Cat, Fouad, Sami et Antoine ont douze ans. Aimé en a dix. Par fierté et par provocation, ils décident un jour de mettre le feu à l’usine qui pollue leur rivière. Aussi excités qu’affolés ils s’embarquent alors dans une aventure drôle et incertaine au cours de laquelle ils apprendront à vivre et à se battre ensemble.


L’été des masques

Note : 3 sur 5.

Après la pétillante et comédie jouissive « En Liberté ! », Pierre Salvadori (Cible émouvante, Les Marchands de sable, Hors de prix, Dans la cour) retourne vers sa Corse natale, toujours dans un délire qui convoque l’immaturité de ses personnages. Pourtant, avec la seule subtilité du casting, c’est à travers le regard d’adolescents qu’on se laissera balader, entre deux idées saugrenues, mais inventives. On découvrira rapidement les choix du cinéaste, cherchant à museler son récit dans un format des années 80, où « Stand By Me » et « Les Goonies » et « Breakfast Club » sont les inspirations principales. Le côté minimaliste ramène un groupe d’enfants vers une issue plus intimiste, contrairement à la fable écologique qui amorce leur rencontre.

L’ouverture ne manque pas de récupérer quelques sourires, au détour de fautes d’orthographe rigolotes et autres jeux de mots, qui viendront faire écho à toute la légèreté qui s’ensuit. L’enchaînement logique est alors conté par un témoin et un outsider, Aimé (Paul Belhoste). Si cette démarche peut séduire les plus jeunes, il en faudra plus pour la poignée de spectateurs un peu plus exigeant. Tout le monde sera servi dans cette aventure et le cinéaste ne manquera pas de rappeler qu’il est encore dans le coup, malgré une nouvelle échelle et des enjeux moins infantiles qu’il n’y paraît. Cat (Colombe Schmidt), Fouad (Mathys Clodion-Gines), Antoine (Aymé Medeville) et Sami (Redwan Sellam) se réunissent autour d’une cause écologique, qui ne semble pas les toucher au même degré et pour cause, chacun d’entre eux a des comptes à rendre avec leur vie privée, pas si joyeuse et monotone.

Ils arborent un masque différent, mais qui ne les privent pas de s’engager, main dans la main dans la nature, où ils dominent la forêt et un relief montagneux qui leur tend également les bras. La caméra de Salvadori cherche en permanence à effectuer une communion entre des jeunes et leur environnement, qui tranche radicalement avec leur foyer, où la misère les attend, tout comme les cours de récréations, où certains sont loin de passer du bon temps. Tous ces paramètres invitent la fantaisie et l’imaginaire collectif, qui se chargent d’éveiller la solidarité dans un groupe qui peine à suivre le même rythme. Et c’est dans ce même décalage que l’on parvient à sonder des instants de grâces, en pensant à quelques jeux d’ombres chinoises ou à un élan épique, bâti sur de simples messages échangés en classe.

L’aventure bat des ailes avec un humour décapant, assimilé à l’innocence et noyé dans l’enfance, comme un premier sentiment amoureux qui n’atteint pas son paroxysme. Ce sont autant de maladresses que Salvadori définit et explore afin de caractériser ces héros, conscients des problèmes « d’adultes », en gardant à l’esprit qu’ils se tiendront bientôt à leur côté. En plus de tromper leur solitude dans un lieu mystique, où ces adultes sont en retraits, ils se réinventent tout en liberté. Et s’il faut un cinquième partenaire pour équilibrer la balance et pour alimenter le grain de folie dont le groupe a besoin, allons-y à fond, jusqu’à ce que tombent les masques végétaux, qui refrènent les émotions intérieures. « La Petite Bande » constitue ainsi un délicieux film d’été et un récit d’apprentissage qui gagne à mûrir avec le temps.


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