Bill Baker, un foreur de pétrole originaire de l’Oklahoma se rend à Marseille pour y retrouver sa fille emprisonnée, accusée d’un meurtre qu’elle jure ne pas avoir commis.

From Marseille with love

Note : 2.5 sur 5.

Il y a toujours un manque à combler dans une vie et c’est de nouveau à travers ses personnages et des thématiques fortes que Tom McCarthy convoque notre sensibilité. Il s’agit d’un pamphlet qui s’adresse autant aux habitants transatlantiques qu’à ceux de ce côté-ci. Mais le choix de la célèbre cité phocéenne, comme sanctuaire de misère pour faire écho aux ravages naturels d’Oklahoma, n’est pas anodin et relève d’une sincérité, qui accompagne le héros dans sa chute et dans une incertitude à en mutiler ses valeurs. L’union symbolique entre deux continents prend sens dans les confrontations et les confusions de deux cultures, qui s’observent et qui se complètent. C’est dans cette idée que l’équipe des scénaristes (Marcus Hinchey, Thomas Bidegain et Noé Débré) brosse un portrait de culpabilité saisissant, mais avec des limites évidentes.

Bill Baker est un rednek, à mi-chemin entre sa vie de débauche et ses responsabilités paternelles, qui cache bien des maux sous sa casquette. Matt Damon fait donc évoluer ce personnage, loin d’être impérial, mais qui trouvera un écho touchant dans son duo avec Camille Cottin. Elle campe une Virginie, sous l’étendard tricolore, qui démontre les difficultés des Etats-Unis à s’intégrer et à s’adapter. Incapable de s’exprimer en français et en manque de souplesse sur les valeurs ricaines, Bill est aussi têtu que fermé sur lui-même. Il n’a dans l’esprit ce doute qui innocenterait sa fille Allison (Abigail Breslin). Pourtant, la chasse à l’homme se transforme rapidement en drame social, en passant par une romance qui passe à travers ses ambitieuses thématiques. Le fait de s’ouvrir à l’autre, devient une affaire d’écoute et de confiance, malheureusement laissées derrière les motivations du héros.

Le récit parvient très peu, voire jamais, à créer la tension souhaitée et sombre dans une mélancolie chronique d’une vie marseillaise. Les points de vue divisent donc plus qu’ils ne rassemblent, car la ville ne trouve pas toujours cette chaleur et cette énergie, qui contraste évidemment avec Stillwater, où a grandi Bill. Et par-dessus tout, on en oublie aisément les enjeux d’Allison en cours de route. La petite Maya (Lilou Siauvaud) dévore tout sur son passage, mais donne rarement l’occasion à Bill de pleinement se racheter une conduite, en tant que père présent et responsable. Tout ce que l’on retient est là, dans cette relation fructueuse, où il se découvre une ouverture d’esprit inédite, le rendant plus docile par la même occasion. Du théâtre au Vélodrome, on ne manque pas de se laisser séduire par un soupçon d’humanité, véritable pont entre deux mondes qui ne demandent qu’à faire connaissance.

En somme, « Stillwater » tremble dans sa déception, due à une croisade dont on aura égaré le point de départ et son habilité à transformer le silence en une douleur pesante. Ce qui nous reste à voir et à retenir se tient donc juste là, dans une vérité qui n’a pas besoin de justification, seulement un peu de compassion. L’actrice Allison en est la parfaite ambassadrice, tout comme Bill, dans sa manière de pardonner. Mais une fois encore, la communication grince et coince au niveau de ses enjeux. Pourtant, nous attendions davantage une union spirituelle au lieu d’un compromis formel, au détour d’une étude sur l’échec et la reconstruction.

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