C’est la semaine précédant Halloween et Angela, la mère de Char, a inexplicablement disparu. Tout ce qui reste, c’est sa voiture abandonnée. Lorsqu’elle revient chez elle sans explication le soir suivant, Char et sa grand-mère comprennent que quelque chose ne va pas. Elle a beau avoir la même apparence et la même voix, le comportement d’Angela est de plus en plus effrayant, comme si elle avait été remplacée par une force malveillante. Lorsqu’arrive Halloween, une nuit imprégnée de mythes et de légendes anciennes, Char réalise qu’elle est la seule à pouvoir la sauver, même si elle risque de la perdre à jamais.


Les démones de minuit

Note : 3 sur 5.

Le début de l’hiver, de novembre, des jours sombres et des superstitions constituent tout le folklore païen irlandais, que Kate Dolan sème dans son premier long-métrage, plein de promesses. En laissant une jeune fille endeuillée dans « Breathe In » et en ne laissant pas son duo féminin se faire désirer dans l’horrifique « Catcalls », la cinéaste tente de jumeler la partition familiale et la terreur dans son film. L’approche n’a sans doute rien d’original à ce stade, mais c’est en comptant sur une bonne paire de séquences et d’une mise en scène soignée, qu’elle parvient à rendre son sujet pertinent, tout en sublimant la sororité qu’elle défend. On nous invite ainsi à entrer dans les corps des personnages, afin de sonder leur âme et leur solitude. C’est pourquoi l’évocation du changelin sert également de prétexte pour aborder la condition mentale de ces femmes, soumises à de lourdes épreuves quotidiennes.

Charlotte (Hazel Doupe) est une adolescente autonome et donc dans une phase d’apprentissage et de doutes. Il n’y a rien en face d’elle qu’elle devra ignorer et quant à ce qui se trouve juste derrière son passage, tout l’enjeu vise la réconciliation des mœurs, qui ne sauvegardera pas l’espérance de la vie familiale. La grand-mère, Rita (Ingrid Craigie), ouvre le bal de l’étrangeté, avec des gimmicks qui lévitent autour de sa personne. Cette matriarche a pourtant fait son temps, au prix du silence, chose qui sera évidemment fatale pour Angela (Carolyn Bracken (II)), une mère dépressive. Toujours emprisonnée dans un cadre, sa détresse ne cesse de s’amplifier au fur et à mesure d’une métamorphose, à la fois physique et mentale. Sur ces différentes générations, on sent une certaine emprise du catholicisme, où Charlotte constituerait alors la dernière clé de voûte pour en soutirer tous les secrets et apaiser une charge que sa mère ne peut encaisser seule.

En parallèle, l’ombre du harcèlement scolaire guette Charlotte, tout comme l’irruption de sa camarade de classe Suzanne (Jordanne Jones), plus à l’écoute qu’il n’y paraît. Malheureusement, sa redondance dessert le rythme et n’aboutit à rien, si ce n’est pour maintenir l’illusion d’une tension. Le constat social de cette « monstrueuse » famille est également futile. Le récit joue suffisamment bien avec le peu d’artefacts qu’il a en sa possession et la photographie fait le reste, en dissimulant une présence au coin du cadre ou dans la pénombre. Ce sera donc dans les mains de la jeune adolescente, que le spectateur sera invité à résoudre la problématique du scepticisme, qui aggrave la situation, tandis que les héroïnes, se débattent désespérément dans leur coin. Charlotte fait toutefois partie d’une génération plus ouverte à la compréhension et à la transmission. Le dénouement nous apparaît donc avec une ambiguïté élégante et bienvenue.

Dolan rend ainsi compte de la lutte féminine dans son Irlande natale, dont de grandes ambassadrices ont pu accéder jusqu’aux plus hautes sphères de la présidence de la nation. Ces droits ont longtemps été un débat quant à la légitimité de la gent féminine, capable de se reprendre en main, à l’image des héroïnes de l’intrigue. La vitalité aura beau leur échappé, la détermination reste un héritage qui peut soulager les peines des générations précédentes, ne serait-ce qu’en soumettant un outil de destruction à sa volonté. Éteindre le feu par le feu, c’est ce qui en fait toute sa force, car « Samhain » (You Are Not My Mother) prend le temps de digérer sa fibre fantastique, à l’instar de son co-lauréat au festival de Gérardmer, « Abuela » de Paco Plaza, qui creuse également sa réflexion identitaire.


Retrouvez également ma critique sur :

Laisser un commentaire

Tendances

Créez un site ou un blog sur WordPress.com