L’histoire vraie de Marie, une adolescente accusée d’avoir menti sur le fait d’avoir été violée, et de l’enquête menée par deux détectives.


Women vs Wild

Note : 4 sur 5.

Avant d’être réalisatrice, Susannah Grant est une scénariste qui a débuté sur le Pocahontas de Disney. Puis, elle s’est fièrement illustrée dans « Erin Brockovich, seule contre tous », avant de pagayer dans la fosse aux histoires revisitées ou encore des adaptations imprécises. Elle revient donc aux sources, en insistant clairement sur le rôle majeur de la femme, au milieu d’une jungle testostéronée. Mais pire que cela, l’homme ne semble être d’aucune aide ou même soutien morale dans ce récit qui peut paraître extraordinaire. L’ensemble restera cependant très dramatisé, ce que l’on ne boudera pas non, afin de mieux explorer la psyché des victimes d’agression sexuelles et autres initiatives visant à réparer les injustices de l’institution policière.

À Lynnwood, un témoignage resurgit du passé, celui de Marie Adler (Kaitlyn Dever), adolescence violée et accusée de fausses déclarations. Il est évident que le sujet heurte la sensibilité, car la mise en scène se montre pertinente vis-à-vis des adultes vers qui les jeunes cherchent le soutien ou le réconfort. Cependant, on atteint la limite du tolérable lorsque les nerfs sont à bout. Les curseurs de la machine administrative sont poussés au maximum et on se laisse entraîner dans sa descente aux enfers, où elle finit par perdre toute relation de confiance avec son entourage. Seule contre tous, elle fait office de victime « universelle », soulignant ainsi qu’un tel traumatisme est difficile à affronter et à gérer. D’autres témoignages appuient également ce détail, mais les suivantes ouvrent un autre arc narratif, visant à résoudre une grande affaire qui les lie toutes.

Du mal au mieux, un duo d’enquêtrices, Grace Rasmussen (Toni Collette) et Karen Duvall (Merritt Wever), se rapprochent pour mieux corriger les maladresses de leurs collègues masculins, qui sont d’ailleurs victimes de leur incompétence dans une intrigue qui prône l’empathie. En effet, la femme est à la fois dans le rôle de victime, de gardien, de juge, de bourreau et de moralisateur. Une bonne palette qui, contrairement à un argument de vente industriel, se révèle plus profonde. La première est d’une assurance extrême, en plus d’être une fonceuse exemplaire, tandis que la seconde irrigue sa sensibilité aux victimes, telle une mère de substitution, figure très absente dans ce contexte perturbant. On y verra également un comportement impitoyable envers ses collègues, mais c’est ce qui sert bien le contraste entre sa détermination et celle de son équipe. Elles seront toutes les deux des piqûres de rappel sur le revers de la loi, sur sa fiabilité et du système d’accompagnement des victimes.

« Unbelievable », c’est à la fois une campagne de sensibilisation, mais également une dissection du système vis-à-vis des victimes d’une telle cruauté. Le suivi est souvent négligé par divers départements qui peinent à communiquer. De plus, les rouages démontrent avec efficacité, l’incompétence de certains services, que l’on croit nécessaire. Et c’est en remettant en cause ces démarches qu’on en aperçoit les limites, puis les retombées. L’épisode pilote saura s’exprimer à lui seul et ne mentira pas sur les émotions qui s’en dégagent. Les spectateurs partagent aisément la frustration, voire la colère de Marie, bien que l’on s’aperçoive que l’erreur est humaine. On ne peut généraliser le cas d’une personne à une autre. Chacune ou chacun possède un détail qui nous identifie ou qui nous définit. Il ne reste donc qu’un « pourquoi moi ? » afin de clouer une fois pour tout le traumatisme dans les limbes de la souffrance.


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