Magnificat


À la mort d’un prêtre, la chancelière du diocèse découvre abasourdie qu’il s’agissait d’une femme ! Contre l’avis de son évêque qui souhaite étouffer l’affaire, elle mène l’enquête pour comprendre comment et avec quelles complicités une telle imposture a été possible…


Fabriquer ses miracles

Note : 3.5 sur 5.

Des femmes en noir, voilà comment Anne-Isabelle Lacassagne définit l’enseignement de la foi dans son roman, à travers la parole de femmes, à la barbe et au nez des hommes d’Église. Les acquis d’assistante de production lui ont permis de passer derrière la caméra dans une succession de téléfilms et d’épisodes de série avant de trouver le chemin du grand écran. Virginie Sauveur est attendue pour son étude des rapports homme-femme aux côtés de Nicolas Silhol, co-scénariste sur Les Éblouis et prochainement comme réalisateur dans Anti-Squat. Il s’agit pour eux d’adapter des pensées au cœur d’un milieu religieux, que l’on prend soin d’ausculter à travers son administration.

Un prêtre succombe en laissant un corps féminin sous sa chape. Comment ce Pascal Foucher a pu dissimuler une telle information qui bouleverserait l’ordre de l’Église ? Charlotte, chancelière du diocèse (Karin Viard), prend la charge d’une enquête que l’évêque local (François Berléand) souhaite étouffer. Débute alors un cycle de frustration qui vise à désacraliser l’ordre des prêtres, dont la sagesse et l’ouverture d’esprit ont besoin de renouvellement. Les couleurs chaudes ne sont pas pour autant absorbées par la photographie de Noémie Gillot, qui laisse toujours un rayon de soleil passer ou capte à défaut un feu de camp pour se réchauffer. C’est de l’espoir dont il s’agit, un espoir que les personnages intériorisent de toute leur force.

N’oublions pas que Charlotte est également une mère qui doit encore gérer les sautes d’humeur de son fils Thomas (Maxime Bergeron), qu’elle a dû élever seule et dans un sentiment de culpabilité. Lui aussi prie en silence dans l’espoir de retrouver son père, avec qui le lien spirituel s’affaiblit. Chacun cherche des réponses, d’autres préfèrent éviter le deuil et les questions qui fâchent. Ce n’est qu’après une virée dans une communauté, dont la liberté est croquée à pleines dents, que Charlotte réalise que la foi serait le péché originel. Le message est fort, poignant et les interrogations autour de la transidentité méritent qu’on s’y attarde un instant.

Le film en appel à la lucidité de la société occidentale contemporaine, là où la gent féminine tutoie rarement les sommets de la hiérarchie et dans ce milieu religieux plus encore. Quand il s’agit de vivre de ses convictions et que les barrières spirituelles se dressent devant elles, il ne reste plus qu’à abandonner ce manteau de peau qui a longtemps conditionné l’épanouissement des individus. Ce discours est élégant et ne tâche pas cette foi qui résonne encore dans les messes où l’on chante le Magnificat. Sans vouloir prêcher la parole de Dieu, le film préfère bénir celles et ceux qui ont le courage de transgresser les codes moraux pour avoir un pied au paradis, un sanctuaire qui ne doit en aucun cas être filtré selon son genre.


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2 commentaires

  1. Il me fait très envie celui-là, j’ai trouvé la bande-annonce très bien menée, alors j’espère qu’il passera par chez moi !

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