L’histoire fantastique de trois royaumes où y régnaient dans de merveilleux châteaux des rois et des reines aux moeurs, principes et intérêts divergents.


Reflet des passions

Note : 3.5 sur 5.

Plutôt discret et intuitif, le réalisateur italien Matteo Garrone s’est révélé avec quelques perles, dont « Gomorra » et cette toute nouvelle œuvre fantastique, riche en poésie. L’adaptation des contes de Giambattista Basile n’est qu’une infime partie de la richesse qu’elles possèdent. L’œuvre expose néanmoins des leçons morales remarquables et cruelles. Bien que cela ne touche pas la majorité des spectateurs, ceux qui sauront percevoir l’infâme sensation d’injustice et d’inconfort auront à moitié gagné. Le reste est à travailler sur l’inconscient et sous-titres subtilement mentionnés.

De nos jours, il est difficile de concevoir un conte sans son dénouement heureux et malgré quelques embûches, loin d’être insurmontables. Garrone prend à revers cette logique qui baignait longtemps dans nos esprits, afin de mieux manipuler le suspense. Il est vrai que certains auteurs, comme les Frères Grimm ou Charles Perrault, n’hésitent pas à couronner leurs récits d’atrocité dans le seul but de décortiquer les pulsions humaines et d’en comprendre les faiblesses. On ne dément pas cette vive intention ici, en basculant tous les récits vers une maladresse passionnelle, preuve que le meilleur et le pire peinent souvent à coexister.

Entre la mère, un père et deux sœurs égoïstes, chacun finit par se recouper dans la cupidité passionnelle. Trois récits convergent donc en ce point qui illustre une forme de justice individuelle. Il s’agit plus d’une sanction de leur point de vue, mais à partir des yeux du spectateur, on ne peut avoir un avis aussi tranché. Exit les princes charmants au grand cœur, les familles soudées et les relations éternelles. La fresque de l’idéal est plongée dans un bain de désespoir progressif. La passion et les désirs sont des sujets qui sont malmenés dans une bouillie numérique, laissant tout de même derrière elle une photographie tantôt féerique, tantôt sinistre.

Surprenant, angoissant, confus et percutant, « Tale Of Tales » (Il racconto dei racconti) correspond tout simplement à un pamphlet du malheur, à plusieurs niveaux de lecture. Les péchés ont un poids qui relèvent de récits tragiques. C’est ce que l’œuvre démontre parfaitement en mettant en avant des phases positives et négatives. Dès lors, une succession de chutes se fait sentir, jusqu’à ce que la rédemption vienne reprendre son dû, en échange d’une foi qui a brisé l’âme et le corps des fautifs. Les héros agonisent ainsi dans leur propre tourment, ce qui ne laisse pas indifférent le premier étranger qui profitera de la situation.


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