C’est Paris et c’est déjà l’hiver. Sarah et Jean s’aiment, ils vivent ensemble depuis plusieurs années. C’est un amour qui les rend heureux et plus forts. Ils ont confiance l’un en l’autre. Le désir ne s’est jamais affadi. Un matin, Sarah croise par hasard François son ancien amant, ce François qui lui a présenté Jean, ce François qu’elle a quitté pour Jean sans hésiter.


Celui qui est resté

Note : 2 sur 5.

Claire Denis se fait remarquer avec une double réalisation cette année. Mais avant de passer par la Croisette avec son nouveau film anglophone « Stars At Noon », petite escale à la Berlinale. La réalisatrice retrouve ainsi Christine Angot et Juliette Binoche depuis « Un beau soleil intérieur ». Elle adapte cette fois-ci un récit de couple, à l’opposé du ton de leur dernière collaboration. On ne va pas en rire, car l’approche se veut plus démonstrative qu’incisive. Elles proposent ainsi de raconter « un tournant de la vie » à travers des personnages malades de leur amour, car ils ne prennent pas encore conscience des subtilités qui blessent. Malheureusement, nous sommes loin des débuts prometteurs, car le survol risque de continuer encore un peu, après « 35 Rhums ».

C’est dans la grâce et un geste fort que la cinéaste démarre le film, en toute sensualité et dans un non-dit, qui prouve qu’elle a encore un style notable sous le drapeau tricolore. Sarah (Juliette Binoche) et Jean (Vincent Lindon) profitent de leurs derniers instants de vacances, en suspension, que ce soir en mer ou dans le métro parisien qui les ramène à leur quotidien. Un temps d’acclimatation est encore nécessaire et leur relation ne fait que prolonger les délices de leurs sentiments incontestables. Un troisième parti viendra alors bouleverser l’ordre des choses, mais pas comme dans un mélodrame qui se revendique par un aspect bourgeois, qui peut en déranger plus d’un. Denis continue de laisse son cadre parler, via la furtivité des gros plans qu’elle capture et qui laisse cet amant du passé dans un coin brouillé de l’esprit et de la vue de Sarah, encore éprise un désir qu’elle ne peut contrôler.

C’est là que l’intrigue abandonnera une conversation intelligente avec le spectateur, par la mise en scène. Les dialogues finissent par supplanter une mélodie romantique, qui nous revient comme un refrain musical qui nous lasse et nous assomme. Le ridicule n’est donc jamais loin de la vie des héros, imparfaits, dont la présence pour leur entourage est discutable. Mais c’est dans cette même démarche que l’on perd pied. Le manque de justesse y est pour beaucoup et le ressenti n’est qu’une récompense amère, dont on se serait bien passé. Tandis que Jean cherche à reconstruire sa carrière dans le milieu sportif, il devra jongler entre plusieurs fronts, où le collègue et ancien amour de sa dulcinée, François (Grégoire Colin), finit par remplacer sa présence jusqu’à son foyer ou son lit. Sinon, on se surprend à voir un père cabotiner en expliquant l’impasse sociale et professionnelle à son fils (Issa Perica).

L’axe de Sarah est également ne demeure pas moins gratifiante, car son poste à la RFI ne justifie pas toute l’ambiguïté qui la possède. Elle recueille les témoignages d’un monde corrompu, notamment au Liban, qui implose littéralement, aux conditions ethniques dans une hiérarchie sociale établie sur le territoire français, discours qui passe furtivement dans quelques rushs de rues et des transports en communs. Tout cela sert moyennement la révolte discrète d’une femme, qui catalyse un désir de se renouveler, de même que ses sentiments, qui vont et viennent d’un coup de fil à l’autre. « Avec amour et acharnement » aurait pu prétendre à son récit illusoire et terne de la réalité, mais il ne convainc jamais assez. Il laisse le doute s’enraciner dans la peur et ne dialogue plus avec la raison, jusqu’à ce que l’on démasque les protagonistes, corps et âmes, dans une seconde partie plus nettement confuse et bouillonnante.


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