Dans leur luxueuse villa aux environs d’Athènes, Mariella et Pavlos, un couple au bord de la ruine, s’apprêtent à célébrer le mariage de leur fille Sofia avec un riche héritier. C’est alors qu’un dodo, oiseau disparu il y a 300 ans, fait son apparition, entraînant tous les protagonistes dans une ronde folle. La situation sera bientôt hors de contrôle…


La vie éphémère

Note : 2 sur 5.

Déjà passé à Un Certain Regard avec son Xenia en-chanté, le réalisateur de l’absurde « Attaque de la moussaka géante » et de « Strella » revient avec un fossile de premier ordre, pourtant bien vivant et avec toutes ses plumes. Panos H. Koutras s’approprie alors « Alice au pays des merveilles », tout comme le célèbre zoo de Ionesco, afin d’étudier la condition humaine dans sa lente agonie et dépression. Une dizaine de protagonistes viendront ainsi se superposer dans sa démarche anachronique, ou quasi-fantastique, où la célèbre volaille des îles Maurice, disparus depuis plus de trois siècles, signe un retour ambigu dans le jardin d’une modeste demeure. Un mariage se profile, mais rien ne semble aller dans tout ce beau monde qui se démène pour que l’heureux événement reste mémorable, par bien des aspects.

S’il est dans un premier temps plus aisé d’entrer dans l’analyse d’une Grèce en crise depuis 2012 et plus loin encore, le sujet est pourtant entremêlé d’autres caractères sociales, pesant sur les membres qui composent la troupe. Une famille bourgeoise ruinée n’a plus que les apparences de leur gigantesque demeure, afin de rassurer leurs collaborateurs extérieurs, des ouvriers qui n’ont pas plus de prétention, car ces derniers sont en mal de pouvoir d’achat. Les parents font constamment face à leur passé, où la mère (Smaragda Karyd) fantasme sur son unique rôle dans une série télévisée et le père (Akis Sakellariou) fait face à ses responsabilités, entre la débauche et la générosité. Comme ces piliers du récit, tout le monde aura des secrets et surtout une vérité à obtenir de l’arrivée soudaine d’un Dodo, apeuré et fans de pop-corn.

Sa présence ne constitue pourtant pas tout l’enjeu d’une intrigue qui prend le temps de développer ses personnages en ouverture, avant de les réunir avec leurs soucis, sous le même toit. Koutras questionne ainsi son spectateur sur le retour de la créature. Est-elle d’une bienveillance ou annonciateur de l’extinction, à l’image des faucheurs que sont les Hommes et leurs ambitions ? Chacun devra définir ses priorités, relativiser sur ses craintes et cette réponse se situe à la frontière du fantastique, tel Alice, s’évanouissant dans un monde chaotique et où son pèlerinage l’emmènera à trouver la voie pour affronter la dure réalité de la vie. Le film n’est en aucun cas subtil dans cette approche, mais aura le mérite de trouver un peu de sincérité dans quelques élans lyriques. Hélas, il faudra passer par de trop nombreuses cas et contraintes avant de pouvoir prétendre à cette lueur d’espoirs.

Le rythme n’est pas le meilleur ami de cette comédie baroque, qui ne pousse pas jusqu’au bout ses propos, sa lutte intergénérationnelle ou sur l’immigration. « Dodo » y laisse plus de plumes que prévu dans sa fable absurde, où il ne profite jamais pleinement de ses enjeux, survolés dans un coin, avant de les conclure dans une pseudo-résilience bourgeoise. L’animal, censé donner une seconde chance aux individus qui l’entourent ne trouvent pas cet écho qui fait d’eux une communauté ou un collectif solide. Il n’est que le témoin d’un fiasco qui traîne en longueur et qui ne raconte rien d’assez neuf pour que ce soit aussi pertinent que son histoire outrancière, caricaturale à souhait et assurément tragique.


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