Avalonia, l’étrange voyage


Les Clade, une famille d’explorateurs légendaires, découvrent un monde inexploré, plein de dangers et peuplé de créatures fantastiques. Ils sont aidés dans leur quête d’un blob espiègle et de leur chien à trois pattes. Hélas, les querelles entre ses différents membres menacent de faire échouer cette nouvelle mission, qui est – de loin – la plus cruciale.


Voyage au centre d’une peine

Note : 2 sur 5.

Après avoir dissipé toute magie dans « Encanto » et d’accentuer cette désertion des salles dans les projets d’animation Disney et Pixar, il n’est pas étonnant d’avoir le souffle coupé. Il ne s’agit aucunement d’une stupéfaction, mais bien d’un aveu d’échec de la part de l’industrie à rêves, qui préfère compter ses billets au lieu de nous en faire profiter à l’écran. Don Hall et Qui Nguyen ne sont donc plus que des artisans, à la solde d’une triste expédition que le studio mène en parallèle d’une nouvelle intrigue, nous éloignant de plus de l’émerveillement. L’intention est toute autre, bien évidemment, mais que faire lorsqu’il n’y a plus aucune issue ? Que faire lorsque le goût de l’inconnu ne suffit plus ?

L’aventure est une utopie, autant pour la maison Mickey que pour le héros fatigué qu’est Jeager Clade, ne connaissant que la marche avant, sacrifiant ainsi l’éducation de son unique enfant. Ce dernier nous dévoile toutes les contradictions de sa famille, qui est incapable de rompre son héritage culturel ou bien de la diversifier. Mais voilà que ces deux-là se séparent et nous laissent sur le palier d’Avalonia, une cité dépendante d’une agriculture verte et fossile, dont les enjeux environnementaux ne seront finalement pas le sujet du film, qui se tourne essentiellement sur la parentalité d’une famille assez peu ouverte d’esprit. L’adrénaline et la patience ne font pas bon ménage apparemment, en revanche, il faut croire que la question d’orientation sexuelle semble avoir été résolue, car il n’y en a pas. Et pourtant, ce sont tout un tas de détails qui font que les personnages traversent l’œuvre, sans conscience et sans l’admirer ne serait-ce que par curiosité, chose que le public pourra aussi bien accepter et rejeter.

Un petit remontant à base d’humour bon enfant pourrait faire l’affaire. Malheureusement, ce nouveau monde est loin d’être aussi étrange qu’il n’y paraît. C’est là que le bât blesse, entre la représentation des formes de vie rencontrées et cette histoire de famille qui ne rebondit sur rien pour se rendre un minimum poignante. Le schéma père-fils est alors en train de se reproduire, c’est pourquoi Searcher et Ethan cherchent désespérément à exister devant la bienveillance et la négligence de leur paternel. Le recyclage a ses limites et le film les a rapidement atteints, diluant ainsi les merveilles de son univers dans des séquences de transitions, au plus anecdotiques, au mieux artificielles. Et il en va de même pour le rythme, sans tension, qui bascule son audience dans l’ennui.

Avec « Avalonia, l’étrange voyage » (Strange World), Disney nous montre qu’il est bien tombé au fond du trou et peine encore à encaisser une chute qu’il n’a sans doute pas vu venir. Ou pire tout ce sacrifice sur l’autel du streaming servirait à ne pas voiler le triomphe d’une autre exploration, qui a bien lieu en salle et sur Pandora. Hélas, ce sera aux dépens d’un projet plutôt ambitieux, qui aurait aimé pasticher les récits d’aventures, de Jules Verne aux « Aventuriers de l’Arche Perdue ». Cependant, tout échappe au contrôle de ce fastidieux voyage, où l’on court après un souffle visuel que l’on atteint que très rarement. Et du côté émotionnel, on aura beau chercher, il faut croire que le pillage technologique de Pixar a bien fini d’enterrer toute la magie des créateurs, des auteurs et des animateurs.


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