
Vivant seule avec son mari, une femme sino-canadienne devient mère le jour où l’un de ses ravioli prend vie.
Un gage héréditaire
Présenté en amont du tant attendu “Les Indestructibles 2”, l’écurie Pixar démontre encore une fois que les courtes prestations évoquent bien plus qu’elles n’en présentent. Le court-métrage se base sur le principe de la spontanéité et donc de la surprise. C’est pourquoi il est préférable de s’y aventurer avec un esprit vidé et non préparé. Autrement, cela gâcherait le discours de l’auteur, qui insiste fortement sur ce détail, que constituent la vie et toutes les émotions qui l’accompagnent.

« Bao » est avant tout une fresque métaphorique de la relation mère-fils. La nourriture que constitue le nouvel arrivant alimente ainsi les nouvelles responsabilités d’un parent. Il faut savoir se montrer flexible quand il le faut et ferme lorsque la situation l’impose. Le travail d’un parent au foyer a beau se répéter en réexpliquant les mêmes risques et les mêmes faiblesses, or le but n’est pas de confirmer ou d’affirmer ces règles. Non, l’objectif est de les réajuster à son environnement.

L’enfant arrive pur, plein de vie, de sincérité et de fidélité. Il a de quoi rendre heureux tout parent qui ressent le besoin de partager et de transmettre. De même que ce court-métrage, l’auteur souhaite partager des valeurs culturelles, certaines communes à tous et d’autres davantage liées à la culture chinoise. Cependant, il existe une très grande confusion chez de nombreux spectateurs qui n’appréhende pas comme il faut l’expérience. Elle se veut sensorielle, que l’on soit déjà passé par les étapes que la mère a vécu ou non. Le discours est universel et reste pourtant inaccessible pour beaucoup. Il s’agit certainement de cette immersion en terre asiatique qui pourrait troubler, car sans non plus s’enfoncer dans des stéréotypes évidents, l’œuvre assume pleinement son caractère local, à savoir l’amener avec calme et sagesse.

Ce sont ceux qui n’assument pas l’émotion que l’on tend à nos yeux qui se rapprochent des préjugés, sans ouverture d’esprit. Quand bien même il fallait se vider l’esprit d’entrée, il ne faut pas non plus camper sur cet état en fin de projection. Oui, nombreux sont là, assis en train d’attendre avec impatience le retour des super-héros, mais si l’on oublie que la barre émotionnelle est placée très haute d’entrée, ce serait noyer tous ces efforts parmi les publicités, répétitives et indigestes. Ce qui n’est pas le cas et c’est pourquoi il est réconfortant d’étudier « Bao » avec recul et sagesse.
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