Synopsis : Le 3 août 2014, le groupe État islamique s’est lancé à la conquête de la région du mont Sinjar, en Irak. Cinq ans plus tard, plus de trois mille Yézidis sont toujours entre leurs mains ou portés disparus. Le demi-million de Yézidis qui vivaient dans les villes et villages de la région ont fui. Ne leur reste plus aujourd’hui que la souffrance vive laissée par ceux qui sont absents : les hommes et les vieillards qui remplissent les charniers laissés par Daech dans son reflux ; les femmes et les enfants, convertis de force, qui vivent le cauchemar éveillé de leur servitude. Dès lors, comment refermer la fracture et apaiser la voix des fantômes ? Quel chemin emprunter pour guérir du traumatisme, dans ce temps immobile qui en ravive la douleur jour après jour ?


Je voulais explorer comment la mémoire d’une communauté pouvait se reconstruire après ce genre de traumatisme.

« De tout temps, les morts dialoguent silencieusement avec les vivants. Mais qu’en est-il lorsqu’ils ne font plus qu’un ? Les Yézidis forment un peuple qui n’a cessé de vivre en martyr, jusqu’à ce qu’il s’efface peu à peu de sa propre histoire. Sinjar, naissance des fantômes explore la culture des Yézidis en puisant dans la souffrance, individuelle et collective, que nombre d’entre eux ont emmagasinée depuis l’invasion de l’État islamique sur leurs terres le 3 août 2014. Tel un conte hors du temps, mais aux cicatrices bien réelles, le premier long-métrage documentaire d’Alexe Liebert restitue la parole aux victimes en voie de guérison. À l’occasion de sa sortie au cinéma le 19 juin 2024, nous avons longuement échangé avec la cinéaste. Une rencontre aussi captivante que bouleversante. »

« Dans Scars of Cambodia, c’était un homme, un témoignage, mais qui raconte finalement toute une période, quand bien même le voisin n’a pas vécu la même chose. On n’a pas besoin d’écrire toutes les briques d’un mur de briques pour comprendre qu’elle est essentiellement composée de briques. Dans Sinjar, j’ai fait l’exercice inverse en prenant un bout de la parole de tout le monde pour en faire un seul témoignage, incarné par l’intégralité des femmes que l’on a croisées. C’était notre but également que toutes les femmes parlent. »

« C’est justement le mot « conte » qui a été l’étincelle pour trouver le fil narratif du film. Je crois que c’est un bouquin de Georges Didi-Huberman (Sortir du noir) que j’ai lu et qui parlait du conte documentaire et du film Le Fils de Saul, de László Nemes. Je savais que je voulais raconter les choses différemment, mais je n’avais pas encore mis la main sur les archétypes du conte et sur ce qui fait qu’une histoire devient un conte, avec son narrateur. C’est quand on a choisi que c’était la montagne de Sinjar, terre ancestrale des Yézidis, qui raconterait l’histoire, que tout s’est écoulé derrière et le montage était beaucoup plus simple. Pendant plus d’un an, je faisais de petites séquences à droite à gauche, plusieurs courts-métrages, mais j’étais bloquée. C’était mon premier long-métrage donc ce n’était pas facile d’en venir à bout. »

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