Luffy et son équipage s’apprêtent à assister à un festival de musique attendu avec impatience. La chanteuse la plus populaire du monde, Uta, va monter sur scène pour la première fois. Celle qui n’est autre que la fille du légendaire pirate Shanks Le Roux va révéler la puissance exceptionnelle de sa voix qui pourrait bien changer le monde…


La voix cassée

Note : 2 sur 5.

Cela fait déjà près de 23 ans que l’on sillonne les mers à l’écran et autant rappeler que la grande aventure d’Eiichiro Oda touche bientôt à sa fin. La continuité de l’anime trouve ainsi de plus en plus d’écho avec la sortie de la quinzaine de films en parallèle. Les propositions de « Gold » et Stampede » nous ont offert de généreux moments d’affrontements, sans pour autant oublier ce vers quoi tout le monde se tourne depuis un bon moment, le One Piece. Pour cela, Gorô Taniguchi est mis aux commandes de ce dernier projet et il est loin d’être le dernier clampin en matière d’animation ou d’adaptation. Les fans reconnaitront immédiatement sa contribution à la réalisation de « Code Geass : Lelouch of the Rebellion », tandis que d’autres sauront qu’il est passé par l’OAV de la saga de pirates « Vaincre Ganzack le pirate ! ». Nostalgie, chansons et autres sucreries seront ainsi les clés de cette nouvelle extension d’univers, où un certain Shanks le Roux trône dans l’ombre depuis trop longtemps.

Sans se positionner comme étant un prolongement canon, on retrouve l’équipage de Luffy, toujours aussi dynamique et joyeux autour d’un festin. Cette fois-ci, ce sera autour du concert de la talentueuse Uta, venue avec des idées aussi grandes que le futur roi des pirates. Un changement d’air s’impose, sous l’égide d’une cause humanitaire et écologique, où la violence emporte tout sur son passage, notamment des liens forts entre des parents et leurs enfants. Il est donc assez évident que l’on déclare l’identité de la pop-star à l’ouverture, afin de développer les enjeux qui l’obsèdent, quitte à sombrer dans une folie désespérée de trouver le pardon d’un père manquant. Toute l’aventure fera graviter les mugiwaras et leurs précédentes rencontrent autour de celle qui possède la « voix du monde », selon ses dires. Une tragédie se lit dans son désespoir, qui ne trouve jamais la bonne harmonie pour que l’action s’imbrique parfaitement.

D’un côté, la voix de la jeune chanteuse japonaise Ado nous convainc d’une puissance folle, lorsqu’il s’agit d’acoustique. De l’autre, des personnages doivent exister dans la mini-aventure. Les rares moments de complicités se situent dans des flashbacks, qui entretiennent correctement une vérité que l’on aurait laissée en suspens, le temps de trouver une raison à un nouveau mashup jubilatoire sur l’île d’Elegia. Hélas, si nous devions seulement nous contenter du parti-pris de l’action, le film fait le bon choix de museler l’aura musclée, qui capitalise chaque épisode ou générique de la série animée. Une grande sincérité épouse la quête d’Uta et de sa vision limitée d’un monde qui ne veut finalement plus de ses services. Elle doit ainsi trouver le juste milieu entre son influence et sa position, de même qu’un terrain d’entente où concilier son fantasme, qui tient de la matrice et la réalité, qui répond de l’avenir du monde. Le film n’ambitionne pas d’explorer toute cette facette et préfère jouer avec ses personnages, comme des pions ou des figurines à exploser, le temps de quelques actions, à la fois épiques et timides.

« One Piece : Red » n’est rien d’autre qu’un produit bien conçu pour exciter les fans, en attendant de se replonger dans la dernière ligne droite d’un voyage bien chargé. Le petit break est évidemment le bienvenu, mais ce n’est pas une raison de surcharger le récit, qui superpose rapidement ses nombreuses fêlures. Techniquement moins bien emballé que le film précédent, à bien des égards, faute d’une voix cassée et d’un sens du tempo qui heurtent les bons sentiments de fans venus en découdre avec leurs stars, le film ne déploie qu’à moitié son concept orchestral, qui manque de lisibilité par endroit. Et arrivée au bout du suspense, il ne restera qu’une mauvaise sensation qu’on aurait préféré laisser dans le monde confus de la chanteuse.


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