Sur son lit de mort, Alfredo, roi sans couronne, est ramené à de lointains souvenirs de jeunesse et à l’époque où il rêvait de devenir pompier. La rencontre avec l’instructeur Afonso, du corps des pompiers, ouvre un nouveau chapitre dans la vie des deux jeunes hommes voués à l’amour et au désir, et à la volonté de changer le statu quo.


Verve éco-érotique

Note : 3 sur 5.

João Pedro Rodrigues (Odete, O Fantasma, Mourir comme un homme, La Dernière fois que j’ai vu Macao, l’Ornithologue) est tombé sur la croisette, en parallèle d’une pluie timide, secouant toute cette bonne foule assommée par une journée enflammée. La Quinzaine des Réalisateurs a toujours tenu une réputation modeste en matière de succès, mais lorsqu’il s’agit de renouveler l’expérience de visionnage, la sélection a de quoi récompenser son audience. Le cinéaste portugais nous revient alors avec une fantaisie musicale, qui assume chacune de ses composantes, chacune de ses idées, politiquement fortes, où une caserne de pompiers va devenir le théâtre d’un conte enchanté et érotiquement chargé.

Cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne tire pas à blanc, dans certaines situations où l’humour viendra compléter le portrait d’un monde rigide. Si les premières minutes viendront attester des thématiques écologiques et érotiques, étroitement liées par la suite, le reste de l’exposition s’attarde sur la famille royale du Portugal, où le prince Alfredo (Mauro Costa) y siège comme un bouffon. À la force du célèbre discours de Greta Thunberg, il affiche son étonnante passion pour la nature, qui va de pair avec son ouverture sexuelle. Contre la volonté de ses parents, il compte ainsi se rapprocher de la nature, celle qu’il cherche à protéger du « Feu Follet » (Fogo-fátuo) et à chérir, autant qu’il chérira le phallus, symbole de révolution et d’élan pour sa cause.

Il fait alors la rencontre d’Afonso (André Cabral) chez les sapeurs-pompiers, en tant qu’instructeur ou guide pour le reste de sa vie en dehors du cercle royal, qui a tendance à refermer trop rapidement ses portes sur lui-même. Ici, pas de cérémonies, juste de corps qui défilent comme pour souligner l’extase d’une amitié naissante et toujours en accord avec la quête initiale d’Alfredo. Rodrigues capture ainsi le mouvement, en l’appliquant à sa caméra, agile et habitée, tout le contraire de la scène d’ouverture, où la mort guette Alfredo sur son lit de mort ou durant un repas de famille pimentée de grâce et d’absurdité, qui vont le bon vin de cette surprise cannoise.

Le réalisateur ne cache donc pas son envie de mettre en scène des images, qui ont tout de combustibles, prêtes à donner naissance à la flamme qui anime le héros. Cela passe autour d’une érection et encore bien d’autres arguments démonstratifs, qui seront chantés ou accompagnés d’une sensualité, imperméable à la fatalité du récit. Alfredo apprend de mon mentor, de son ami et amant, tout comme il a développé cette communion avec les arbres, résultats d’une longue période de croissance, de mutation et gestation. Le geste artistique se situe ainsi dans cette imagerie fantaisiste, où les attributs masculins ne s’étendent pas vers la virilité.


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