Quatre ans après la destruction de Isla Nublar. Les dinosaures font désormais partie du quotidien de l’humanité entière. Un équilibre fragile qui va remettre en question la domination de l’espèce humaine maintenant qu’elle doit partager son espace avec les créatures les plus féroces que l’histoire ait jamais connues.


Extinction

Note : 1 sur 5.

Comment est-il encore possible de trahir la continuité d’une trilogie, qui file vers son dénouement ? Ou bien, n’est-ce que le début d’une grande phase hypocrite, qui singe la nostalgie et qui pille la majorité des œuvres qui ont forgé l’imaginaire collectif ? La saga « Jurassic World » ne partait pas déjà sur les bonnes bases, préférant la redite pleine de paillette numérique à l’audace superflue de « Fallen Kingdom », qui promettait au moins l’apocalypse dans ses dernières minutes enthousiasmantes. Autant dire que le récit porté par Colin Trevorrow depuis maintenant trois chapitres renonce à toute crédibilité et il le prouve encore dans cette ultime razzia, qui ne convainc pas et qui ne mord pas. Son scénario renferme ainsi à double tour ses stars les plus précieuses, les dinosaures, dans une nouvelle cage de bienséance, au détriment du spectacle.

Oubliez donc ce que vous croyez savoir ou espérer suite aux derniers mots de Ian Malcolm dans le volet précédent. La cohabitation ou la domination ne sont plus à l’ordre du jour, car l’intrigue semble retomber dans le même panneau que ce bon vieux « Jurassic Park III », dans un terrain miné par le désir de se tourner vers son propre embryon. Il ne reste donc plus rien de ce que Spielberg aura établi cinématographiquement, à savoir le frisson et le merveilleux. De ce côté-là, Universal ne fait que courir après des scènes d’action moites, plastiquement indigent et à écrire des dialogues déconnectés des enjeux ou des personnalités. Aucun personnage n’est réellement incarné ou bien interprété, sans doute parce que tout le monde semble avoir déjà tourné la page des créatures d’une autre époque. Certains disparaissent un temps, jusqu’à ce que les deux axes de narrations se croisent dans un mauvais remake. Au lieu de prolonger le plaisir de façon cohérente et ordonné, nous faisons face à une fresque absurde entre deux générations qui appellent à la complémentarité. Pourtant, il n’en est rien et le mensonge prend encore plus d’épaisseur.

Hormis la non-présence des personnages, qui ne sont plus que des posters à l’effigie d’une firme qui avait très envie de passer à autre chose, nous constatons l’incompétence du cinéaste en matière de mise en scène. Jamais les dinosaures ne parviennent à susciter de l’intérêt ou une quelconque émotion sincère. Il ne suffit pas d’actionner le juke box de John Williams pour transcender une scène. Les interactions avec les créatures sont souvent hasardeuses, sinon inexistantes, notamment de jour, car le reste du temps, il est possible de voir défiler de véritables paysages qui donnent envie de s’y plonger. Cela ne dure qu’un temps avant qu’on nous ramène des fossiles de la trilogie original, afin de critiquer les excès et les échecs de cette dernière saga qui a perdu toute sa fraîcheur. Ce procédé s’avère ainsi malhonnête et dénué de sens, sachant que le récit embrasse à chaque instant toutes ses contradictions. Il n’aura fallu que quelques minutes pour nous justifier l’hérésie qui nous a été offerte, comme un caillou à sucer en nous faisant croire qu’il s’agit d’une friandise bien sucrée.

Pour ce qui est du chaos, nous serons servis sur l’aspect cinématographique, car « Jurassic World : Dominion » (Le Monde d’Après) ne s’intéresse pas aux dinosaures, mais bien aux icônes de la franchise, qui a perdu pied il y a un moment. Le manque d’originalité est indéniable et on regrettera presque la réalisation simili-horrifique de Juan Antonio Bayona. Toute cette mascarade ne fait que nous donner envie de nous replonger dans les traces du film original, sans fan-service à portée de main pour donner le coup de grâce aux scènes connues. Trevorrow n’a fait que diluer le chef-d’œuvre dans une recette approximative du formol, pour n’en garder que la forme au lieu de poncer l’âme et l’ADN du concept. Triste paradoxe pour celui qui n’a pas su tenir ses promesses, en faisant régner ses dinosaures dans sa propre vitrine.


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