Memphis, 1956. Le pianiste chanteur Jerry Lee Lewis, alors âgé de 21 ans seulement, enregistre un premier disque sous la houlette du producteur Sam Philips, celui-là même qui lança Elvis Presley. Le succès est immédiat, mais la vie de l’Américain bascule lorsqu’il se marie avec sa cousine, âgée de treize ans. Leur union fait scandale, mais Jerry Lee Lewis surmonte cette épreuve grâce à ce qui l’a toujours accompagné depuis ses débuts : le rock’n’roll.

The Killer and the King

Note : 2.5 sur 5.

La musique est comme tout autre art, c’est une question de goût. Et lorsque l’on pense à Jerry Lee Lewis, il faudra retenir plus de nuances que prévu. Jim McBride adapte ainsi le roman de Murray Silver Jr. et Myra Lewis, qui est d’ailleurs au centre d’un grand débat. Mais place aux vibrations, place à la provocation. Le rock’n’roll a fait le succès d’un artiste inspiré et envoûté, mais derrière le génie, la machine n’est pas si bien huilée qu’il n’y parait. Il est question d’idéaliser une époque où le dévergondage a radicalement saisi la culture populaire. Les années 50 constituent une étape, sachant que les conflits se prolongent silencieusement dans le monde. L’après-guerre a relancé des jeunes talents et parmi eux, le surnommé Killer en fait partie.

Si le jazz a su s’approprier le conflit afin d’améliorer sa créativité, ce mot est plutôt source de problème chez un homme qui ne s’arrête jamais de foncer. Jerry, campé par un Dennis Quaid survolté, utilise ces conflits aussi bien à l’intérieur de ses compositions qu’à extérieur. Il serait alors aisé de laisser planer le doute quant à la véracité de certains propos, mais les faits et la caractérisation de Jerry ne sont qu’explorer en surface. Après un bref récapitulatif, il est évident que le film cherche à nous emmener dans un univers dansant et « la musique du diable » y parvient. Tous les grands tubes y passent, comme « Whole Lotta Shakin’ Goin’ On » ou encore celui associé au titre. Mais s’agit-il de danser sur le film ou les chansons ? La mise en scène répond essentiellement par la performance de Quaid, tantôt crue, tantôt retenue. On ne sait pas toujours comment appréhender une telle caricature et l’œuvre choisit d’épouser à l’extrême la mentalité autodestructrice de l’artiste, en réalité torturé.

La société évolue et c’est sur ses partitions qu’elle s’enjaille et qu’elle se redécouvre. C’est alors qu’intervient Myra (Winona Ryder), la jeune cousine rêveuse et amoureuse. Si l’âge semble être le détonateur d’une relation méprisée, ce qu’il faut retenir, c’est bien la métamorphose au rythme du rock’n’roll. On cherche inconsciemment à croire à cette idylle empoisonnée, mais l’excentricité et le caractère rebelle de Jerry, le film est souvent forcé à le ramener à la réalité, notamment avec sa figure rivale du moment, Elvis Presley. Mais le King lui est pleinement investi dans des motifs personnels et est retenu pour un service militaire décisif. Cela pourrait se traduire en une sortie de route, mais bienveillante, celle que Jerry manque de prendre, tout comme le recul nécessaire afin de combler son public, au-delà de son art qu’il pratique avec fougue et passion.

La question de challenge, choc des cultures et des générations s’entremêlent et ce sont souvent des pistes peu approfondies, ce qui est le cas avec « Great Balls Of Fire! ». L’œuvre mise davantage sur le divertissement, animé par la nostalgie, plutôt que par une réflexion totale sur la personnalité décalée de Jerry et de Myra, mise injustement au second-plan, afin de mieux servir la chute d’un artiste de qualité et d’un homme déchu par ses vices. La présence de l’évangéliste Jimmy Swaggart (Alec Baldwin) n’est donc pas anodine dans cette illustration, mais sa complémentarité au récit pêche parfois, par manque de souplesse. Sans être plus audacieux que cela ou créatif sur un biopic évasif, le film ne retient pas ses coups ni son dynamisme sans limites.

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