Huit voleurs font une prise d’otages dans la Maison royale de la Monnaie d’Espagne, tandis que leur mentor, un génie du crime, manipule la police pour mettre son plan à exécution.

Bella Ciao

Note : 2 sur 5.

Loin de proposer de l’originalité, la facette du braquage devient une banalité sur tous les types d’écran. Netflix s’empare toutefois d’une trouvaille qui contraste fortement avec les autres séries de niches qui installent peu à peu leur culture et leurs références. Pourtant, la pépite espagnole reçoit un accueil qui n’est pas aussi tranché que prévu. Certes, le divertissement et la tension générée rattrapent les nombreux défauts qui assomment littéralement le postulat de base, à savoir la réalisation d’un retrait parfait et sans bavure. Álex Pina joue ainsi sur une mise en scène introspective, mettant la narration de synthèse au premier plan, tout en alternant flashback et prise d’otage en temps réel.

L’ambiance est donc le point positif de la série qui maintient l’intrigue à un haut degré de mystère. La narration surprend dans le sens où l’on parvient à garnir cette prise d’otage sur tous les épisodes, sans oublier d’instaurer un climat particulier, celui de la prévisibilité et donc du contrôle. Mention spéciale aux comédiens qui en imposent et qui savent faire évoluer leur personnage alors qu’on en véhicule le visage initial de héros. Le vice les rattrape tous et ce n’est pas l’argent qui en est la cause. Ce vulgaire bout de papier n’est que superficiel face aux valeurs que défendent les braqueurs. Chacun appréhende une forme de liberté qui se discute et qui se chante. Or, les divergences d’opinions font que les désirs égoïstes des personnages les font douter dès lors qu’ils aient pénétré ce sanctuaire monétaire, foyer de leur propre renaissance.

Et qui dit braquage, dit négociation, diplomatie et partie d’échec. Le duel est en réalité un double front où d’une part, les braqueurs doivent négocier le retrait titanesque avec leurs 67 otages, et d’autre part, le « Professeur » qui gagne du temps auprès de la police. On distingue ainsi le conflits intérieurs et extérieurs où l’un dépend fortement de l’autre. De ce fait, on se laisse aisément embarquer dans une perpétuelle chasse à l’homme, qui est lui-même aussi pragmatique que son prédateur. C’est à se demander qui est réellement la proie dans ce récit qui tient du fantasme et de l’épique. On doit bien reconnaître que l’humour rythme la lecture de ce twister en péripéties, souvent hasardeuses. Par ailleurs, les personnages entretiennent beaucoup de traits caricaturaux pour que l’on puisse pleinement se les approprier. Cela dit, quelques nuances viennent nous titiller et on se permet d’embrasser avec eux des problématiques secondaires que l’on prend à cœur d’accepter le meilleur dénouement possible. Ce que le spectateur cherche, c’est du neuf et ce sera dans le scénario qu’il se laissera bercer, par le biais de l’écoute et de l’observation.

À l’image du lyrisme qui enrobe le discours de « La Casa De Papel », la série prend un malin plaisir à nous surprendre dans l’avancement de l’enquête. Elle appuie également sur la fait que la perfection est irréalisable. L’humain est le facteur qui fausse toute une théorie légitime, mais en échange, il offre un divertissement de qualité. Le professeur, l’inspectrice et Berlin sont les plus charismatiques et sortent du lot. Ceux-ci proposent une rétrospective de la culture espagnole, inscrite en filigrane dans certains passages. Leur jeu est poignant et ne manque pas de nous surprendre, jusqu’au plus petit détail anticipé par les forces de l’ordre ou le machiavélique orchestre du braquage.

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