Guy


Gauthier, un jeune journaliste, apprend par sa mère qu’il serait le fils illégitime de Guy Jamet, un artiste de variété française ayant eu son heure de gloire entre les années 60 et 90. Celui-ci est justement en train de sortir un album de reprises et de faire une tournée. Gauthier décide de le suivre, caméra au poing, dans sa vie quotidienne et ses concerts de province, pour en faire un portrait documentaire.


Pour toujours et à Jamet

Note : 3.5 sur 5.

Après « Le Talent de mes Amis » qui divise par bien des aspects, Alex Lutz revient plus fort avec le devoir de mémoire. Les artistes des années 70 sont le support d’un discours qui vise à entretenir la flamme de la tendresse et des caresses de chaque mot qui composent les paroles bienveillantes de ces chanteurs populaires français. Mais dans un élan de cynisme, le film réagit sur les rides de la culture française sur scène. L’option de la caméra à l’épaule appuie ce désir de rendre authentique ce faux documentaire, avec un contexte et toute une nouvelle playlist élaborée dans le plus grand amour des poètes d’autrefois.

Hommage aux figures populaires dans les milieux artistiques, Lutz incarne un Guy Jamet au bout d’un long périple. Mais avant cela, on le découvre avec une énergie romanesque. Il continue tout de même à embrasser l’amour et à le chanter pour un public fidèle qu’il entretient. En tournée sur les scènes nostalgiques de l’hexagone, Guy brosse un portrait farouche d’une vie remplie, mais qui n’a pas laissé exprimer son dernier souffle. Et cette toute dernière force, il en profite pour le mettre à profit, face caméra de son cadreur inattendu. Et à travers ce cadre, on y trouve plus de charges émotionnelles que d’une narration pertinemment construire. Il s’agit du point fort de sa partition, celle qui unit deux générations qui cherchent à cohabiter, l’un avec recul et l’autre avec méfiance.

Et c’est n’est pas pour le travail sur la voix que l’on se permettra d’apprécier la performance de Lutz, mais ce sera bien dans sa mise en scène. À défaut d’un rythme saccadé en situations burlesques qui frôlent souvent la monotonie, on saura retrouver la mélancolie dans le discours d’un artiste honnête et peu sympathique. C’est entre ces deux extrêmes de sa personnalité que l’on finit par saisir une piste de réflexion sur ce qui nous précède, nos pères d’une part, mais aussi l’expérience d’autre part. On y aborde ouvertement la caricature comme source d’inspiration. Guy en devient une qui reconnaît ses faiblesses et c’est à ce moment que l’émotion se détache. Entre le côté arrogant et déplacé du chanteur, il existe une bonté et un cœur qui souligne la souffrance qui lui permet de progresser encore un peu plus vers le domaine des souvenirs, jusqu’à ce qu’il en devienne un à part entière.

Cependant, on sent qu’il n’a pas fini de composer son dernier tube qui mettra un point final à sa carrière. « Guy » semble être l’incarnation d’un album final, dont la rédemption est exploitée avec les nuances qui conviennent. Les chansons, exclusivement composé pour l’ouvre, insistent alors pour dégager un poignant état d’esprit, celui d’une âme dont la braise n’a pas fini de réchauffer les cœurs de ceux qui sont réceptifs à ces partitions mélancoliques. L’amertume est alors déliée de toutes les contraintes d’une vie que Guy a su captiver par une sincérité bluffante. « Dadidou » et autres tubes sauront nous guider dans un visionnage décomplexé, synthétisant le point de non-retour qui subsiste dans une société qui s’égare davantage dans l’avenir, en oubliant les repères passés.


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