Le 3 août 2014, le groupe État islamique s’est lancé à la conquête de la région du mont Sinjar, en Irak. Cinq ans plus tard, plus de trois mille Yézidis sont toujours entre leurs mains ou portés disparus. Le demi-million de Yézidis qui vivaient dans les villes et villages de la région ont fui. Ne leur reste plus aujourd’hui que la souffrance vive laissée par ceux qui sont absents : les hommes et les vieillards qui remplissent les charniers laissés par Daech dans son reflux ; les femmes et les enfants, convertis de force, qui vivent le cauchemar éveillé de leur servitude. Dès lors, comment refermer la fracture et apaiser la voix des fantômes ? Quel chemin emprunter pour guérir du traumatisme, dans ce temps immobile qui en ravive la douleur jour après jour ?


Reflet d’une feuille morte

Note : 4 sur 5.

« Théâtre d’abominables génocides et de crimes contre l’humanité, la lointaine cité de Sinjar est endormie sous une épaisse brume, comme pour masquer les cicatrices qui ont été laissées sur les corps meurtris des rescapés yézidis. Alexe Liebert nous emmène sur les lieux d’un massacre, à la découverte de plaies encore profondes pour un peuple dont la seule existence semble être justifiée par son statut de martyr. Documentaire engagé, Sinjar, naissance des fantômes part ainsi à la rencontre des fantômes qu’abritent les lieux, des fantômes bien vivants et prisonniers de leur propre histoire. »

« Les arguments se succèdent avec une tonalité crue et une portée poétique dans cette délivrance. Des femmes s’expriment, sans chaînes, sans bourreaux pour les asservir. Cependant, leur présence les hante et finit par apparaître dans l’esprit des spectateurs. Mais les mots ne sont pas spécialement pour nous ou pour les intervieweurs. C’est avant tout pour elles et pour panser quelques plaies qu’elles partagent ce fardeau. Ces confessions sont synonymes de prières, voire de supplice pour d’autres personnes. »

« Le documentaire nous offre alors, avec beaucoup de pédagogie et de sensibilité, les clés pour interpréter les émotions filmées et le sentiment d’injustice qui flotte en arrière-plan. Ainsi, Sinjar, naissance des fantômes chante en la mémoire des terres désolées et du sang yézidi versé, en espérant que les victimes puissent renaître, reconstruire des souvenirs moins douloureux et transmettre autre chose que des lamentations dans les berceuses du soir. »

Retrouvez ma critique complète sur Le Mag du Ciné.


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