« La route du retour ne se trouve pas en revenant sur ses pas, en imaginant qu’on peut faire le trajet dans l’autre sens. Pour nous, le voyage vers nos origines s’accomplira hors des sentiers ordinaires, par les moyens du cinéma, en suivant les fils de nos souvenirs et de nos histoires entrelacées. Les mots « Ici finit l’exil » marquent notre ancrage définitif dans la terre de France et jettent un pont entre notre pays d’accueil et le Laos de notre enfance. »


Les mémoires d’une jeunesse

Note : 3 sur 5.

Depuis 2004, Kiyé Simon Luang n’a cessé de multiplier les regards sur son pays natal, le Laos, qu’il a quitté trop jeune. C’est autant de court-métrages documentaires sur son arbre généalogique que le mythe d’un passé qu’il commence dès lors à rattraper. Le réalisateur poursuit sa quête de réponses et présente ses interrogations comme une source d’inspiration. L’héritage de la colonie française d’Indochine a tout d’un projet personnel, raconté par ceux qui ont dû sans cesse fuir l’oppression dictatoriale et monarchique. Il est un peu revenu dessus dans « Le Village de la Chance », où son père est présenté comme un garde de la cour royale. Mais ici, il sera question de sa présence, de son voyage de retour, afin de renouer avec une culture, encore limitée et isolée au sein de communautés en France.

Il fallait donc refaire le chemin en sens inverse, mais pas à l’identique. C’est justement sur un regard bienveillant, qu’il sonde la raison de son ancien statut de réfugié politique. Mais ce voyage, il ne le fait pas seul, car sa famille l’accompagne dans ce pays qu’il redécouvre, tantôt avec un œil neuf, tantôt avec celui de sa jeunesse. Le cinéaste déambule avec un 16mm en main, brouillant presque les pistes sur la temporalité d’une nation, qui semble ne jamais avoir dévié de sa culture. Il questionne alors sa réalité et ce qu’il capture en temps réel, comme si quelque chose était venu altérer sa mémoire. La distance fait qu’on le sent chez lui, car il se calque au rythme de la vie locale, mais son commentaire en off apporte également son lot de mélancolie, tout comme l’apprentissage, dont il tente de transmettre à sa fille.

La barrière est réelle, dans le temps et l’esprit de chaque personne qui l’accompagne dans ce monde qui fascine, non pas parce qu’elle ne se développerait pas assez, mais bien pour sa culture, où le deuil fait partie du voyage. Le gros bloc de son aventure amène d’ailleurs sa famille d’adoption et celle qu’il a bâti pour se donner rendez-vous là où sa vie a commencé. Entre retrouvailles et karaoké, nous retrouvons ce qui fait la convivialité du peuple rurale laotien, qui aide un peu plus le cinéaste à s’affranchir de son poids, en réalisant une fois pour toutes qu’« Ici finit l’exil ».


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