Les aventures de Buck, chien de traîneau dans le Grand Nord, hanté par l’appel de la forêt et son désir de retourner à la vie sauvage.

La Cupidité ne flotte pas

Note : 3.5 sur 5.

William A. Wellman les adore les drames et sait comment insuffler cette tension qui nous saisit, le temps d’une scène ou de toute une aventure épique. Avec “Les Ailes”, “l’Ennemi Public”, “Frisco Jenny” ou encore “Les Enfants De La Crise”, le réalisateur revient et nous capte avec l’un des récits merveilleux de Jack London. Ces deux hommes sont très engagés socialement, mais usent surtout de l’expérience du quotidien afin de nourrir leurs intrigues et leur mise en scène. Mais du côté du cinéma, on préfère un appétissant spectacle au parfum de liberté plutôt que cette routine qui conditionne l’Homme et ses animaux à une vie domestique. Grâce au parcours de la ruée vers l’Or, le Yukon apparaît si mystérieux et sauvage, donnant ainsi le cachet nécessaire pour rendre spirituelle l’aventure d’un chien et des hommes.

Buck est ce chien domestique de Californie et inapte naturellement pour un environnement hostile et hivernal. Pourtant, ce dernier ne faiblit pas et accepte peu à peu sa condition pour ainsi épouser l’effort et l’audace de son nouveau maître Jack Thornton (Clark Gable). Dans une croisade vers le nord et la piste de l’or, matière sujet à malmener l’avidité des hommes, le réalisateur prend une certaine distance du roman et fige son récit dans des relations humains instables et bouleversantes. Cela ne veut pas dire que l’on met à l’écart ce bon compagnon de voyage à quatre pattes. On le met à contribution, grâce à une lourde charge dont il devra assumer le fardeau, mais c’est au moment où son instinct le reprendra qu’il saura tendre l’oreille vers la bonne direction, à savoir celle de la nature et celle de ses semblables. Mais les libertés tort cette fiction et la rend plus accessible à un grand public. Shorty (Jack Oakie) constitue le ressort comique qui fait plaisir à voir et Claire Blake (Loretta Young) est une jeune femme dont on souhaite développer l’intérêt sentimental plus qu’autre chose.

Nous vivons les enjeux d’une époque qui se permet l’émancipation à outrance, mais l’entrée en matière du divertissement n’a pas à être boudé, notamment lorsque Buck ressort victorieux de chaque épreuve, conçu par la mauvaise appréciation des hommes ou d’une Nature plus pertinente. En réalité, tout tourne autour de Thornton et son escapade pour une richesse perdue. Aux confins de territoires inexplorées ou presque, l’aventure prend les couleurs d’une idylle naissante, dans le récit comme sur le plateau. Et c’est justement sur cette relation que le réalisateur tente de concentrer son attention, faute de contraintes évidente de la part d’un studio qui semble uniquement vouloir brasser l’aspect positif et bienveillante de l’oeuvre. Le dénouement jure malheureusement avec celui du roman et la morale initiale qui s’est peu à peu dissipée dans ce récit Hollywoodien, dommage.

“L’Appel de la Forêt” (The Call Of The Wild, 1935) est une seconde adaptation sur grand écran et renouvelle des idées sombres d’une conquête qui tourne un peu mal, mais qui tend vers un équilibre singulier. Mais même si le message est passé au second plan, voire esquivé par moment, le divertissement est présent et l’intérêt est redirigé vers le décor naturel et à ciel ouvert, en passant par une romance satisfaisante. Enfin, Buck finit tout de même par rapprocher ceux qui l’entourent, malgré lui. Son instinct prédomine et il s’agit de la merveille cachée, que l’on sous-exploite sans aucun doute, mais à chaque apparition, il serait difficile de croire en sa combativité, son courage et sa sensibilité qui existent bel et bien.

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