Louise et Michael se rendent à la ferme familiale où ils ont grandi, au chevet de leur père mourant. Leur mère, en proie à des crises de démence, est convaincue qu’une force extérieure s’est insinuée dans leurs vies. Les incidents troublants se multiplient et se font de plus en plus inquiétants.

Havre de peste

Note : 3 sur 5.

Bryan Bertino confirme son désir de noircir davantage sa filmographie et commence sans doute à tendre vers l’équilibre qu’il recherchait. Il ne semblait que dériver depuis son premier long-métrage qui lui tenait à cœur et il revient alors dans la continuité de ce qui l’avait fasciné dans son « The Strangers », à savoir le home invasion. Face à la situation sanitaire et très particulière d’un père, le reste des membres de la famille trouve encore la force de s’éloigner les uns des autres. Il suffira d’un bon élan de courtoisie pour que celle-ci se révèle toute aussi terrifiante que nuancée. Un appel à l’aide trouve ainsi son écho dans une ferme, en deuil de son guide paternel, un berger qui n’attend plus que disparition et succession.

Pour ce qui est de la rédemption, il faudra l’extirper des peurs viscérales de Louise (Marin Ireland) et Michael (Michael Abbott Jr.). Ces enfants réapparaissent aussitôt que la maladie de leur père empoigne jusqu’à se nourrir de son âme. Rien ne semble pouvoir empêcher les choses d’avancer. Et vouloir freiner des forces qui nous dépassent nous rappellent ô combien nous subissons simplement les ravages du temps. Les personnages sont présents pour le saisir de nouveaux, mais en vain, car au bout de ces sept jours de deuil, la vérité va trancher. Entre une mère qui sombre dans la dépression et ses chèvres dans la folie, les ténèbres se distillent dans chaque recoin et finalement dans un hors cadre que l’on sollicite bien plus que les jump scare à gogo que l’on anticipe tant. Ce film trébuche quelques fois sur ce point, mais essentiellement dans sa narration, trop linéaire et qui recycle un peu trop ses effets de style. En revanche, il focalise toute notre attention sur sa pertinence psychologique, nous donnant l’occasion de nous familiariser avec le langage de l’angoisse.

Ces choses qui n’expliquent pas tout renouent avec l’intrusion dans l’intimité d’une famille qui doit revoir son point de vue, vis-à-vis de la mort elle-même. Ce qui est malignement réussi en témoigne, à l’image de dialogues en léger décalage avec la situation. Que le diable s’invite à travers des hôtes plus ou moins symboliques instaure un climat bien étrange, que les amateurs du genre ne manqueront pas de s’en délecter. Cependant, au-delà de ces tentatives tantôt gagnantes, tantôt lassante, c’est bien dans le drame familial qu’on économise toute cette intensité. Un manque de communication consternant nous ramène à ces moments forts d’une vie, presque antérieure, où frère et sœur opposent inconsciemment leur croyance et leur obligation. Il est évident que la famille passe avant toute chose, mais ce que rapporte les ultimes minutes ce cette intrigue nous invite à justement relativiser nos émotions les plus primaires.

Au détour d’une semaine très subversive, on a démontré que « The Dark and the Wicked » constitue peut-être un point de rupture avec ce que Bertino avait l’habitude de créer. Ce refoulement de sa terre natale nous laisse ainsi songeur. En affutant le deuxième côté de sa lame, tout finit par devenir plus tranchant. Il reste plus qu’à la destinée au meilleur de maniement et à la meilleure cible, afin de rendre le séjour plus suffocant. Mais s’il ne s’agissait que d’invoquer les frissons pour séduire, cela ne suffirait pas à rendre cette œuvre aussi attachante. La famille Strakers se dilue dans une normalité que l’on pousse dans ses retranchements. L’enjeu principal d’une telle manœuvre consiste ainsi à jauger la combattivité de chacun à rendre sa famille plus forte et unie. Mais comme dans la plupart des infrastructures, quelques clous dépassent, gênant ainsi sa croissance et ses valeurs.

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