Hier tout le monde connaissait les Beatles, mais aujourd’hui seul Jack se souvient de leurs chansons. Il est sur le point de devenir extrêmement célèbre.


Beatles’Jude

Note : 2.5 sur 5.

Danny Boyle replonge dans les souvenirs de la pop culture britannique, afin de nous transmettre une lettre d’amour, façon cinéphile. Il a souvent mis en avant une force abstraite dans ses films précédents, en passant par la divinité, le hasard ou l’addiction. Cette fois-ci, il s’agit de la mémoire, chose qui nous lie au passé, au patrimoine et à l’héritage de ceux qui nous ont précédés. Il suffit donc de développer un concept autour de la disparition d’un groupe, pour qu’on s’y attache davantage. Mêlons à cela, un Richard Curtis à l’aise avec sa satire de l’industrie musicale et sa comédie romantique touchante. Il en résulte un travail mécanique mais efficace, avant de perdre son élan dans un dernier acte formel et sans trop de conviction.

On nous lance dans un monde où Jack Malik (Himash Patel), est un auteur-compositeur qui piétine sans sa carrière et dans sa vie privée. Il peine à capter l’attention de ses parents, qui n’arrivent pas à percevoir ses ambitions, mais il n’est pas non plus gâté par les possibilités d’obtenir un tremplin musical. Il fait du surplace, aux côtés de sa manager Ellie Appleton (Lily James), travaillant à mi-temps pour sa musique. Il est évident que ce duo sera sujet à toute une introspection romantique, avec ce qu’il faut de poésie entre eux. Et ces fameux poèmes proviennent des Beatles. Lorsqu’un black-out mondial évoque une perte de mémoire de la société actuelle, envers les vestiges et les monuments que forme ce groupe légendaire, Jack est le seul à pouvoir s’approprier leurs chansons pour bâtir une image et son succès. Comprenons alors que le monde oublie facilement certains mythes et ne fait pas toujours ce qu’il faut afin de préserver un patrimoine. Le monde va de l’avant, sans emporter ce qui l’a fait grandir auparavant.

La manière dont Boyle approche ses superstars, John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr, peut rappeler « Jean-Philippe », mais son ambition est toute autre. Les chansons des Beatles finissent par passer devant leurs interprètes, car tout le monde peut les chanter et s’approprier le lyrisme qui en résulte. La culpabilité ou le plagiat, tout cela possède une nuance. Il faut les utiliser avec passion et la mise en scène met bien en évidence cette problématique chez Jack. La discographie du groupe est d’une richesse et d’une diversité émouvante, si l’on parvient à en comprendre sa conception. C’est alors qu’on fait intervenir des maisons de disques, tanières de requins, avides d’exploiter de jeunes talents. On les ridiculise au besoin et sans modération. Même Ed Sheeran s’est amusé à le faire, sous forme d’autodérision. On tacle notamment la culture actuelle, qui cherche à aller trop vite, qui est trop gourmande et qui veut tout sur le champ. Il reste peu de places pour la créativité et la subtilité se trouve là, dans les reprises inespérées mais nécessaires des tubes qui ont marqué l’Histoire.

Finalement, l’uchronie de Boyle fait mouche, car on pourrait l’extrapoler à d’autres supports. Il s’agit ainsi d’un film sensoriel et intimiste, car chacun éprouvera le besoin de se rapprocher de « Yesterday » et ces souvenirs que l’on perd peu à peu. Et au-delà des aspects de la mondialisation qui empoisonne l’art en général, on retrouve un divertissement musical puissant au démarrage. Puis, la romance finit par empiéter sur le concept de base, ramenant les protagonistes et nous autres spectateurs à la réalité. Rien de surprenant de ce côté, mais chacun aura son sourire à placer lorsque l’on jubile sur des souvenirs ou une découverte.


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