Lara Croft, 21 ans, n’a ni projet, ni ambition : fille d’un explorateur excentrique porté disparu depuis sept ans, cette jeune femme rebelle et indépendante refuse de reprendre l’empire de son père. Convaincue qu’il n’est pas mort, elle met le cap sur la destination où son père a été vu pour la dernière fois : la tombe légendaire d’une île mythique au large du Japon. Mais le voyage se révèle des plus périlleux et il lui faudra affronter d’innombrables ennemis et repousser ses propres limites pour devenir « Tomb Raider »…


Comme un didacticiel

Note : 1.5 sur 5.

Le réalisateur Norvégien, Roar Uthaug, n’est pas dans les meilleurs papiers des gros studios, mais sa rigueur en termes d’esthétique lui a ouvert des portes chez les gros portefeuilles. Connu pour les premiers « Cold Prey » et « The Wave », on peut comprendre sa position dans cette adaptation qui s’annonce rafraîchissante. Loin de là l’idée de réinventer le concept de l’exploration, on opte pour une introduction iconique, délaissant parfois le fond du sujet afin de laisser la forme s’exprimer. Quelque part, c’est ce que tout fan de l’héroïne attendrait, mais pour le cinéphile qui passe par là, il faudra un peu plus que des promesses pour le séduire.

La vérité derrière le jeu vidéo, consacré à l’exploratrice, a un sens vis-à-vis des joueurs, notamment masculins. Si les demoiselles pouvaient se rattacher à une figure emblématique d’une femme forte et indépendante, les jeunes hommes y comblaient un manque de confiance. Le fait de pouvoir manipuler d’un simple coup de gâchette un personnage, dont il induit l’idéal et le féminisme grandissant, est un moyen de se familiariser avec un sex symbol. Ici, on se propose de briser les caricatures et on y parvient sur beaucoup d’aspects, ce qui est encourageant. Après nous avoir livré des performances incroyables dans « Ex Machina » et « The Danish Girl », pour ne citer qu’eux, Alicia Vikander se libère un peu dans le corps d’une Lara Croft désexualisée de tous les vieux clichés de gamers. Elle se connecte à un personnage où la sensibilité manquait cruellement à l’époque où Angelina Jolie tenait le premier rôle.

On redécouvre ainsi une Lara plus émotive et beaucoup plus forte dans l’esprit. Elle fait donc l’impasse sur des performances physiques qui démontre un fossé entre fiction et réalité. Cela devient d’ailleurs un débat tout au long duquel les différents protagonistes tentent de percer un mystère obscur. Flirtant entre le surnaturel et la rationalité, l’intrigue exploite suffisamment les nuances pour que le scénario tienne la route. On se sent balancé entre plusieurs feux, mais au final, il y aura une récompense à la fin de cette aventure. Lara est jeune, rebelle et indisciplinée. Cependant, sa force de caractère la guide vers ce qu’elle désire le plus. Le chemin est encore long vers la maturité, mais il n’y a nul besoin de se presser, sachant qu’il reste encore pas mal de nuances à exploiter. Le portrait mythologique lève lentement son voile et on finira par apprécier cette courageuse guerrière.

Ce nouveau « Tom Raider » n’est qu’au stade de didacticiel. À présent, les bases sont posées et peuvent enfin exploiter ce dont le gros studio rêve encore et toujours, à savoir révéler des figures féminines et de renouveler une filmographie très bancale. Cependant, la mission n’est réalisée qu’à moitié. L’œuvre se suffit à elle-même, tout en offrant une multitude de perspectives pour un avenir glorieux et épique. Le fait de l’avoir trop calqué sur son appareil d’origine ne lui a tout de même pas donné la marge nécessaire pour nous offrir le grand spectacle. Il faudra attendre un moment avant d’être cerné sur la résurrection de l’icône féminine, en espérant que le personnage de Lara puisse devenir un peu plus sophistiqué et imposant à l’écran, dépassant le format de cinématique, sans émotion ou adrénaline.


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