Hiver 1636. Alors que la Chine tente d’asservir l’Asie, le roi Injo et ses hommes refusent de se soumettre, retranchés dans une forteresse dans les montagnes. Mais les rangs chinois grossissent de jour en jour, et le rapport de force semble très déséquilibré…  Autour de cette forteresse va se jouer l’ultime bataille. Pour l’honneur d’un roi. Pour le destin d’un peuple.


L’honneur, le tombeau des guerriers

Note : 3 sur 5.

Discrète mais toujours aussi perspicace dans l’approche, la culture sud-coréenne entrevoit toujours de bonnes intentions dans un élan de bravoure, le vrai. Dong-hyuk Hwang nous le fait comprendre dans une adaptation qui stimule les grandes personnalités d’une époque où la Chine domine une Asie controversée de l’intérieur. Les compromis ne semblent pas une option acceptable dans la mesure où l’honneur et la dignité surclasse toute démarche visant à se soumettre. Un grand jeu de supériorité se dessine alors entre les assaillants et les assiégés, piégés dans un hiver qui précipitent les cœurs et décisions dans la confusion. Et c’est autour de ce concept que l’œuvre brosse un portrait à la fois satirique et ludique concernant les valeurs qu’ont les hommes, qui espèrent retrouver un printemps glorieux.

Le roi Injo et ses conseillers bataillent dans le but d’imposer leur noblesse, car le véritable duel ne se situe pas dans les affrontements musclés, comme on le sous-entend souvent. Les enjeux naissent de débats à la fois insensés et intenses dans la salle du conseil. L’opposition entre les ministres Kim Sang-hun (Yun-seok Kim) et Lee Shi-baek (Park Hee-Soon) témoignent de l’instabilité du pouvoir exécutif, car le roi, rongé entre l’humilité et la raison ne parvient pas à générer la crédibilité qu’il faut auprès de ses adversaires. Il se détourne ainsi de son objectif, avec subtilité, ce qui fait gagner du temps dans des négociations relaçant constamment les divergences au sein de la forteresse.

La cour est en perpétuel renouvellement des idées. Elle valorise l’honneur, mais ne suggère pas d’échappatoire. Le roi impose également un style qui ne permet pas à ses sujets de proposer les meilleures solutions pour le danger qui les guette. Sa notoriété et l’égard que chacun possède pour sa vie ne permettent pas non plus de conclure à une sortie favorable. Et ce n’est pas auprès du peuple que l’on pourra gagner en confiance, car les esprits et les corps cèdent aux conditions qui oppressent cette classe inférieure, délaissée pour les caprices de dirigeants compliqués en affaire. La zizanie illustre donc bien le comportement de cette structure, fragiliser par des divergences morales que l’on redécouvre avec moins d’impact qu’on l’aurait souhaité et c’est bien dommage.

Cependant, faute de frapper là où l’émotion doit se trouver, il faudra avouer que la photographie ne peut rattraper le manque d’intensité lorsque la diplomatie est nécessaire. L’action, en faible quantité, n’est pas un handicap dans ce duel qui se veut avant tout verbal. Malheureusement, la qualité se perd au fur et à mesure que l’on avance, en notant la mise en scène très académique et les sacrifices techniques qui piétinent sans relâche le spectacle voulu. « The Fortress » met donc un accent sur les martyrs d’une dynastie en voie de décomposition. Sur ce point, pas de timidité au tournant, les exemples se succèdent afin de semer le doute et la tension quant au dénouement qui se fait attendre. Malgré tout, le dernier acte a ses points forts qui synthétisent tout à fait l’état d’esprit d’âmes égarées d’hommes qui discutent du sens de l’honneur et de la valeur d’une vie.


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