Une troisième journée bien surprenante en son milieu. Je tiens sans doute là un de mes coup de coeur de cette édition.
The Bone Breakers (Compétition)
Combines et arnaques à la clé, c’est ce que promet The Bone Breakers (Spaccaossa) dès son ouverture. La fracture économique, sociale et à présent physique sont révélatrices d’une douleur intérieure, déjà présente et bien enfouie chez des marginaux sur la paille. Vincenzo Pirrotta nous emmène en Sicile pour son premier long-métrage, où il apporte une interrogation métaphysique sur des personnages qui se mutilent contre une chance de rebondir. « Le cynisme d’une humanité inhumaine » ne fait pas l’ombre d’un doute et il se permet d’en faire la représentation avec les cœurs glacés de ses personnages, conciliants ou non.
Limbo (Compétition)
Dans la même veine que son Accident, Soi Cheang revient en force dans un film noir asphyxiant, où Hong Kong n’est plus qu’une immense bassine pleine d’ordures. Tandis qu’un tueur en série boite anonymement dans les bas-fonds de la ville, deux policiers, qui rappelleront un temps ce duo iconique de Memories Of Murder, s’emploient à le débusquer avant qu’il récidive. Nerveux jusqu’au bout du suspense, Limbo surprend par son expressionnisme et sans réinventer la poudre, il en fait bon usage, dans un noir et blanc qui plongent les personnages dans une spirale de violence et de rédemption. L’adaptation du roman Wisdom Tooth de Lei Mi est, semble-t-il, tombée entre de bonnes mains, pourvu qu’on ne les lui coupe pas de sitôt.
Master Gardener (Hors compétition)
Sans pour autant être un réalisateur d’exception, le scénariste de métier, Paul Schrader, s’est tout de même démarqué à plusieurs reprises (Hardcore, La Féline, Sur le chemin de la rédemption, The Card Counter). C’est donc à la frontière du bis qu’il brille, loin de l’enrobage de Martin Scorsese. Pour son retour, il choisit l’horticulture afin de laisser ses personnages couper leurs racines et germer à nouveau. Malheureusement, la formule ne prend pas et les fortes similitudes avec son précédent long-métrage ne l’aideront pas à se justifier. La subtilité n’y est pas et la tendresse échoue sur son champ de fleurs numériques, un micmac hallucinatoire ou métaphorique qu’on nous donne à voir. Loupé pour cette fois.
En salle le 12 juillet.
Même avis sur “Master Gardener”, grande déception après le superbe “Card Counter” dont il tente de décliner l’esprit de rédemption sur un terreau peu convaincant.
Je note “Limbo”, en espérant choper une séance avant la clôture.
Je te souhaite de le rattraper.
Il risque sans doute de rentrer en conflit avec “Borderline” que tu voudrais voir. Mais avec un peu de chance, il sera aussi diffusé à 17h dimanche, s’il obtient le Grand Prix.