Fuyant un passé douloureux, Chloé démarre une nouvelle vie d’institutrice dans le Morvan avec son fils Jules, 8 ans. Accueillie chaleureusement par les habitants du village, elle tombe sous le charme de Mathieu, un médecin charismatique et mystérieux. Mais de terribles événements perturbent la tranquillité des villageois : un enfant a disparu et une bête sauvage s’attaque au bétail. Jules est en alerte, il le sent, quelque chose rôde la nuit autour de la maison…


Enfants de la campagne

Note : 2.5 sur 5.

Il n’est plus surprenant de retrouver le cinéma français au croisement du fantastique et de son environnement intimiste, voire réaliste. Un film de genre après l’autre, les ambassadeurs se succèdent avec l’intention de rendre des comptes à un public qui ne demande qu’à sortir de sa zone de confort. Ce que parvient à faire Arnaud Malherbe avec ce récit, c’est alors de bâtir un équilibre entre la lecture métaphorique et paranoïaque. Nous avons déjà pu en découvrir les prémices et les piliers, comme l’attestent “Quelques minutes après minuit” de Juan Antonio Bayona et “I Kill Giants” d’Anders Walter. Pourtant, ce ne sera pas au nom de la tendresse, ni par le biais d’effets visuels épousant la rêverie fantaisiste que l’on viendra nous alpaguer. L’effroi est à la base d’une communication dissonante et d’une confiance ambiguë.

Une famille est au cœur de cette rupture, dont on conte avec un certain zèle la crainte de la figure paternelle, dévorant tout espoir de paix. Jules (Giovanni Pucci) en subit les frais aux côtés de sa mère Chloé (Ana Girardot), cherchant à se reconstruire en province, loin de cette influence toxique et étouffante. La campagne est souvent sujet à porter le regard brut de citadins, venus festoyer le temps d’un séjour estival. Ce lieu de paix éphémère, Chloé souhaite en faire son oasis pour le reste de sa vie. Cependant, les mythes du coin ne rassurent ni les parents, ni les enfants, principales proies d’une créature, née dans les rumeurs, les traumatismes et les mauvais sons. Un jeu se met alors en place entre les enfants du village, qui capture la sauvagerie du harcèlement. Les étrangers ne sont pas les bienvenus, mais l’illustration du tourment vire dans un excès redondant, tout au long du récit.

Jules confronte ainsi son défaut auditif et un petit ami impromptu (Samuel Jouy), mais également ses nouveaux camarades de classe. Le récit cultive suffisamment de matière pour trouver l’autonomie nécessaire, mais manque indéniablement d’isoler le spectateur dans son imaginaire. L’ambiguïté sur l’existence du dévoreur d’enfants sera démontée à l’arrache dans un dénouement aussi lumineux que maladroit. Et par-dessus tout, Malherbe manque d’insuffler cette aura d’insécurité autour des protagonistes, chose essentielle dans ce qu’il essaye de véhiculer. Malgré le fait que nous restons souvent à l’antre de la folie, il est étonnant de constater que cette entrée en matière pourrait déverrouiller d’autres niveaux de lecture chez l’auteur. Un enfant, plongé dans ce drame intime, devrait pouvoir s’y retrouver dans ses peurs, mais il ne saura sans doute pas comment les combattre, dans les mêmes ténèbres qui l’habitent.

“Ogre” n’arrive pas toujours à tenir en haleine et se piège à son propre jeu psychologique. Ce que le film aura toutefois gagné à démontrer, c’est que l’avenir du cinéma de genre français pourrait bien se trouver en campagne, surtout après les saisissants “Teddy” des frères Boukherma et “La Nuée” de Just Philippot. Les mythes finiront par gagner ces terres fertiles, tout en s’imprégnant des enjeux sociétaux actuels. Ils seront bien accueillis, du moment qu’on ne perde pas le fil sur les codes et les profils obsessionnels, qui portent et qui emportent tout sur leur passage.


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