
À la suite de sa tragique évasion, Jesse doit accepter son passé s’il veut se construire un avenir… ou quelque chose qui y ressemble plus ou moins. Un film qui fait suite au final de la série Breaking Bad, suivant les aventures de Jesse Pinkman …
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Les heures de gloire pour Vince Gilligan, c’est bien sur la série « Breaking Bad », idolâtré et apprécié par les critiques. Cela fait maintenant six ans qu’elle s’est achevée sur la disparition d’un emblème de puissance et de pragmatisme. Le regretté Walter White a pourtant laissé un héritage significatif derrière lui et il répond au nom de Jesse Pinkman (Aaron Paul). Son parcours fut semé de confusion, mais de spontanéité, le menant à la fuite constante de sa condition de petit voyou de quartier. Cependant, il reste séduisant à suivre, car le jeune chimiste a encore une dernière formulation à proposer.

Les fantômes du passé hantent toujours les cœurs lourds de regrets et de peur. Celui de Jesse en est rempli et il passe enfin le cap de la maturité pour fuir, loin du traumatisme qui l’a enchaîné. Ce thriller lui offre l’opportunité de se racheter, comme une rédemption de la part du réalisateur et scénariste face à sa culpabilité. Des allers et retours par flashback servent étonnamment bien le récit et permettent de mieux cerner la transformation d’un homme déchiré, qui ne peut plus se permettre de tout perdre une fois de plus. Il est donc évident que certaines saveurs de la série d’origine s’invitent au visionnage, mais elles ne sont jamais forcées pour le fan service grossier. Nous sommes face à Jesse, lui-même face à nous, pour enfin nous prouver qu’il lui reste une âme à sauver.

Toujours confiné entre quatre murs, il cherche à la libérer. Mais le temps et les moyens lui manquent. Il reste seul, sans soutien et passif face à son destin. Mais le désir d’émancipation est tellement fort chez ce personnage qu’on ne peut lui reprocher grand-chose. C’est donc le scénario, qui s’attarde peut-être un peu trop dans certains flashbacks, qui laissent peu de subtilités une fois l’heure de film passé. Il faudra attendre l’ultime caméo pour y retrouver de l’intérêt, car le discours en dit long sur les moments d’égarements et de souffrance. On récupère, se re répète et on se rappelle, sans tourner en rond pour autant, mais le décor n’a plus de quoi inquiété. Même pour sa partie western urbain, on palpe du prévisible sans prendre le risque de réinventer le mythe, ce qui aurait été opportun et bienvenu.

Après « Better Caul Saul », c’est le long-métrage qui propose un spin-off sur un univers bien cruel. Le commerce illégal de la série retrouve ses codes préservés et plutôt bien exploité dans cette quête rédemptrice, juste après que le purgatoire ne frappe la vie de Jesse. « El Camino » tient ses promesses, malgré l’émotion, difficile d’accès. Elle passe plus par la nostalgie ou l’anecdote. Mais des années ont passé et nous aussi avons tourné une page. Cet épisode exceptionnel ne reste pas moins indispensable à la série, mais il s’agit de beaux adieux, témoignant du sang et des larmes versés sur le chemin de la liberté.

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