Une jeune femme pénètre dans une très vieille maison funéraire afin de s’enquérir de l’annonce d’emploi affichée à l’extérieur. Elle est accueillie par l’imposant Montgomery Dark, croque-mort de son état. L’entretien d’embauche prend la forme de récits macabres racontés par le taulier, tous plus terrifiants les uns que les autres, pour le grand plaisir de la candidate.

A l’échelle du sacrilège

Note : 3.5 sur 5.

Remémorez-vous les « Contes de la Crypte », le « Creepshow » de Romero et songez à y injecter un peu plus de références à l’épouvante vintage (50s à 80s), vous trouverez ainsi plusieurs codes, parsemés en parallèle d’easter eggs bien sucrés. C’est un événement à célébrer et l’auteur-réalisateur Ryan Spindell semble bien vouloir y mettre du sien pour satisfaire les arts mortuaires. Il l’a déjà prouvé à travers des court-métrages très inventifs et n’hésite pas à encadrer un de ses meilleurs recueils pour cette escapade intemporelle. Si les générations se sont enchaînées et ont imposé une patte plus ou moins convaincante, la démarche que l’on emploie ici cherche davantage à cristalliser ce qui s’est fait de mieux en matière de développement moral. Des personnages sont constamment en lutte avec des péchés que l’on connaît que trop bien, mais qui promettent de renouveler un peu l’intérêt que l’on a pour eux, dans le simple but de se divertir à coup d’une curiosité perfide, d’un égoïsme antiprogressiste, d’une promesse éternelle et d’une final girl revisitée.

Mais attention, si votre conteur s’appelle Montgomery Dark (Clancy Brown), il y a de quoi s’inquiéter. Et pourtant, les quatre récits lugubres nous amènent toujours là où le méta s’invite, brisant parfois cette frontière entre le réel et le fantastique. Il n’est donc pas question de prendre le spectateur au dépourvu et le réalisateur le traite surtout avec respect, en s’efforçant de lier chacune des intrigues par un véritable fil rouge. Les châtiments seront alors énormément sollicités et c’est au détour d’un King ou d’un Lovecraft qu’on se résigne presque à en oublier le référencement. Spindell sait de quoi il parle et se permet simplement d’ajuster son tir pour que sa propre créature de Frankenstein prenne vie et soit autonome dans des interprétations, tantôt ciblées, tantôt ouvertes. Tel un train fantôme, où le Montgomery nous ballade avec une facilité déconcertante, nous nous laissons presque abusés par le ton burlesque de ses échanges avec Sam (Caitlin Fisher). A la recherche d’emploi, cette jeune femme reste la plus difficiles à satisfaire dans une aventure à part et en cette fabuleuse demeure de Raven’s End Mortuary.

Toutefois, ce n’est pas dans la peur que le film cherche de la vitalité. Il préfère s’amuser à entretenir son melting-pot de genre, en brassant le body horror, le slasher, le gore et bien plus encore. Grâce à l’appât du gain, d’un désir ou simplement de l’amour, le défi reste identique de bout en bout afin de captiver une audience qui en a vu d’autres et des plus originaux, probablement. Mais c’est dans un engagement honnêtement délirant que nous sommes convaincus par des propos qui méritent le coup d’œil, à l’image d’une femme qui ne parvient pas à comprendre ce qu’elle a en face d’elle, une fois installée devant un miroir. On sent vraiment un certain confort dans la lecture des histoires et c’est sans doute ce qui rend l’évasion plus sereine, malgré une inégalité évidente des récits. D’une transition à l’autre, tout nous pousse vers un final qui sublime un peu plus le magnifique court-métrage du cinéaste « The Babysitter Murders ». Tout se jouera en ce point qui en réanimera quelques-uns, encore coincés dans l’ascenseur émotionnel du précédent purgatoire.

Un nouveau spécimen efficace pour les fêtes d’Halloween vient peut-être de naître, malgré quelques lacunes, propre à l’ambition qu’il convoite. Ainsi, « The Mortuary Collection » constitue sans doute l’une des meilleures sucreries de Gérardmer cette année. Si la vie semble prendre la forme d’une succession de sketches, nous lui donnerons raison dans cette fable anthologique, qui assume pleinement l’axe du divertissement. Lorsqu’un chapitre s’ouvre, on y laisse des traces on ne peut plus visibles, mais qui sont gracieusement appréciés par un spectateur qui évolue toujours avec lucidité.

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