Petite marionnette en bois conçue par un vieux menuisier italien, Pinocchio prend vie et se lance dans une quête périlleuse pour devenir un vrai petit garçon de chair et d’os.

Sans langue de bois

Note : 3 sur 5.

Il était une fois un morceau de bois ! Le célèbre pantin de Carlo Collodi a connu bien des adaptations, en passant notamment chez Disney puis chez Spielberg, avec A.I. « Intelligence artificielle ». Cette fois-ci, elle revient dans des mains d’artistes italiens, ramenant ainsi son héros chez lui, en Toscane et dans un univers magnifiquement illustré. Rapidement devenu une icône dans la pédagogie enfantine, le récit ne cesse de surprendre, d’une par grâce à une relecture édifiante de Matteo Garrone et d’autre part grâce à une ambition visant l’authenticité, chose que l’on pourrait croire inédite, par manque de point de vue. Ici, l’hommage est certain. Le réalisateur puise dans ce qu’il sait faire de mieux niveau ambiance et nous promet une belle aventure, pour les petits et leurs accompagnateurs.

Exit l’animation mignonne et tendre, plus de Figaro, que de la matière palpable. Cette impression de ne faire qu’un avec le décor semble anodin, mais lorsqu’on finit par l’accepter, l’irruption ou l’assimilation du fantastique paraît encore plus à notre portée. Avec une couleur chaude et un village figé dans le XIXème siècle, on y découvre un Geppetto (Roberto Benigni) attentionné et aimant, à l’inverse de son environnement très réservé, très discipliné et qui ne laissent pas de place pour rêver. Si sa rencontre avec Pinocchio (Federico Ielapi) est de l’ordre du surréalisme, il est impossible d’amputer l’aspect paternel qu’il dégage de bout en bout. Et pourtant, il faut laisser l’enfant appréhender un monde, tenu par des adultes et le laisser commettre des erreurs afin qu’il apprenne mieux et qu’il apprenne vite. Le voyage de cette marionnette l’emmène alors d’une maladresse à une autre.

Cependant, cette progression est confuse et les transitions sont parfois soumises à de vulgaires raccourcis. La densité de l’intrigue est évidente, mais le réalisateur ne parvient pas à trancher afin de mieux mettre à profil sa mise en scène. Le découpage de Garrone est souvent malmené, mais l’on parvient tout de même à garder le fil rouge en tête. Il explore ainsi l’humanité et leurs vices, reconnaissables comme si les péchés capitaux trouvaient également une symbolique forte à travers des personnages tantôt affectueux et tantôt monstrueux. Le choix esthétique peut en déconcerter plus d’un, mais il s’avère efficace par moments, car nous immerge dans un folklore ludique et cruel. Ici, la magie n’a pas une place merveilleuse, sauf si elle le mérite, mais des sacrifices sont nécessaires. Le jeune petit garçon en devenir, l’est déjà ironiquement, mais c’est justement en jouant sur son aspect fragile et sa carapace mentale qu’on finit par se laisser séduire.

Ainsi, « Pinocchio » de Matteo Garrone constitue l’héritage logique de son précédent, audacieux et troublant « Tale of Tales ». L’intention est noble, mais il est possible de passer à côté de l’intérêt premier de cette fresque, qui mise davantage sur le visuel que sur une morale nuancée. Puis, sans compter les nombreuses ellipses dénuées de justifications, il existe une évolution chez le héros qui découvre les subtilités de la vie et de tous ces acteurs qui ne prêchent que pour l’individualisme. D’une certaine manière, son père est aussi aspiré par cette observation, lui qui chute par son amour, mais qui finit par se relever grâce à celui d’un autre. Tout le film repose sur cette connexion et ce lien familial qui unit l’enfant et son parent proche, son modèle et son seul guide fiable pour ses premiers pas.

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