Sex Education


La rebelle Maeve entraîne Otis, un ado vierge mais doté d’une mère sexologue, dans la création d’une cellule de thérapie sexuelle clandestine au sein de leur lycée.


Un Ridicule Ludique

Note : 3.5 sur 5.

Il peut arriver qu’on se fasse berner par American Pie et compagnie pour l’absence de contrepied, car le désir reste le maître-mot du début à la fin. La comédie américaine s’essouffle ainsi, car les sujets tabous comme le sexe sont souvent à la portée de drame et de ce côté-là, ils s’avèrent efficaces, en admettant quelques retenues sur les points de vue qui manquent parfois de nuances. Or, pour Netflix et Laurie Nunn, pas question de prendre un détour. Nul ne déviera sur des détails qui nous alarment dès un pilote qui pose ses lignes de conduite. Ainsi, on se détache rapidement des modèles dont nous avons l’habitude d’entrevoir, tard le soir, lorsque plus rien ne va ou lorsqu’il faut sur reposer sa tête le temps d’un parcours maintes et maintes fois anticipé. La dramaturgie rassurera ceux qui ont un niveau de tolérance acceptable pour ce format de série qui minimise les échanges, mais qui dans le fond regorge de sensibilité.

Le décor n’est pas inconnu des spectateurs qui ont encore des racines avec l’adolescence. Le lycée est une souche de liberté pour certains, mais cette étape vitale constitue également la toile de fond idéale afin de mieux se connaître. D’un point de vue scolaire et sportif, les orientations se précisent et d’un point de vue passionnel, c’est le chaos qui régit sa loi. Il ne faudra donc pas très longtemps pour que des caricatures ressortent de cet établissement où la rigueur est au minimum. De ce fait, l’environnement est propice au dévergondage et au rapprochement sexuel frontal, comme le soulignent rapidement les premiers épisodes. On initialise par une scène plus ou moins torride, car il y en a pour tous les goûts, mais cela ne dépasser jamais la surenchère et pose immédiatement le contexte et la problématique qui va ensuite être traité et peut-être résolu en fin d’épisode. Évidemment, les protagonistes sont nombreux et il est impossible d’accorder le même temps de thérapie pour chacun, c’est pourquoi certaines personnalités surfent sur un fil rouge pointilleux, car ce sera auprès d’eux que l’attachement émotionnel sera sollicité.

Avant tout introduit dans un contexte démonstratif, chacun aura ses mimiques, qui certes divertissent le spectateur, mais qui sont souvent réplétives. La démarche fragile d’Otis Milburn (Asa Butterfield) et son incapacité à traiter la sexualité comme elle vient lui accorde les meilleurs comiques de situation, mais sans ses partenaires de fortune, ce personnage continuerait de ramper vers l’adolescence sans jamais l’atteindre. Or, c’est dans un effet miroir avec la réalité que la série dépeint des traits particuliers dans les couples qui s’exposent trop ou qui se renferment sur leur souci respectif. On nous amène alors toujours à remédier à ce phénomène psychologique, qui touche la plupart des jeunes, n’ayant pas encore la maturité nécessaire pour faire les bons choix ou de prendre le recul nécessaire sur les déceptions amoureuses. Cependant, l’Homme est créé ainsi et les sentiments qui lui sont chers ne sont que le reflet de son âme, animé par le désir de satisfaire ses amis. Maeve Wiley (Emma Mackey) n’écope donc pas de la meilleure notoriété possible, mais les nuances qu’on lui apporte sont parfois superficiels, jusqu’à ce que son passé la rattrape. Eric Effiong (Ncuti Gatwa), l’ami d’Otis est quant à lui un sublime orateur qui vit dans la simplicité. Cependant, on lui greffe la pancarte de la différence et c’est pourquoi son évolution psychologique n’en sera que plus pertinente. Et pour finir, Jean Milburn (Gillian Anderson), la mère d’Otis est cette sexologue, libérée et trop possessive vis-à-vis de son fils. Elle est une mère qui faillit à ses responsabilités alors qu’elle possède le catalogue parfait pour l’aider. Et voilà en quoi le côté humain ressort de ces personnages dont on pourrait habilement s’identifier, sans pour autant se moquer de leur condition.

L’œuvre a beau souffrir d’imperfections, dues à des personnages très clichés, au premier abord. Mais la plupart vont évoluer afin de soulever des débats humains, tout en gardant le sujet tabou comme trame de fond. De plus, il y a cet aspect parental qui renvoie à l’univers adulte qui semble avoir du mal à s’adapter au rythme des enfants, une fois de plus le sujet tutoie les faits. L’absence de paternité ou bien l’absence de sa générosité est d’ailleurs une facette très prononcée chez ces adolescents qui découvre le siège des responsabilités et de l’autorité vide. C’est pourquoi chaque épisode nous amène à rebondir sur l’influence sociale, le harcèlement et autres persécutions du genre. Le lycée fait office de maison secondaire chez eux et chez qui il est important de négocier la cohabitation. Ainsi, loin de la débauche américaine et de son idéologie de l’humour sans profondeur, « Sex Education » nous rappelle ô combien la sensation des réalisations anglaises a plus d’impacts dans l’émotion et le divertissement à la fois fun et ludique.


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