Reims Polar : Jour 4


Une cécité cauchemardesque en Iran, un contrôle douanier qui bouscule et des retrouvailles père-fils en chœur, la quatrième journée s’est révélée forte en émotion.


Beyond the wall (Compétition)

La société iranienne est en déroute, ce n’est plus un secret pour personne. Vahid Jalilvand interpelle brillamment son audience en employant astucieusement le flashback, aussi bien comme un outil de narration qu’un argument cauchemardesque pour un héros, enfermé dans son appartement et dans une obscurité quasi-totale. La cécité d’Ali le confine donc à errer dans un lieu que l’on apprendra en même temps que lui à cartographier. Le maillage de sa mémoire n’en est que plus désordonné avec les traumatismes qu’ils portent en lui. Son point de vue est pourtant essentiel à la compréhension d’une intrigue brillamment écrite, avec des personnages dont la nervosité les verrouillent de l’intérieur. Beyond the wall questionne ainsi le fardeau d’un homme brisé, qui reçoit des lettres de victoires qu’il ne peut partager avec sa correspondance.


Upon Entry (Compétition)

Pour un premier long-métrage, il faut avouer que le duo de cinéastes originaires de Caracas, au Venezuela, a décidé de secouer le public jusqu’au bout du suspense. Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vasquez évoque l’immigration comme une passerelle qui affole tous les douaniers, chargés d’identifier et de rentrer dans l’intimité des voyageurs. Si le cas des États-Unis sonne comme une évidence, le sujet prend garde d’extrapoler à d’autres territoires, tout aussi méfiants à l’heure où les déplacements sont contrôlés et la vérité recensée. L’interrogatoire d’un couple vire rapidement à une humiliation psychologique, qui rappelle que les étrangers ne sont jamais pleinement les bienvenus. Chaque geste des agents et chaque question indiscrète devient un motif de stress supplémentaire aux personnages, tout comme aux spectateurs, qui pourraient facilement s’impliquer émotionnellement. Upon Entry n’épargne donc personne dans son huis clos, d’une transparence et d’une efficacité redoutables.


Brighton 4th (Compétition)

Quand il n’y a plus d’espoirs, c’est sur la famille qu’il convient de parier. Lorsque Soso, venu s’installer à New York, se trouve couvert de dettes astronomiques, son père Kakhi lutte corps et âme afin de le secourir.  Levan Koguashvili (Street Days, Blind Dates) prend alors soin de faire le portrait de Britghton 4th, un îlot soviétique au cœur de Brooklyn où les expatriés s’y retrouvent pour chanter leur joie et leur chagrin. Les seniors y restent pour mourir et certains tentent désespérément de fuir, par le mariage ou un tout autre moyen d’obtenir la carte verte, pour pleinement profiter de la citoyenneté américaine. Pourtant, il ne s’agit pas de parler du pays, mais bien d’une culture familiale et d’abnégation. Ce polar aérien trouve ses marques dans ce qu’il sait faire de mieux, rendre ses personnages plus vivants que jamais, à l’image du « rossignol ».

En salle le 12 avril.


Catégories :Critique Film, Drame, Festival, Film Noir, Gangster, Policier, ThrillerTags:, ,

4 commentaires

  1. Très chouette article tu nous offres sur cette étonnante rencontre avec ce lutteur fatigué, qui va accomplir un dernier effort pour l’amour de son fils. Après les fleurs du mal hier, c’est la chair de la chair qui a les honneurs du festival, étalée de tout son long comme dans la vitrine bouchère. Mais comme tu le dis, le rossignol vient enchanter tout cela dans ce qui reste un film plus poétique que policier.
    J’espère pouvoir commenter l’un des autres films au terme du festival 😉

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