Sierra Nevada, à la fin du XIXème siècle. Un hors-la-loi vieillissant et repenti est convaincu que le mal coule dans ses veines et celles de ses descendants. Il part alors retrouver, Cal, sa progéniture afin de le tuer…


Enrayé

Note : 2 sur 5.

Le western est dorénavant une relique du genre nostalgique, mais parfois, il arrive qu’on y déniche quelques prouesses. Malheureusement, celui de Tim Sutton (Dark Night, Donnybrook, Funny Face) n’en fait pas parti. Sur un scénario de Greg Johnson, les deux hommes tentent de reproduire cette pyramide de la violence, si chère au genre, qu’il en deviendrait quasiment incontournable. En épousant pleinement le visuel soigné du décor montagneux, boueux et miséricordieux, on y retrouve un concentré de clichés qui ne rendent pas hommage au genre justement. L’ensemble du récit capitalise sur l’unique prophétie de mort, qui frappe un homme dont la seule motivation reste alors d’en finir avec sa progéniture.

Le cinéaste tenait dans sa main une arme, qu’il décharge dans son premier quart d’heure, car l’ensemble converge sur l’aboutissement ou non de la malédiction d’Isaac LeMay (Sam Worthington). Cet homme sans attache, revient alors vers des racines qu’il a laissé pourrir dans la souffrance. À présent porteur d’une faucheuse endiablée, il sème la désolation sur son passage, mais il reste humain après tout, il peut aussi saigner. De l’autre côté, Cal (Machine Gun Kelly) est l’un de ses enfants perdus, qui est également synonyme de malheur dans le milieu du crime, à son modeste petit échelle. Ces deux-là vont inévitablement se croiser, mais le sentier sera long et parsemé d’obstacles à en perdre de l’intensité et de l’efficacité. La tragédie qui les entoure est une belle fable qu’il ne convient pas d’édulcorer avec une pincée de poudre, mais bien avec une machine gun dans les mains du fils (trouvez la subtilité), mais là encore, on loupe la cible de très loin.

Si tout cela semble aussi prévisible que possible, c’est sans doute que le réalisateur souhaite diriger notre regard ailleurs. Mais où ? Le paysage donne droit à des séquences saisissantes, mais cette nature, cette terre hostile n’existe pas assez pour que l’on puisse la caractériser. Ce ne sont que des notions de lieu, qui se perdent dans le montage et un jeu de non-dit, que les comédiens tentent de transposer. Les actions vaudront plus que des mots, car le dernier soupir sera sans doute la plus caractéristique d’un personnage, de sa détermination et de ses véritables peurs. Ici, nous avons Anna (Heather Graham), la mère de Cal et une prostituée au grand cœur. Si son écriture est en décalage de l’époque, on se tournera vers le mystérieux Shérif Solomon (Thomas Jane), dont la présence trouble par la simple méconnaissance du bonhomme. Sert-il la justice ou des intérêts plus primaires ? Le film joue sur l’inattendu, qui n’arrive pas à contenir ce surplus de déjà-vu et donc une intrigue qui ne décolle jamais.

À l’image de son chapitrage inutile, car le contexte est réexpliqué dans les minutes qui suivent, « The Last Son » ne cesse de se justifier, faisant ainsi perdre cette aura particulière du suspense. Et pour l’action, on passera par quelques embuscades réussites, mais dont les scènes de fusillade sont complètement illisibles, notamment sur le dénouement. Tout cela pour affirmer que si le sujet se penche sur la perte de l’innocence par la violence, Sutton manque de nous l’illustrer avec une rigueur plus constante et plus incisive.


Retrouvez également ma critique sur :

Laisser un commentaire

Tendances

Créez un site ou un blog sur WordPress.com