Mission : Impossible – Dead Reckoning Partie 1


Le contrôle du futur et le destin du monde sont en jeu. Alors que les forces obscures de son passé ressurgissent, Ethan s’engage dans une course mortelle autour du globe. Confronté à un puissant et énigmatique ennemi, Ethan réalise que rien ne peut se placer au-dessus de sa mission – pas même la vie de ceux qu’il aime.


Une demi-clé artificielle

Note : 3 sur 5.

Près de 57 ans après que Bruce Geller nous ait introduit l’équipe de Mission : Impossible, une série dont le générique de Lalo Schifrin reste encore dans les esprits, la licence d’espionnage n’a cessé de se réinventer sur le grand écran. Brian De Palma, John Woo, J. J. Abrams, Brad Bird et à présent Christopher McQuarrie, tous ont joué le jeu des masques et autres gadgets sophistiqués, tout en développant le lore d’une force d’intervention qui traverse toutes les frontières afin d’accomplir la mission qu’elle a toutefois acceptée. Malgré sept films au compteur, et bientôt huit, contre une vingtaine dédiée au célèbre agent du MI6 Au service secret de Sa Majesté, Ethan Hunt n’a pas à rougir, loin de là. A présent indissociable de son alter ego, Tom Cruise en veut plus et pousse les curseurs toujours plus loin dans la dose d’adrénaline qu’il génère dans ses cascades dantesques.Mission : Impossible trouve ainsi sa propre identité sur le chemin du vertige et depuis peu, avec une intensité émotionnelle rare parmi les nombreux blockbusters qui s’enchainent sans conséquence.

On ne change pas une équipe qui gagne ? Ce dicton trouve malheureusement ses limites dans un film qui brasse beaucoup trop d’informations pour qu’un spectateur les digère sur le temps de visionnage. Il faudra être une machine pour cela, quelque chose d’intangible qui ferait bien un adversaire potentiel à Ethan Hunt. McQuarrie exauce ce fantasme en questionnant le vrai du faux et le Tom Cruise movie à l’industrie Hollywoodienne. Celui qui a surclassé le box-office mondial l’été dernier revient à la charge avec une aventure hors du commun, comme en atteste une ouverture en plusieurs segments, moins rock’n’roll dans le ton et plus rigoureux dans son analyse de la menace. Dans un monde de l’utra-surveillance et de la dépendance à la technologie, cette confrontation avec l’Entité devient un débat sur la fatalité du scénario. Hunt et son équipe s’engagent alors dans une mission dont ils ne ressortiront pas indemne.

L’exploit des deux précédents volets était de nous captiver émotionnellement, où les cascades générant autant d’adrénalines que de frissons lorsque le compte à rebours final frôle la catastrophe. Ici, le procédé est parasité par de nombreux points, à commencer par une galerie conséquente de nouveaux protagonistes secondaires à introduire et à développer. Malgré ses 2h40, la première partie du diptyque souffre d’une touche de folie qui impacte l’identité même d’une saga qui, semble-t-il, cherche déjà à renouveler ses enjeux et son commentaire sur un héros dont le sacrifice de ses coéquipiers n’est pas une option. A partir de là, on s’éparpille en nous laissant plusieurs fois sur la route. L’humour de Simon Pegg, la sagesse de Ving Rhames, l’incandescence de Rebecca Ferguson, l’irrévérence de Vanessa Kirby, toutes ces qualités sont passagères dans ce manège qui théorise plus sur la symbolique de l’intelligence artificielle qui possède un coup d’avance sur les héros, et dont la présence est aussi fantomatique que les nouveaux venus (Esai Morales, Pom Klementieff, Shea Whigham).

Seule Hayley Atwell s’en tire un peu mieux, notamment parce que son personnage, Grace, est aussi important que le McGuffin « en deux parties » qui fait directement écho à la structure narrative que la saga emprunte pour la première fois. Mais encore une fois, on sent que le cinéaste est moins à son aise lorsqu’il s’agit de jouer une partition mélancolique. C’est plus homogène dans l’ensemble, mais sans un refrain pour sonner la charge, l’attention baisse rapidement et on en oublie l’essentiel. On fourre alors le récit d’un nombre incalculable de cascades en tous genres, d’un jeu de cache-cache à l’aéroport d’Abu Dhabi à la transaction foireuse de l’Orient-Express, en passant d’une course-poursuite interminable à Rome, que l’on connaît malheureusement en amont. La surprise reste pourtant au rendez-vous quand les personnages ne retiennent pas leur coup, de même pour le cinéaste, quand sa mise en scène ne sur-stylise pas tous les événements pivots de son odyssée.

Mission : Impossible – Dead Reckoning Partie 1 reste cependant le spectacle que l’on mérite en ce début d’été, qui accepte ses défauts, mais qui accepte également le fardeau d’un seul homme, seul contre tous et dont le dernier recours sonne cette fois-ci comme l’imposture ultime. Nous aimerions croire que ce volet fonctionne indépendamment de sa conclusion, mais la vérité absolue, celle que l’on chasse sans relâche dans l’intrigue, est avant tout une affaire de simplicité, chose qui de toute évidence échappe aux commanditaires de ce train fantôme.


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