
Lorsqu’Alita se réveille sans aucun souvenir de qui elle est, dans un futur qu’elle ne reconnaît pas, elle est accueillie par Ido, un médecin qui comprend que derrière ce corps de cyborg abandonné, se cache une jeune femme au passé extraordinaire. Ce n’est que lorsque les forces dangereuses et corrompues qui gèrent la ville d’Iron City se lancent à sa poursuite qu’Alita découvre la clé de son passé – elle a des capacités de combat uniques, que ceux qui détiennent le pouvoir veulent absolument maîtriser. Si elle réussit à leur échapper, elle pourrait sauver ses amis, sa famille, et le monde qu’elle a appris à aimer.
Lost In The Shell
Longtemps écarté du grand écran, Robert Rodriguez n’est pas le genre à se laisser aller, même si son style reste au second plan. Il reste un concurrent sérieux dans les grosses productions, dont les « Sin City » ou les « Spy Kids ». Et il peut également trouver des nuances dans « Une Nuit en Enfer », « Planète Terreur » ou « Desperado ». Mais c’est sous la tutelle de James Cameron qu’il nous revient, tel un yes-man, mais un yes-man de qualité lorsqu’il se donne les moyens. Il est donc difficile pour lui d’assumer pleinement sa nature dans la conception de l’œuvre, or Cameron a bien mâché l’adaptation avant de la laisser en de bonnes mains. En effet, issu du manga « Gunnm » écrit par Yukito Kishiro, son titre anglo-saxon résonne comme un message d’espoir chez un studio qui rêve encore plus loin. Nous sommes alors très loin de la contre-performance de « Mortal Engines » qui a laissé Peter Jackson sans justifications valables, mais ce qu’il nous est donné de contempler ici est d’une nature plus profonde, là où le dixit exemple a abominablement échoué dans l’introduction d’un nouvel univers post-apocalyptique.

Zalem, terre sainte convoitée par le peuple du bas-monde, est un symbole d’espoir et de renaissance pour beaucoup. Le fil rouge accapare son discours qui ne manquera pas d’être controversé. Comme un débat éternel de la lutte des classes, où le marginal devra se montrer humble face au pouvoir, le divin vient freiner la pensée d’une jeune fille, perdue dans un univers où elle vient de naître à nouveau. Alita, campée par une Rosa Salazar, est impeccable dans le ton qui marie tantôt la maturité à la crise d’adolescence. Elle porte magnifiquement l’aventure qui l’emmène vers une quête identitaire bien construite dans l’ensemble, malgré quelques raccourcis laborieux, notamment lorsque son passé est abordé avec peu de subtilité. En effet, les enjeux ont beau être repoussés au maximum dans la timeline, ils ne sont pas moins pressentis depuis la première demi-heure qui alterne distinctement la narration isolée sur l’héroïne et la projection de son parcours déjà tout tracé. Cela pourrait en gêner plus d’un, mais il n’y aura nulle ambition de bouder un plaisir partagé lorsque l’action vient à nous. Le spectacle bluffe dans les mouvements fluides et nerveux de la motion capture, qui est d’ailleurs très bien intégrée dans les scènes à haute vitesse.

Mais l’essentiel reste la complexité du personnage qui ne manque pas d’appétit et d’innocence, dans un univers cyberpunk pas entièrement assumé. L’éclairage est souvent clair dans le bas-monde, où la vie n’est pas synonyme de malheur et bien au contraire. C’est pourquoi Zalem ne serait envisageable que pour des doux rêveurs ou des égoïstes. Le bémol se situerait surtout au niveau des engagements de certains personnages, dont Hugo (Keean Johnson). Le garçon des rues correspond au profil évoqué, mais son traitement a manqué de rigueur dans le développement et la finition. Censé être un catalyseur émotionnel sérieux, il peut paraître négligeable à des moments clé et c’est bien dommage, car son parcours mérite plus d’attention. Lui seul hérite de la pureté des chaînes de la misère, or cela n’est jamais visible et c’est un reproche sérieux, car à force de nous envoyer des paillettes, nous finissons par nous concentrer sur ce qu’on ne voit plus derrière. Cela dit, il reste encore de l’espoir quant à la suite annoncée, car Docteur Dyson (Christoph Waltz) aura particulièrement son mot à dire dans un univers qui ne cesse de s’étendre et de déterrer des secrets pas si inintéressants.

Techniquement et visuellement, la paire fait le bonheur de « Alita : Battle Angel ». Pour le cinéphile non-lecteur du manga d’origine, il faudra avouer un effort considérable dans le sens où nombreux ont buté sur cet exercice en nous promettant le sommet. Ce que ce volet annonce, c’est une amorce simpliste, mais envoûtante, notamment grâce à l’héroïne qui a tout d’une âme humaine, malgré son squelette cybernétique. Mais l’avenir fait bien les choses et cette carapace est comme une seconde peau sensorielle très efficace, ce qui ne manquera pas de nous convaincre par moment. Toujours rythmé lorsqu’il le faut, le récit est estampillé d’une rigueur convenable, bien que les enjeux manquent parfois d’être aboutis, mais cela sera pour un prochain volet qui s’ouvre sur un tas de possibilités. À voir si le matériel de base finira par se corroder ou se passiver.

Retrouvez également ma critique sur :
Laisser un commentaire