Akané est une jeune fille rêveuse. La veille de son anniversaire, elle se rend chez sa tante antiquaire pour récupérer son cadeau. Dans l’étrange bric-à-brac de la boutique, elle pose sa main sur une pierre magique. S’ouvre soudain un passage secret d’où surgit Hippocrate, un alchimiste venu d’un autre monde. Il veut convaincre Akané qu’elle est la Déesse du vent vert dont parle la légende et qu’elle seule peut éviter la terrible sécheresse qui menace son royaume. Accompagnées par l’alchimiste et son disciple Pippo, Akané et sa tante s’engagent dans un voyage fantastique pour sauver Wonderland.


Trempette, c’est trompé

Note : 3 sur 5.

« Un été avec Coo » l’a révélé, « Colorful » nous a émerveillé et « Miss Hokusai » nous a fasciné. Keiichi Hara n’est pas forcément l’auteur derrière ces œuvres qui adorent flirter avec l’imaginaire, en dehors de son second succès qui est plus terre-à-terre. Malgré tout, il adapte avec un certain style des ouvrages remplis de mélancolie et de fantaisie. Ce dernier essai nous guide ainsi vers le domaine de la magie et de l’alchimie, au service d’un message écologiste, afin de se rapprocher de la nature, quelle que soit sa forme. Il manquera parfois de subtilité dans les propos, mais ce serait en échange d’un visuel qui sublime le paysage féerique, véritable écho à la richesse d’un pays coloré et qui reconnaît les valeurs de l’eau et de la vie qui en découle.

Akané, jeune fille plongée dans la routine et dans le quotidien paisible, voit sa vision du monde bouleversée par l’apparition du surnaturel. À première vue, cela peut rappeler « Le Voyage de Chihiro », car le tunnel vers l’univers fantastique n’est qu’un pont comme un autre chez Sachiko Kashiwaba, qui a inspiré le film de Miyazaki. Les similitudes, on en trouve, mais le réalisateur cherche énormément à se démarquer en misant sur son visuel impeccable, alternant entre la 2D traditionnelle et l’incrustation des effets 3D. La machine prend donc rapidement son envol et nous expose à une palette de couleur qui donnait envie de voyager. Et dans cette évasion impromptue, il faudra qu’Akané trouve une porte de sortie. Cela ne se fera qu’à travers un développement plutôt passif dans un premier temps, car ce sont bien les protagonistes qui l’accompagnent qui lui volent la vedette et la sagesse.

Hyppocrate est cet émissaire et ce gardien d’un royaume qui perd ses couleurs et sa vitalité. Il joue le rôle du thérapeute universel, loin d’être aussi monotone qu’il n’y parait. Son caractère suggère une approche philosophique et anthropologique. Il est adepte d’une culture de la Nature, car il est lié à sa destinée. Pour contraster, Akané se montre plus réservée, mais avec suffisamment d’innocence et de clairvoyance afin de comprendre ce qui l’entoure, les enjeux et les solutions adéquats. Notons toutefois que le discours passe très facilement, sans prise de tête, sans magie pour convaincre, car on y croit déjà à fond. Le récit manque sans doute d’ambiguïté et de nuances, notamment sur l’éveil de l’industrialisation, qui est injustement relégué à une image péjorative. Nous sommes souvent dans le frontal, alors que l’on pourrait détourner certains propos afin d’orienter le débat vers un terrain plus subtil. Mais l’œuvre ne cache pas son ambition de faire rêver les plus jeunes. Sa destination vers l’enfance est presque inévitable, car ce film reste opportuniste dans sa manière de vendre son projet, trop lisse et trop honnête pour un long-métrage de si courte durée.

L’animation japonaise nous habitue à quelque chose de profond et recherché la plupart du temps, car ce qui nous arrive dans les salles obscures, ce sont des produits validés et primés. Mais être salué à l’Est ne constitue pas forcément une garantie, car le ressenti derrière l’adaptation de « L’Étrange Voyage depuis la cave » reste mitigé. Évidemment, nous retiendrons le bon, comme le fait d’inciter la jeunesse à s’ouvrir à l’inconnu, quitte à ne pas maîtriser sa trajectoire. Il faut tôt ou tard apprendre à s’émanciper de ce qui nous connecte à la réalité pour mieux appréhender l’environnement qui nous entoure et ses valeurs. « Wonderland : Le Royaume Sans Pluie » l’évoque bien, mais ne prend pas le temps de s’installer dans l’univers qu’il propose. Nous avons à peine le temps de nous émerveiller qu’on nous catapulte vers un autre décor. Heureusement qu’un petit magicien ou une tante réussit à mieux capter l’attention, cependant en sacrifiant le développement de l’héroïne. Impersonnel et pas assez onctueux, ce film ne finira pas plus loin que dans un cadre que l’on regarderait au loin, en se souvenant que ce n’était qu’une esquisse d’une aventure trop éphémère.


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