clair dans la construction du portrait d’un héros, doublé d’une couche mythologique antique à travers la mer Égée et ses légendes les plus incroyables.
Et il serait difficile de faire l’impasse sur L’Illiade, également un recueil de poèmes qui précèdent les aventures d’Ulysse et qui se focalise sur l’ensemble des actes valeureux de la guerre de Troie. Un certain cheval de bois en témoigne.
LE HORLA (1887)

L’oeil. En lui, il y a l’âme, il y a l’homme qui pense, l’homme qui aime, l’homme qui rit, l’homme qui souffre !
Le héros se sent peu à peu envahi par un autre, qui agit à travers lui : le Horla, puissance invisible, inconsciente, qui le manipule. S’installent alors l’incompréhension, la peur, l’angoisse. Jusqu’à l’irréparable.
S’il y a une lecture scolaire qui m’a immédiatement accroché, c’est bien cette nouvelle fantastique de Guy de Maupassant. À force d’en lire un petit bout avant d’aller dormir, j’ai fini par en cauchemarder, preuve que les mots ont eu un impact considérable sur ma perception d’une créature ou d’une force invisible.
La suggestion du récit mêle des éléments psychologiques forts à une double lecture de la vision d’un auteur, qui ne parvient pas encore à se convaincre de la démence qui le frappe. Il se projette ainsi en narrateur isolé, chez lui, mais sous la garde d’une entité maléfique, qui lui vampirise peu à peu sa conscience et sa raison. Cela passe par divers objets, qui se déplacent soudainement, des verres vides et un miroir qui reflète peut-être déjà l’état aggravé de son âme.
Il en vient à des extrémités qui le consument de l’intérieur et les reste est forcément à découvrir de votre côté, car le récit viendra nous attraper dans une forme de démence à recomposer avec notre propre environnement, qui se resserre petit à petit sur un journal intime qui prend une tout autre dimension.
LA FERME DES ANIMAUX (1945)

Dehors, les yeux des animaux allaient du cochon à l’homme et de l’homme au cochon, et de nouveau du cochon à l’homme ; mais déjà il était impossible de distinguer l’un de l’autre.
Un jour de juin eut lieu en Angleterre la révolte des animaux. Les cochons dirigent le nouveau régime. Boule-de-Neige et Napoléon, cochons en chef, affichent un règlement : « Tout ce qui marche sur deux pieds est un ennemi. Tout ce qui marche sur quatre pattes, ou possède des ailes, est un ami. Nul animal ne portera de vêtements. Nul animal ne dormira dans un lit. Nul animal ne boira d’alcool. Nul animal ne tuera un autre animal. Tous les animaux sont égaux. » Le temps passe. La pluie efface les commandements. L’âne, un cynique, arrive encore à déchiffrer : « Tous les animaux sont égaux, mais certains animaux sont plus égaux que d’autres ».
Ma première incursion dans les récits d’anticipation est passée par ce livre de George Orwell, que j’ai dévoré à l’approche des épreuves du baccalauréat.
Et cela m’a davantage servi, afin de structurer le sujet de philosophie. J’ai pensé m’attarder sur la problématique suivante : « Serions-nous plus libres sans l’Etat ? », avant de me rabattre sur le premier sujet proposé, à savoir, « Avons-nous le devoir de chercher la vérité ? ». Ce portrait de La Ferme Des Animaux était tout indiqué afin de développer une idée dans ces études stimulantes.
L’ordre établi insiste sur une émancipation des humains, ceux qui menacent la survie d’animaux qui revendique le pacifisme et un collectif qui en font leur richesse. La ferme est alors « aux mains » de cochons, penseurs dans un premier temps et manipulateurs par la suite. On y suit l’évolution de leur société, qui reprend peu à peu les formes qu’ils ont chassées de leur terre, car au fond, ces derniers ne cessent d’évoluer dans un enclos. On aura beau l’étendre, l’illusion de la liberté n’st sera que plus déprimante et plus dévastatrices pour la dernière génération, qui n’a plus qu’à dupliquer la manœuvre de leurs aînés, avant de tomber dans le même piège, celui d’une utopie impossible à atteindre.
VINGT MILLE LIEUES SOUS LES MERS (1870)

Adieu, soleil ! s’écria-t-il. Disparais, astre radieux ! Couche-toi sous cette mer libre et laisse une nuit de six mois étendre ses ombres sur mon nouveau domaine !
Un monstre mystérieux sème la terreur en mer. Lancé à sa poursuite, le professeur Aronnax va vivre une aventure exaltante et dangereuse, qui l’amènera à découvrir les merveilles cachées au fond des océans, mais aussi à frôler la mort…
S’il fallait n’en garder qu’un et c’est un choix très difficile, je m’attarderai sur l’univers subaquatique de Vingt Mille Lieues Sous Les Mers, du célèbre écrivain Nantais, Jules Verne. Son approche de ce riche univers nous emmène jusque dans les vestiges d’anciennes civilisations et autres merveilles. Le récit d’aventures n’est pas dépourvu d’une certaine dose de tension, sachant la personnalité intransigeante du Capitaine Nemo.
Avec ses trois prisonniers, ils continuent de découvrir les fonds marins, à base de plongée autonome et d’affrontements épique avec des créatures de légende. Mais tout cela est notamment au service d’un discours anti-pêche, qui pourrait nuire à la stabilité d’un écosystème ou nuire à l’existence d’espèces encore plus rares.
Embarquez donc à bord du Nautilus, pour vous convaincre d’un projet, à la fois avant-gardiste et ambitieux. Il fait également le point sur un monde violent et vicieux en surface, où la vengeance serait le nerf d’une guerre sans fin.
Pour découvrir les autres merveilles de l’auteur, un passage sur l’île Mystérieuse pourrait prolonger votre séjour plus que vous ne le pensez, et un détour par la Russie, de Moscou à Irkoutsk, vous retardera dans les nombreuses épreuves qu’affrontera Michel Strogoff, courrier du tsar.
Sinon, un incontournable vous attend sur l’île Au Trésor de Robert Louis Stevenson, une aventure de pirates à bord de l’Hispaniola et à travers des mers inexplorées. Le jeune mousse Jim Hawkins devrait alors faire face à de multiples environnements hostiles, où les alliances et la confiance seront de précieux soutiens.
ANTIGONE (1946)

La vie c’est un livre qu’on aime, c’est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu’on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison.
Le tyran Créon a interdit qu’on enterre Polynice, au nom de la raison d’Etat. Antigone, elle, préfère mourir plutôt que de laisser son frère sans sépulture.
Imaginez une femme qui ose la révolte, qui ose l’émancipation sur la scène publique et politique, en vertu des lois qu’elle viendra compléter avec un plaidoyer exceptionnel. C’est ce qu’est devenu le personnage de Sophocle sous la plume et la vision de Jean Anouilh. Cette femme, endeuillée de ses frères, cherche désespérément à satisfaire ses obligations, en tentant d’enterrer celui qui n’est pas considéré comme conforme à la société qui le loge.
Son acte devient un sujet de discussion houleux avec son oncle et roi Créon, de même que son entourage, qui peu à peu remettre en question la moralité du monarque. Cette sensibilité, qui n’a pas forcément existante dans la version de Sophocle ajoute cette empathie qui touche et qui gagne indéniablement d’être découverte au moins une fois.
La contrainte n’est donc plus de l’ordre d’un machisme sadique, mais bien de confronter deux idéologies. Qui l’emportera ? Ce n’est absolument pas la bonne question à se poser, mais inutile de s’en faire, car seule la réponse des personnages suffira à démontrer les failles dans la justice, le pouvoir et une humanité, qui s’est trop reposée sur ses convictions, pour en oublier la liberté, celle-là même qu’elles doivent servir.
Ce choc théâtral n’est pas à oublier dans la tragédie. C’est pourquoi la voix d’une autre femme révoltée peut intéresser. Eugénie Grandet de Balzac, c’est le magnétisme de l’amour et de l’argent, ce qui ne fait pas bonne fortune, sachant les affaires de mariages à base de dot, de relations tabous et d’un ogre qui dévore chaque pièce qu’il peut encore gagner.
FAHRENHEIT 451 (1953)

Les livres n’étaient qu’un des nombreux types de réceptacles destinés à conserver ce que nous avions peur d’oublier.
Dans une société futuriste cauchemardesque, les pompiers n’éteignent plus les incendies, mais sont chargés de brûler les livres et les bibliothèques. Un jour, l’un d’entre eux, Guy Montag, découvre le plaisir de la lecture…
Soldats du feu, soldats de l’État, les pompiers ne sont plus là pour sauver les citoyens des flammes, mais bien de les aveugler avec la puissance d’une salamandre sacrée. Fahrenheit 451 serait le point d’ignition des livres, matières combustibles de luxe pour ceux qui en censure le contenu et la mémoire. Ray Bradbury nous invite ainsi dans un ouvrage de science-fiction, qui a tous les arguments pour refléter les névroses sociétales de son temps.
Après le voile ténébreux des nazis, une fin de guerre au parfum nucléaire et une autre à coup de chasse aux sorcières, un mal frappe alors la culture de l’intérieur, jusqu’aux bibliothèques des particuliers. Les livres sont soumis à un contrôle strict, où l’on ne peut davantage consacrer son temps à ce format patrimonial. Les écrans forment alors une spirale démoniaque, diminuant indéniablement la capacité mémorielle des habitants, conditionnés à respecter son système, sans le remettre en question.
Guy Montag aura ainsi la curiosité nécessaire pour s’approprier un ouvrage, dont les vestiges ne découlent pas simplement des mots inscrit à l’intérieur, mais bien de cette transmission émotionnelle, la même qui l’envoûte, mais qui ne fait ni chaud ni froid à sa femme. Il devra souvent trancher des dilemmes moraux qui ne font que fissurer cette image d’un régime parfaitement stabilisée. Pourtant, ses missions témoignent du contraire et lorsque le génocide est remplacé par l’extermination de la culture et de la mémoire, il s’agit d’agir avant qu’il ne soit trop tard, pour lui et les générations à venir.
DUNE (1965)

Je ne connais pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi.
Il n’y a pas, dans tout l’Empire, de planète plus inhospitalière que Dune. Partout du sable à perte de vue. Une seule richesse : l’épice de longue vie, née du désert et que l’univers tout entier convoite.
Ce n’est qu’après le documentaire édifiant « Jodorowski’s Dune » que j’ai foncé dans le supplice des Atréides et l’ascension des Fremens. Le film de David Lynch n’a pas été la meilleure porte d’entrée dans cet univers qui avait besoin de temps pour mûrir. Et malgré ses tentatives, dont l’esthétique punk et organique des Harkonnen sublime, tout comme la bande-son de Toto et l’effort de vouloir matérialiser une force spirituelle, ce sont bien les producteurs qui ont eu le dernier mot.
Pour Frank Herbert et ses lecteurs, ces derniers ont pu se familiariser avec les coutumes hors normes autour d’un jeu de pouvoir et d’une malédiction qui frappe Paul et sa famille. De l’ordre Bene Gesserit à la révolte du désert, ce roman nous offre un voyage dans l’esprit d’un jeune homme ambitieux, qui découvre peu à peu une culture qui l’unit à la nature et à ses pairs.
L’écologie, la religion et les conflits politiques sont donc présents pour envelopper l’odyssée d’une génération qui va peu à peu assimiler et assoiffer la précédente.
Rendez-vous sur Arrakis pour épicer votre curiosité !
L’ouvrage fait partie du cycle original, en six tomes. J’en suis à la moitié et je suis loin d’être déçu du voyage, qui mute radicalement chez les familles au pouvoir et dans tout l’univers.
Ceux-ci constituent d’ailleurs une base d’inspiration solide pour divers univers de science-fiction, où les magazines Métal Hurlant trouveront également une place dans cet imaginaire qui ne cesse de s’enrichir.
Mais pour prolonger la marche dans le désert, La Horde du Contrevent d’Alain Damasio devrait vous satisfaire. Vingt-trois hommes et femmes forment une horde d’explorateurs qui, dans leur complémentarité, vont devoir découvrir l’origine d’une bourrasque continue et puissante, qui s’abat sur eux depuis des années. La narration est un délice d’ingéniosité et son originalité va de pair avec la puissance du récit d’aventures.
LE SIGNE DES QUATRE (1890)

Je ne me souviens pas d’avoir jamais été fatigué par le travail. En revanche l’oisiveté m’épuise complètement.
Chaque année, la jeune Mary Morstan, dont le père, officier dans l’armée des Indes, a disparu depuis longtemps, reçoit par la poste une perle. Le jour où une lettre lui fixe un mystérieux rendez-vous, elle demande au célèbre Sherlock Holmes de l’accompagner.
Cependant que le bon Dr Watson est conquis par le charme de la jeune fille, nous nous enfonçons dans une des plus ténébreuses énigmes qui aient été offertes à la sagacité du détective. L’Inde des maharajahs, le fort d’Agra cerné par les Cipayes révoltés, le bagne des îles Andaman sont le décor de l’extraordinaire aventure que Holmes va reconstituer, et qui trouvera sa conclusion dans les brouillards de la Tamise.
Les romans policiers ont toujours eu une place particulière dans mes lectures. Outre le fait que ce soit le genre qui domine mes étagères et que je dévore les Michael Connelly, il faut remonter au Signe des quatre de Sir Arthur Conan Doyle, où j’ai pu découvrir un nouvel angle d’approche sur la narration, par le biais d’un tiers. Ici, c’est le docteur Watson, fidèle compagnon du détective Sherlock Holmes.
Comme dans toutes leurs enquêtes, la science de la déduction est élémentaire jusqu’au 221b Baker Street ! Sous l’œil avisé du docteur, on y suit une aventure de plus prenante de son ami et colocataire un peu trop en mal d’enquête. Pourtant, une cliente les emmènera autour de la tamise, où un trésor fabuleux et un passé mystérieux pourront bien avoir raison de votre perspicacité.
Ce récit de Doyle est en réalité très accessible et promet une aventure ludique, malgré l’urgence d’écriture que l’écrivain a subie à cette période. Des incohérences mineures sont à suivre, mais n’empiètent pas le territoire de l’aventure, où la couronne d’Angleterre n’est pas aussi brillante qu’on ne croît, aussi bien sur son paysage londonien que sur ses colonies.
D’autres titres de l’auteur pourraient vous intéresser si vous êtes passionné par le genre ou ce duo Holmes-Watson : Étude En Rouge pour une union impossible, Un Scandale En Bohème pour sa pudeur, Le Chien des Baskerville pour son mordant et si vous pensez être arrivé au bout, tenez l’ivresse la nostalgie et la tristesse des recueils de Son Dernier Coup D’Archet.
Sinon, plus besoin de présenter Agatha Christie et ses Dix Petits Nègres, ou encore certaines aventures d’Hercule Poirot (La Mystérieuse Affaire de Styles, Le Crime de l’Orient-Express, Mort sur le Nil), ou de Miss Marple (Un cadavre dans la bibliothèque).
Et à côté de ça, on garde un œil sur les polars de Michael Conelly (Echo Park, The Lincoln Lawyer, Los Angeles River) dans une Amérique sans pitié.
LE MEILLEUR DES MONDES (1932)

La plus grande partie de l’ignorance peut être vaincue. Nous ne savons pas, parce que nous ne voulons pas savoir.
Voici près d’un siècle, dans d’étourdissantes visions, Aldous Huxley imagine une civilisation future jusque dans ses rouages les plus surprenants : un État Mondial, parfaitement hiérarchisé, a cantonné les derniers humains « sauvages » dans des réserves.
La culture in vitro des fœtus a engendré le règne des « Alphas », génétiquement déterminés à être l’élite dirigeante. Les castes inférieures, elles, sont conditionnées pour se satisfaire pleinement de leur sort. Dans cette société où le bonheur est loi, famille, monogamie, sentiments sont bannis. Le meilleur des mondes est possible. Aujourd’hui, il nous paraît même familier…
C’était une de mes lectures recommandées par mon enseignante au BAC de Français. On a fini par l’analyser de bout en bout, au détour de films qu’elle nous a projeté, comme Gattaca, d’Andrew Niccol, ou encore le moins orthodoxe The Island, de Michael Bay. Le trésor d’Aldous Huxley éclata alors sous mes yeux, en m’imaginant un monde si éblouissant, qu’il cachait en réalité les travers d’une société sous le joug de la perfection.
Cela ne peut que confirmer mon affection pour les modèles de science-fiction, la plupart dystopiques, car ce genre d’univers se veut plus exigeant dans sa conception. Elle se doit d’être cohérente et impeccable pour le lecteur, qui doit tout recomposer avec son référentiel. L’avoir abordé au lycée, avec des cours d’histoire proche de cette vision, m’a permis de basculer pleinement dans l’eugénisme d’un futur proche, où l’identité de chacun n’est qu’une illusion. Le peuple y est conditionné, tandis que d’autres sont humiliés par leur nature biologique.
Différentes castes composent la hiérarchie, biaisée par un rapport de force qui n’est que le résultat de la Grande Dépression, où l’investissement était en chute libre et le chômage n’était pas une option. Et il ne faut pas longtemps pour s’apercevoir que le duo Bernard Marx et Lenina Crowne qui se forme appelle au communisme. L’étude se concentre ainsi sur les limites des rouages qui le composent, pour mieux mener une révolution, au nom d’une humanité libre de toute réflexion.
Le roman est d’une très grande richesse et il m’a fallu m’arrêter plusieurs fois, afin d’explorer les références culturelles qui débordent de toutes parts. Ce fut indéniablement l’objet le plus fascinant à lire et à analyser, que ce soit en cours ou même avec des amis, choqués de découvrir une telle ouverture sur le monde dans un bouquin si petit. Il aurait encore de l’écho aujourd’hui, si l’on substituait certains modèlent politiques à des habitudes de consommations ou de vie, en acceptant le recul des médias et d’un univers numérique aussi nuancé.
Retour au meilleur des mondes, paru vingt-six ans plus tard, fera alors un état des lieux plus solennel sur la transformation du monde vers la vision qu’il a anticipé dans le premier roman. Son approche ne sera pas aussi fine et élaborée l’œuvre phare qui l’inspire, mais il aura le mérite de constituer l’épilogue d’un interminable débat sur la surpopulation, réelle cause et enjeu de toutes les mutations économiques et de la suprématie du capitalisme.
Je n’ai pas d’autres recommandations de ce genre. Je vous invite simplement à découvrir cette œuvre ou à le redécouvrir d’un œil nouveau et avec le recul nécessaire. C’est là qu’est toute la beauté d’un miroir désenchanté.
Si jamais vous avez d’autres recommandations similaires ou vos propres coups de cœur, n’hésitez pas à me les partager.
Et si vous voulez faire une pause entre deux chapitres, foncez consulter ma sélection de films préférés, de même que mes séries favorites.
Dans tous les cas, je vous souhaite une bonne lecture !