Pendant plus de 40 ans, Val Kilmer a documenté sa propre vie et son métier par le biais de films et de vidéos, accumulant des milliers d’heures de séquences.

Val’halla

Note : 3.5 sur 5.

Le redouté-redoutable comédien, qui a transpiré dans le costume latex de Batman, retire son masque pour ne laisser que sa chair parler et ses cicatrices témoigner de son ascension et de sa chute. C’est une célébration que prônent les réalisateurs et proches de la célébrité, Ting Poo et Leo Scott. Un véritable travail d’archiviste emballe la croisette, pour le compte d’un homme, qui n’est pas totalement brisé et qui aura documenté une grande partie de sa vie. Ce ne sont pas seulement les coulisses de ses tournages, non. Il s’agit plutôt du making-of qui redonne vie et redonne foi en cette icône, dont on oublie un peu trop rapidement l’existence et la détermination. L’honnêteté ne paie pourtant jamais assez, notamment lorsque l’intimité de la vedette est synonyme de méandres. Autant de charges physique et psychologique s’agglomèrent ainsi autour d’un Val Kilmer, qui renaît de ses cendres.

Top Secret!, Top Gun, Heat, Tombstone, The Doors, True Romance, Willow, Batman Forever… ce documentaire promet de ne rien oublier de sa filmographie. Mais le sujet est sans doute ailleurs, quelque part entre deux œuvres qui auront ponctué sa notoriété ou qui l’auraient placé dans la déchiqueteuse infernale d’Hollywood et ses concessions idéalistes. De la Julliard School à son entrée dans le cinéma, il ne succombe pas à la pression. Constamment dans un Carpe Diem qu’il vitalise à travers son objectif, sa personnalité reflète une conscience encourageante et émouvante. Le montage préfère simplement dérouler la chronologie des choses, des points de rupture et des cataclysmes qui l’ont placé en tant qu’outsider. C’est sur ce revers de la médaille que l’on redécouvre un jeune homme simple, mais rigoureux, prêt à se donner et si loin de l’abandon.

D’une grande sincérité, ces « souvenirs de vacances » nous ramènent à une réflexion détonante, sur l’industrie même qui lui a offert le tremplin vers le glamour. Mais ce destin convenu répond à l’interrogation de Thierry Frémaux, en prélude de cet hommage, à savoir : qu’est devenu Val Kilmer ? Sa carrière témoigne et justifie une trajectoire terrible, amputant la voix puis le corps du comédien, sur toutes les scènes, y compris ceux de « Citizen Twain ». Une vie de conflit, voilà comment son aura pourrait être perçu. Être difficile sur le train ne signifie pas non plus la ruine de ce dernier, impliqué et appliqué dans le seul rôle qui lui colle à la peau. Chaque personnage qu’il interprète en révèle un peu plus sur sa présence et le symbole qu’il représente aujourd’hui. Il n’est ni déchu, ni disparu. Il est tout bonnement malade, affaiblit par une débauche qu’il assume et qu’il ne regrette en aucun cas. C’est avec un bon humour qu’il confirme chaque anecdote, toutes aussi sucrées les unes que les autres.

Le portrait de l’homme s’illustre ainsi, rempli de promesses et de démons qui continuent de consumer un artiste désenchaîné, un collègue, un fils, un frère et un père. Le soutien et la présence indispensable de ses enfants, Jack et Mercedes, accompagne la démarche de « Val », qui constitue finalement un drame familial, projetant sa miséricorde dans un soupir. Ce qui enterre par la même occasion la hache de guerre, qu’il a fièrement levée et émoussée, pour exister un peu plus longtemps à travers des images et la narration de son fils.

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