Elina, une jeune rappeuse en herbe de 17 ans, est contrainte de quitter son pays natal, la Finlande, lorsque sa mère décide de rejoindre son petit ami sur la Côte d’Azur. Elina est tout de suite fascinée par sa nouvelle sœur par alliance de 18 ans, Sofia, une ballerine très charismatique qui mène une double vie faite de soirées, de garçons et de drogues. Mais cette amitié apparente se transforme vite en jeu de pouvoir aux conséquences toxiques…


Flammes fatales

Note : 2.5 sur 5.

Les histoires qui présentent une ambiguïté morale ont de quoi attirer Aino Suni, qui s’était déjà rapprochée de la rappeuse finlandaise Mercedes Bentso dans le documentaire « Never Again », qui lui était consacré. Sans changer son fusil d’épaule, la cinéaste tient à garder un pied dans ce climat de tension et de beauté, où la musique semble résonner avec une certaine influence physique. Une adolescente vient tout juste de perdre ses repères et doit se conformer à la charge sentimentale de sa mère, qui l’emmène alors sur la côte d’Azur. Loin de sa chambre, loin de son paysage d’enfance qu’elle aime tant admirer à travers la fenêtre de son foyer, cette dernière devra trouver d’autres centres d’intérêts pour tromper le décalage horaire.

Ce que l’on croit savoir d’Elina (Elsi Sloan) tient dans cette ouverture, où l’image est à l’appui. Réservée dans les réunions intimes, mais extrêmement ouvertes et libres lorsqu’elle se laisse aller à ses pulsions chantantes. Le rap, c’est ce qui anime ses pensées et c’est ce qui lui permet d’agencer ses sentiments, au rythme des chansons qu’elle compose avec soin. Suni livre donc cette jeune femme à la teinture vert pomme aux décadences locales, car sa rencontre avec sa sœur par alliance ne se solde pas comme la sororité bienveillante à laquelle on pourrait penser. La cinéaste finlandaise fait l’étalage d’une relation toxique avec Sofia (Carmen Kassovitz), chevronnée à la danse classique le jour et à tout autre rodéo une fois la nuit tombée.

L’approche par le thriller semble être la bonne et démontre dans un premier temps sa fureur dans un jeu de couleur et de lumière. Ce sont ces mêmes arguments qui motivent à la mise en scène, cherchant de l’anxiété et de l’intensité dans le regard des comédiennes. Malheureusement, l’alchimie ne prend pas dans ce duo voué à s’aimer et à se torturer. L’environnement que ces filles côtoient est aussi vidé de leur substance qu’il paraît factice. Il en va de même pour l’entourage pseudo-bourgeois, trop en décalage avec leur temps, qu’on prend à peine le temps de maquiller leur caractérisation cocaïnée et testostéronée. Le peu de personnages masculins sert de faire-valoir, tandis que les adultes sont encore les grands absents du récit, là où il aurait été essentiel d’avoir un contrepoids moral.

« Pulse » (Heartbeast) ne parvient pas à convaincre sur le ton du thriller-queer et passe à côté de son sujet, pourtant loin d’être inintéressant. Le résultat est ainsi beaucoup trop didactique pour qu’on en tire un soupçon de plaisir ou de tension, à l’exception d’un malaise gagné dans une séance sur un canapé et qu’on aura rapidement fait de désamorcer la bombe psychologique. Le film n’avance que par à-coups et le fait d’ailleurs trop rapidement sur une ligne droite qui ne voit pas venir les virages évidents de l’intrigue. La caméra ne fait que se poser aux bords de cette relation Elina-Sofia, sans s’inviter dans ce tourbillon d’émotions qui les chatouillent et qui les questionnent à la fois leur orientation sexuelle et leur goût du risque.


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