Dans les années 1970, la Corée est sous la houlette du président Park, qui contrôle d’une main de fer la KCIA, l’agence de renseignements coréens. Kim Gyu-Pyeong, un commandant prometteur de la KCIA, voit sa vie être bouleversée lorsque l’ancien directeur de l’agence refait surface, avouant qu’il connaît toutes les affaires louches dans lesquelles a trempé le gouvernement.

Affaire Classée

Note : 2.5 sur 5.

Certaines rumeurs et certains gestes sont des plus controversés, mais la transparence constitue tout un débat du point de vue même de la célèbre Maison Bleue. 15 ans plus tôt, l’assassinat du président Park Chung-hee a déjà été mis en valeur et ce retour semble vouloir marquer un peu plus le pas, en sondant un peu plus la psyché d’individus au service d’une nation autoritaire, mais en déficit d’ambassadeurs fiables. Min-ho Woo, qui en est à son cinquième long-métrage, tente de captiver une nouvelle génération de spectateurs par le biais d’artifices avant tout scénaristiques. Cependant, ce qui appartient à l’histoire de la Corée du Sud mérite sans doute un peu plus, notamment lorsqu’il s’agit d’entretenir la tension et le suspense. Il sera malgré tout nécessaire de définir les enjeux dès les premières minutes, mais il s’applique à le faire comme si un documentaire avait été défait puis remonté en une fiction, qui n’apporte pas plus en matière de créativité ou de mise en scène.

Cela ne veut pas dire pour autant que l’on coche mal les cases, car certains aspects de cette réalisation austère nous amènent à nuancer les actes d’un homme, qui ont bouleversé des dictatures et des jeux de pouvoir. Le directeur de la KCIA, Kim Gyu-Pyeong (Lee Byung-Hun), fait partie de cette observation. Son évolution suggère des motifs bien plus humains, mais qui le torturent à même son âme, car la loyauté possède ses limites. En effectuant de nombreux allers-retours avec l’Europe et les Etats-Unis, on ne mise pas sur la carte de l’originalité, car cette notion n’est que prolongée dans un récit codifié en espionnage occidental. De ce fait, les quelques rares moments où le film prend le dessus sur le spectateur, c’est bien entendu dans les démarches les plus crues, où kidnapping et assassinat feront l’objet d’un écho justifié. Et pourquoi donc s’y attarder ? Le chef d’État Park Chung-hee (Sung-min Lee), mène son peuple depuis déjà 18 ans, obstruant ainsi toute évolution bénéfique ou moderne pour une société, qui cherche également à avoir sa part de pouvoir auprès de celui qui les contrôle tous.

Ce n’est alors plus qu’un jeu, où le dernier des prédateurs devra se montrer le plus décisif. Park Yong-gak (Do-Won Kwak), qui est à l’image du Koeagate de 1976, catalyse toute cette part de violence qui empoigne les idéaux du chef de la sécurité présidentielle, Kwak Sang-Cheon (Lee Hee-Joon), avant de passer par ceux du président lui-même. Une révolution est en marche et cette réponse hostile ne répond pas aux attentes d’un Kim, plus modéré et plus souple avec ce jeu de manipulation. Sa négligence le fera tout de même chuter et entraine tout un lot de contradictions avec le coup d’État qu’il a mené en 1961. Cette idée de persécution se transmet alors dans les coulisses d’un gouvernement qui ne tient ni à relâcher son emprise sur ses acteurs influents, ni à capituler face aux menaces naissant de l’intérieur comme de l’extérieur. Les situations deviennent pourtant de plus en plus incontrôlables et le film ne parvient pas à insuffler la bonne immersion, nous laissant ainsi à la surface des enjeux et en marge des faits.

Dommage que « L’Homme du Président » (Namsan ui bujangdeul) ne dégage pas plus d’ambitions cinématographiques, car il manque une aura plus cynique ou satirique dans ce thriller. Il nous rappelle également ô combien la disparition de Lincoln et de Kennedy peut nourrir des spéculations. Cette œuvre s’efforce de boucler l’affaire, en nous proposant un point de vue méticuleux de l’homme qui se tenait juste à côté. Entre solitude et paranoïa, les caractérisations de personnages restent suffisantes, tout comme l’ensemble des éléments qui se croisent dans la crise d’une nation. Tout n’est pas dénué d’intérêt, mais si seulement le versant historique pouvait servir un visionnage moins terne en photographie ou en soignant un peu plus son atmosphère délicate, on aurait pu ressentir chaque coup et chaque impact que l’on nous livre uniquement sur un plateau d’anecdotes.

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