Après avoir retrouvé Gwen Stacy, Spider-Man, le sympathique héros originaire de Brooklyn, est catapulté à travers le Multivers, où il rencontre une équipe de Spider-Héros chargée d’en protéger l’existence. Mais lorsque les héros s’opposent sur la façon de gérer une nouvelle menace, Miles se retrouve confronté à eux et doit redéfinir ce que signifie être un héros afin de sauver les personnes qu’il aime le plus.


Le No Way Home

Note : 4 sur 5.

Qu’est-ce que le destin, si ce n’est une toile toute rectiligne ? Eh bien ce serait un embranchement de plusieurs hypothèses. C’est en tout cas ce que « Spider-Man : Across the Spider-Verse » nous promet dans une nouvelle aventure magnifiquement et dynamiquement animée. Les arachnophobes n’ont qu’à bien se tenir, car le petit groupe qu’on a pu découvrir précédemment n’est qu’un avant-goût de ce fourre-tout, où Sony affirme bel et bien son autorité sur la petite araignée sympa du quartier.

Les super-héros n’ont plus vraiment la cote depuis la dissolution des Avengers, mais la suite de l’oscarisé « Spider-Man : Into the Spider-Verse » donne tort à de nombreux détracteurs de cette overdose héroïque, sans saveur et sans ferveur. Le premier volet faisait la belle part à l’origin story du héros, de sa naissance à sa consécration. Ici, pas question d’aller plus loin dans ce sens. On fait une grande pause dans le temps afin d’installer tout un tas de problématiques sur l’éventuel épanouissement de Miles Morales et de la pétillante Spider-Gwen.

Sous l’impulsion de Chris Miller et Phil Lord, qu’on ne présente plus et à qui l’on doit également la discrète mais efficace aventure des « Mitchell contre les machines » sur Netflix, Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin Thompson sont les artisans de cette astucieuse relecture. On affine le grain, on saccade moins l’image, la fluidité de ce voyage est sa plus grande force, en plus de réussir là où les live-action échoue grandement, à savoir dans l’attachement aux protagonistes. Tout un tas d’arguments jouent en la faveur d’une grande maîtrise technique. Les animateurs se sont démenés pour créer une esthétique propre à chaque tisseur de toile, tout comme Daniel Pemberton a confectionné leur leitmotiv. Cela permet à la fois d’iconiser chacune de leur apparition et de les confronter à la manière d’un jazz-band.

C’est ainsi que la structure du récit prend forme et limite fortement le maigre scénario, prévu pour couvrir un dyptique. Les héros ont poussé dans le coin, mais leur réunion promet des changements qu’ils ne sont pas près d’oublier. S’ajoute alors la question de la parentalité, où les enfants semblent grandir trop vite pour quitter l’enfance. Par analogie, il est également possible de comprendre la crainte des producteurs et de leurs chouchous tisseurs et tisseuses de toile quand l’un d’eux vient à rejoindre un autre genre de multivers à Hollywood. Le prêt du héros chez Disney a eu de quoi salir sa réputation dans un « No Way Home » très irritant. Peker Parker a fini par devenir une rockstar, quand son identité secrète n’est pas abordée dans un gag bien gras. Et il en va de même pour les figures de DC Comics chez la Warner, qui essaye encore de trouver le juste milieu pour faire vivre ses héros au-delà du générique de fin.

Tout cela est remédié dans ce film d’animation, dont on sent les bonnes intentions, malgré quelques caméos poussifs et qui nous auraient dispensés d’une dizaine de minutes ou qui n’aurait pas mis des plombs à choisir son plan final. On perd en intensité émotionnelle, mais on espère qu’il s’agit davantage d’un compte à rebours assez malin pour nous livrer la meilleure des conclusions. Il y a beaucoup de choses à raconter, beaucoup de détails à digérer, c’est pourquoi l’introduction pèse autant dans cette suite qui s’aligne sur ceux qui auraient envie de sécher le rattrapage du premier opus. Cela dit, la place qu’occupent à présent Gwen Stacy et son univers pastel nous régale, de même que les enjeux qui l’entourent avant de rendre la balle à Miles. Les petites blagounettes et ce ton léger disparaissent peu à peu pour ne laisser que de la noirceur derrière lui. Il croît en sa propre destinée et le choc est attendu dans près d’un an, le temps de faire le point sur la notion de sacrifice.

Tandis que « Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 » laisse un peu de répit aux studios Disney, la saga des Spider-Man animés et du multivers a vraiment un avenir chez Sony, dont l’honnêteté est assez aléatoire, voire catastrophique, dans les propositions live-action. Si cet opus emprunte certaines facilités que l’on associerait facilement l’ogre hollywoodien, ces défauts ne doivent pas pour autant éclipser la tenue de cette entreprise du miracle, l’homme-araignée devient l’égide et le symbole d’espoir. De ce fait, « Spider-Man : Across the Spider-Verse » s’affirme comme la plus belle sensation super-héroïque de l’année.


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2 réponses à « Spider-Man : Across the Spider-Verse »

  1. Bel enthousiasme porté par une chronique de haut vol !
    Néanmoins, n’ayant pas été pleinement conquis par le premier volet (vu bien après la sortie en salle), je ne pense pas me précipiter pour aller voir celui-ci.

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    1. Si ces araignées-là n’ont pas si te garder dans leur toile, cette nouvelle aventure ne sera pas forcément à ton goût, car bien elle est bien plus faible narrativement. Ça reste cependant une claque visuelle du grand écran, une sensation que je n’ai pas retrouvé depuis Avatar : la voie de l’eau. 🙂

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