Fin des années 70, une équipe de tournage investit une maison isolée du fin fond du Texas pour y réaliser un film X. À la tombée de la nuit, les propriétaires des lieux surprennent les cinéastes amateurs en plein acte. Le tournage vire brutalement au cauchemar.


Massacre à libidoland

Note : 3.5 sur 5.

Rallongé d’un prequel (Pearl) et d’une suite (MaXXXine), avant même la sortie nationale, les derniers projets de Ti West (The House of the Devil) ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd et le public, mordu de slasheur, est au rendez-vous pour une nuit sanglante. Comme ses personnages citadins se lançant à l’assaut du territoire des rednecks, le cinéaste se lance dans un dialogue glaçant et stimulant, entre le cinéma d’horreur et la pornographie. Pour cela, il revient aux amours du genre, poncé par Carpenter (Halloween) et redoré par la subversion de Wes Craven (Scream). Il place alors son cadre, proche de l’atmosphère sordide du premier long de Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse), mais qui échappe aisément à la comparaison, ne serait-ce que dans le fond de son sujet, autrefois considéré comme un levier moral, dont les personnages subissaient honteusement les conséquences.

Le sexe ne rendra donc pas les personnages plus vulnérables au hachoir vicieux de l’horreur. Et ce code sera largement discuté dans une première partie qui s’amuse à renverser les archétypes, en ouvrant sur les fausses ambitions d’une héroïne, Maxine, désireuse de percer dans le petit monde des célébrités. C’est en se rassurant devant un miroir qu’elle entretient ce rêve américain, une illusion de plus, perdue entre les coulisses de son fantasme et du monde dans lequel elle devra évoluer et affronter avec détermination. Une équipe de tournage trouve alors tout le loisir de libérer leur passion lors d’une location qui ne va pas du tout être à leur avantage. Il n’y a pas besoin d’être devin pour en deviner les limites de la cohabitation avec un couple âgé, Howard-Pearl (Stephen Ure-Mia Goth), regardant leurs invités exhibés toute leur jeunesse, à travers le confort d’un corps libéré et qui aspire à de l’art au sens noble du terme.

Le récit ne s’éparpille jamais et laisse travailler le suspense, à la force de quelques scènes de natation ou de voyeurisme qui finissent par trouver leur écho dans une seconde partie plus calibrée pour l’usage d’ustensiles rustiques. Autant dire que la chair reste au centre de l’attention. À tout moment, le débordement est attendu par une audience, qui est venue en découdre avec les valeurs du genre horrifique, qui verse souvent dans la série B générique et inoffensive dans sa pertinence. Sans aller dans le jump scare, le film sait prendre le pouls de son spectateur pour entrer en fusion avec les motivations de ses personnages, tous nuancés du cliché qui les poursuit. Un acteur et ancien vétéran (Kid Cudi) d’une guerre qu’il traîne maladroitement dans ses principes, une Marilyn bimbo (Brittany Snow) pas aussi dépourvue de sensibilité qu’on le croit, une autre (Jenna Ortega) fait preuve de pudeur en sautant le pas et en s’appropriant le scénario d’un pauvre réalisateur (Owen Campbell), éperdument cinéphile et cynique dans son approche du porno, lui-même supervisé par un producteur dandy (Martin Henderson) jusque dans ses bottes et qui finit par être aveuglé par ses ambitions.

On y trouve autant de personnages complémentaires au cours d’un séjour, écourté par leur retenue et non pas à cause de leur goût dépravé pour le sexe. Ce qui leur fait défaut en revanche, c’est l’absence de sentiments, là où on en trouve dans le couple qui vit en face et qui semble regretter le temps qu’ils ont épuisé pour s’aimer de nouveau. « X » lance ainsi une trilogie fracassante, faisant des allers-retours réguliers entre l’humour noir des films de fesses et la manie à redécorer le mobilier par le sang des lâches ou des moins lucides. West en est conscient et sonde sans arrêt ce jeu de miroir, qui trouve son paroxysme jusque dans la double interprétation de sa comédienne Mia Goth, l’actrice rêveuse et la grand-mère envieuse, diffusant ainsi une intention psychotique dans le portrait d’un pays divisé en deux générations qui partagent le même purgatoire.


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