Après un combat acharné contre une tortue démoniaque, cinq justiciers qu’on appelle les « TABAC FORCE », reçoivent l’ordre de partir en retraite pour renforcer la cohésion de leur groupe qui est en train de se dégrader. Le séjour se déroule à merveille jusqu’à ce que Lézardin, empereur du Mal, décide d’anéantir la planète Terre…


Le rire sauvage

Note : 3 sur 5.

Quentin Dupieux nous intriguait déjà avec une imagerie tirée des super sentai à la sauce frenchy. Le rendez-vous à ne pas manquer sur la Croisette, si l’on aime la crétinerie et les sketches parodiques, est également à retrouver sur grand écran, là où l’on va rire à gorge déployée. Et ce n’est pas si mal, de s’abandonner de temps en temps à ce genre de mascarade, notamment du côté de ce cinéaste qui a la technicité hilarante. Pourtant, la narration n’est jamais aléatoire, ou elle est suffisamment bien tenue par de grosses ficelles, afin que l’on évite aucun sujet de société. Il plonge dedans la tête la première comme un grand et incite le spectateur à en faire de même, avec le sourire.

Il ne faudra pas très longtemps pour savoir où on me les pieds. Le super-héros, c’est la nouvelle mode et Dupieux n’hésitera pas à éparpiller les entrailles des vilains démoniaques sur la tronche amorphe de ses héros, comme de nous autres spectateurs. Une façon à lui de nous inviter dans la mélasse et autour d’un feu de camp, qui balance des vannes à tout-va. Et cela fonctionne, car l’ensemble tient sur la performance d’un casting à découvrir, en amont ou pendant le visionnage qu’importe. Le séminaire des héros offre plusieurs possibilités de se lâcher, en rappelant l’insouciance des années 80, en opposition à aujourd’hui, où l’on avance à peine et que les mœurs régressent avec absurdité. Le tabac est un fléau, au même titre que la pollution ou la solitude. En se la jouant « Conte de la Crypte », les cinq compagnons dérivent dans des récits sinistres, mais dont le panache vient souvent du script.

Il invoque le gore et des situations dramatiques, qu’il détourne sans modération, jusqu’à retomber dans le pastiche de son propre cinéma. Il en fait évidemment le commentaire, mais il préfère s’attarder sur ses personnages, pour faire exister ses thématiques alarmantes. Le portrait du chef d’équipe est signe d’un mauvais management, sans âme et avec un ego aussi balèze qu’un barracuda pêché dans un lac. Tout à tour, on questionne la responsabilité des cadres et des parents. La génération qui suit n’a plus que des idées noires en tête, c’est pourquoi la maturité n’a pas sa place, à l’image de la subtilité qui se fait discrète, quelque part à côté de la marionnette Didier. Nos sentiments sont également passés à la loupe, avec un esprit terriblement contemporain sur la situation. La culture va mal dans toutes ses formes, mais jamais le film ne cherche à compenser ce handicap par la mise en scène ou autre artifice ingénieux.

« Fumer fait tousser » préfère de loin en rire que d’en parler et feint de rentrer une fois pour toutes dans le vif du sujet. Le film est traité comme tel, un rassemblement de potes, qui partagent l’instant comme ils subissent la spontanéité du montage. C’est une affaire de perspective que Dupieux cherche à entretenir, du haut de ses 80 minutes d’intrigue. Si l’équilibre est rompu au milieu du voyage, il saura rattraper le fil au dernier moment, quitte à noyer certaines de ses stars dans un univers alternatif ou très peu en phase avec le mot de la fin. Quoi qu’il en soit, le menu est à la hauteur de son fantasme, imprévisible.


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