Suite des aventures de Diana Prince, alias Wonder Woman, Amazone devenue une super-héroïne dans notre monde. Après la Première Guerre mondiale, direction les années 80 ! Cette fois, Wonder Woman doit affronter deux nouveaux ennemis, particulièrement redoutables : Max Lord et Cheetah.

Elles marchent seules

Note : 1.5 sur 5.

Patty Jenkins entretenait l’espoir d’enfin laisser son héroïne au lasso s’envoler pour de bon depuis son premier opus. L’ironie du sort n’arrange pourtant pas le cas de cette dernière, malmenée dans d’inconfortables péripéties, qui se superposent plus qu’elles ne communiquent entre elles. Les intentions restent toutefois visibles, mais dans une lourdeur excessive, qui n’échappe pas à l’ouverture olympique de l’œuvre. Entre un deuil non résolu et les archétypes du capitalisme et du féminismes qui se tapent mutuellement dessus, il n’y a plus de place pour les poilus de 14-18. La transition est aussi soudaine que celle qui nous ramène dans l’extravagance des années 80, où les décors constituent le seul intérêt notable, si ce n’est une sorte de régression technologique. Hélas, tous ces efforts sont vains, car jonchés de maladresses qui nous apparaissent périodiquement dans une aventure trop gourmande.

On le sent dès le premier flashback qui renvoie Diana (Gal Gadot) dans son immaturité, car face à la première opportunité, elle succombe à des raccourcis. Seule face à son désespoir, son manque de perspective, elle ramène Steve Trevor (Chris Pine) dans sa vie pour mieux rebondir. Il ne s’agit pas d’une surprise et encore moins d’une nouvelle rafraîchissante, dès lors que l’on s’engouffre dans la fièvre esthétique d’une époque que l’on finit par dénaturer, à force de l’exploiter à tort et à travers. Cette légèreté tranche évidemment avec le conflit qui préoccupait la demi-déesse en Europe et cela aurait pu servir la complicité, puis la dualité avec sa collègue cryptozoologiste, Barbara Minerva (Kristen Wiig). Personnage attendu dans son développement, elle incarne à elle seule la haine des victimes de misogynie. La scientifique a pourtant les atouts pour se sortir du cliché, avant basés sur une reconnaissance de ses pairs qu’elle convoite. En pleine ascension, elle finit par devenir le véritable objet d’étude d’un musée, lieu où l’on redonne du sens et de l’intérêt aux espèces vivantes et au patrimoine de la nature elle-même. Malheureusement, ses dérives rattrapent ses ambitions, qui semblent toujours honnêtes dans l’idée, mais qui finissent par la trahir dans sa détermination hasardeuse.

Comme chacun est à la recherche de son modèle, un autre profil se détache du lot. Maxwell Lord (Pedro Pascal) constitue tout de l’illusion d’une nation qui ne cesse de rêver et d’espérer. Le pouvoir et le vampirisme qui le séduisent deviennent à présent son identité, lui qui peinait à exister dans sa carrière et dans une cellule familiale brisée. Son renversement n’est que la contrepartie qu’il parsème au fur et à mesure de l’intrigue avec les personnages, mais c’est notamment un temps précieux qu’il arrache au spectateur. Les expositions n’en finissent plus et s’entremêlent dans la même logique qu’une pierre magique, dont on ne saura finalement pas grand-chose, même dans sa mécanique primaire. Le donnant-donnant devient source de contradictions, qui riment avec le départ d’un politicien dont on fera grossièrement l’analogie. Le souci est que le film arrivera trop tard dans l’hexagone, du fait que ses caractéristiques situationnelles. L’égoïsme n’est qu’un des penchants humains qui manifeste son impuissance et son ignorance, mais il aurait été souhaitable de mesurer la portée de cette thématique pour une héroïne qui ne cesse de se chercher et de se justifier derrière une humanité sans faille.

Si l’amour donne des ailes, c’est bien sur une autre échelle que « Wonder Woman 1984 » voudrait danser. D’une certaine manière, Diana finit par communier avec son amant disparu pour se laisser porter dans les airs et enterrer la solitude qu’elle cultivait dans la douleur. Et ces rares moments d’audaces manquent cruellement dans une œuvre qui ne captive ni par ses effets spéciaux, ni par la partition d’Hans Zimmer, ni par ses ruptures de ton, invoquant prématurément une mélancolie sèche et expédiée. Le sentiment de vouloir recoller avec les pages de comics tente Jenkins, mais la prise d’assaut numérique et le résultat anti-spectaculaire condamne tout un projet qui se vante plus qu’il ne convainc. Dommage pour un film sincère, qui rampe autour d’anecdotes, toutes aussi superficielles que le portrait d’un monde qui se déchire dans l’avidité.

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