Dans le West End des années 50 à Londres, la préparation de l’adaptation cinématographique d’une pièce à succès est brutalement interrompue par le meurtre de son réalisateur hollywoodien. En charge de l’enquête, l’inspecteur Stoppard – blasé et revenu de tout – et l’agent Stalker – une jeune recrue du genre zélée – se retrouvent plongés au cœur d’une enquête dans les coulisses à la fois glamour et sordides du théâtre. Ils vont tenter d’élucider ce crime bien mystérieux à leurs risques et périls…


L’indice de trop

Note : 1.5 sur 5.

La tendance pour les crimes prémédités se confirme en salle et ce n’est toujours pas pour nous satisfaire. Le succès et la prochaine extension de « À Couteaux Tirés » en attestent, bien que les tentatives de Kenneth Branagh soient oubliables. Reconnaissons alors que les œuvres d’Agatha Christie et d’autres polars continuent d’influencer le mouvement. Et si « La Souricière » de cette dernière est loin d’avoir fini avec la scène du théâtre, aucun n’aura manqué de prétexte pour en adapter ses grandes lignes, dans un discours plus méta que jamais. Tom George passe ainsi des séries aux longs-métrages, avec des défauts inhérents à la manœuvre. Le cinéaste et son scénariste Mark Chappell ne parviennent pas à gérer le suspense ou le tempo comique. De même, l’adaptation de la pièce étant impossible, tant qu’elle continuera de se représenter, mais ceux qui devaient à la base jouer avec les coulisses de l’œuvre n’ont plus cette prétention, ni l’ambition.

Quand le programme est dévoilé par avance, c’est souvent pour mieux duper son spectateur, souvent par le biais d’artifices cinématographiques et d’écriture. Ici, une voix off prétentieuse ne recule devant rien pour nous annoncer son manque d’inventivité à venir, non pas parce qu’elle a tendance à généraliser le Whodunit à toute la gamme qu’on nous sert périodiquement depuis quelques années, mais simplement par fainéantise. L’évidence qui tape à l’œil, c’est bien cette première balle perdue qui heurte fatalement la lucidité du spectateur, mais également des auteurs, à l’image de Christie et à qui l’on ne rend pas hommage avec la superficialité du discours. On coche chaque étape sans recul et lorsqu’il nous est donné de voir les analogies d’écriture nous éclater au visage, il ne reste qu’un fantôme nostalgique, incapable de maintenir notre curiosité.

À partir de là, tout est perdu, mais le film insiste dans une mise en scène qui singe davantage les travellings intelligents de Wes Anderson, au lieu de servir son mobile. Les personnages traversent ainsi des couloirs vides, sans que la direction ne soit un choix artistique, mais bien esthétique. Tout le défaut de l’intrigue, c’est qu’il n’en fait jamais assez pour semer la moindre de graine de réflexion chez le spectateur, à qui on démontre à tout-va les rouages scénaristiques, avec un cynisme qui écœure. De l’utilisation des flashbacks aux clichés des suspects, le film ne prend pas soin d’entretenir le doute, car il ne sait pas le faire. La dernière cartouche est gardée pour la fin, avec un nombre de suspects et d’indices évidemment réduits. L’important n’est donc plus de connaître l’identité de l’assassin, car l’astuce est aussi vaine que les split screen employés.

L’inspecteur Stoppard (Sam Rockwell) reste un poivrot, secondé par l’agent inexpérimentée Stalker (Saoirse Ronan), dont l’assurance ne va pas de pair avec sa justesse. Ce ne sera pas non plus grâce à eux que l’on va se questionner le paysage et les usages des années 50, un pan historique oublié au détriment de scénettes de transitions grinçantes. L’enquête file donc en ligne droite, avec ses apartés habituels, avant de finir dans l’Overlook Hotel du crime, ce qui en devient risible et navrant pour le temps consacré aux décors et au soin de la photographie. Alors, who done it ? « Coup de théâtre » répond à côté, en veillant à repomper ce qui se fait de bien mais en moins bien. Sa connaissance de cause ne le dédouane pas pour autant de ses maladresses juvéniles, qui n’ont pas eu la décence de divertir un tant soit peu.


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