A 31 ans, Mitsuko a toujours eu quelques difficultés avec les relations humaines. Perdue dans un Tokyo trop grand pour elle, elle se réfugie dans des cours de cuisine dont elle peaufine les recettes au sein de son petit appartement. Elle y trouve aussi le réconfort… de sa voix intérieure, avec qui les échanges ne sont pas toujours simples ! Jusqu’au jour où elle rencontre au bureau un jeune homme plus jeune qu’elle.


À bras ouverts

Note : 3 sur 5.

Après avoir triomphé sur les marches du Tokyo International Film Festival, avec son « Tremble All You Want », La réalisatrice Akiko Ohku revient avec une nouvelle adaptation d’un roman de Risa Wataya. Elle sert ainsi une comédie romantique, où son héroïne porte la charge de son œuvre et alimente un récit de solitude, ou presque. Par la force intérieure et la conscience des personnages, qui peinent à épouser leurs émotions, le spectateur se trouvera entre deux bouchées d’une même tempura. Une part sera croustillante, tandis que l’autre n’aura ni le goût, ni la texture pour le fameux pas en avant que l‘on attend.

Mitstuko (Non) règne dans sa sobre demeure, où elle s’adonne autant que possible à des activités de célibataires, mais ce sera surtout sa personnalité juvénile qui se démarquera du reste. Le quotidien est sans doute trop sombre et trop lourd à supporter pour qu’on puisse pleinement s’échapper. Elle y parvient toutefois, grâce à A, sorte de seconde conscience morale, qui a réponse à tous ses défauts d’interaction. En effet, s’ouvrir à autrui et notamment son idylle secrète et incertaine, Tada (Kento Hayashi), ne lui offre pas la sécurité escomptée, car elle s’y plaît derrière sa cuisine maison et ses souvenirs d’enfance. Nous avons là une femme qui avance vers l’inconnu, mais dont la routine pourrait être rompue par ce Tada, jeune habitant de son quartier et qui semble tout aussi réticent qu’elle à l’accepter dans sa vie.

Un magnifique jeu de séduction est gâché par le manque de tact ou un simple frein que l’on se met, en doutant. A devient alors ce confident, tel un ami imaginaire et en même temps la raison même d’une Mitstuko fuyante. Mais ensemble, ils explorent les limites de son confort, à commencer par un voyage à bord d’un avion, où les motifs de sa folie heureuse peuvent se manifester, signe qu’elle est apte à créer du décalage sur son environnement. Pourtant, l’objectif de toute cette intrigue est partagé avec sa collègue de bureau, son exacte opposée lorsqu’il s’agit de laisser les émotions s’exprimer. Mitstuko se contente essentiellement de l’intérioriser et retourne dans sa tête les mêmes questions, si on ne lui demande pas de rentrer dans le rang. La mise en scène ne cesse d’appuyer cette notion évasive de l’amour, nécessaire mais accessible uniquement par une forme d’émancipation.

De cette manière, l’héroïne devient aussi attachante que charmante dans ses efforts et sa quête d’ouverture. Il faudra sans doute passer par un instant hors du temps et en dehors du cadre froid, où les habitants se font écraser par l’immensité de la ville de Tokyo. Mais c’est dans la grâce d’une vive rencontre ou d’un échange passionné pour une « Tempura » (Watashi wo kuitomete), qu’on se surprend à s’en lécher les babines et à accompagner la Mitstuko amoureuse, dont la voix ne fait plus qu’un avec ses actes. La caméra pourra alors trouver de la stabilité, tout comme la vie trouvera un sens à son existence.


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