Julia vit de petites combines et voue une passion dévorante, presque animale, à la pratique de la moto. Un jour d’été, elle fait la rencontre d’une bande de motards adeptes du cross-bitume et infiltre ce milieu clandestin, constitué majoritairement de jeunes hommes. Avant qu’un accident ne fragilise sa position au sein de la bande…


Un coup de piston

Note : 3.5 sur 5.

Son passage à Un Certain Regard ne s’est pas fait sans grondement et ce serait parfaitement justifié grâce à la rigueur d’une cinéaste qui sort victorieuse du « Rodéo » qu’elle a mise en scène. En côtoyant le milieu du cross-bitume, Lola Quivoron finit par incorporer l’amour et la passion de cet art, à travers son cadre, toujours situé entre ses personnages et un moteur. Pour autant, il ne s’agira pas du propos, qui préfère se tourner sur la rage et l’essence d’une adolescente, qui puise toute sa vitalité dans la pratique du sport et de sa communauté, qui partagent la même expérience de la roue levée et à pleine vitesse.

La vie de Julia (Julie Ledru) possède ainsi un parcours similaire, où elle ne constitue pas l’extension de l’engin, contrairement à d’autres. Elle est tout ce qui définit la machine, qui gronde sans concession, sans ménagement, dans l’espoir de pouvoir trouver une sorte de foyer qui saurait la dompter. Il ne s’agit pas pour autant de rentrer dans le rang, car ce sera également dans la différence et dans un milieu majoritairement masculin que la jeune adolescente devra évoluer. Sa vie est aussi sauvage que son enthousiasme pour piloter chaque bolide qu’elle aura l’opportunité de croiser, non pas pour y multiplier des figures sur une roues, mais simplement pour « cramer le bitume », dans une meute qui lui offrirait autant d’hospitalité que d’amour pour ce qu’elle est et ce qu’elle aime.

Un décor de western urbain se dessine alors. Entre deux arnaques, Julia nous rappelle le potentiel qu’elle a en tant que piston et en tant que personne, mutilée par sa situation sociale. Sans en faire le constat à la lisière du documentaire, on nous livre ici une fiction dès lors poignante et d’une grande sensibilité. Ce premier film révèle pourtant des défauts que le spectateur serait à même d’esquiver, en échange du parcours d’obstacle, faites de mélancolie e de BikeLife. Le résultat séduit dans ses aspects les plus rudimentaires, où des personnages secondaires gravitent autour de cette diablesse, qui n’obéit qu’à ses désirs. Forte de ses convictions, elle n’hésite pas à serrer le poing, mais également à le propulser vers ses adversaires les plus robustes, qui pourraient neutraliser son ascension ou simplement cette possibilité de s’échapper d’un quotidien, qui la conditionne aux fraudes à répétition.

La seconde figure féminine (Antonia Buresi) appuiera davantage la question d’émancipation, qui se lit à travers un envol impossible et un cadre de vie qui rime avec un contrôle permanent, tenu par un homme qui ne semble pas aussi isolé du monde qui l’entoure. Ce jeu de miroir réserve ainsi plein de promesses, malgré un « Rodéo » final qui ne parvient pas toujours à créer cette étincelle que l’on a l’impression de redécouvrir à chaque instant dans la première heure. Si le récit loupe quelques fois ses virages, il ne manque pas l’occasion de foncer dans les lignes droites, dans un confort qui mérite le coup d’œil, au moins pour la vie clandestine que mène Julia, ambassadrice de tant d’autres qui ne demandent qu’à s’enflammer sur les routes de la liberté.


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