Pour changer de la compétition, un peu de Sang Neuf, une sélection consacrée à la découverte et aux nouvelles voix du polar, que j’ai pu découvrir en début de semaine.
Retour également sur le palmarès de cette troisième édition, riche en surprise et en sensation.
*Il me manquera le 9e film de la compétition, « La Maleta » de l’espagnol Jorge Dorado (Mindscape, la série The Head), ainsi que les Sang Neuf récompensés, que je rattraperai quand je pourrai.
Burning Hearts (Sang Neuf)
Un agneau qui devient le loup, c’est le début d’un cycle de la vengeance. Si l’on pourrait un instant croire en une tragédie shakespearienne, Pippo Mezzapesa en profite pour faire pleuvoir le sang sur ses personnages en représailles. Deux clans se provoquent et s’affrontent lorsque les négociations ont échoué. Un amour interdit vient ensuite achever toutes possibilités de revenir en arrière. Burning Hearts, ou plutôt Ti mangio il cuore (traduction littérale de « je te mange le cœur), joue au marathon de celui qui ne perd pas la face, mais tout comme Vito Corleone et sa descendance, il existe des limites à ne pas franchir, qu’importe l’offre, aussi acceptable soit-elle. Un récit honnête, mais qui ne bénéficie pas du meilleur traitement du noir & blanc pour l’appuyer.
Inside (Sang Neuf)
Willem Dafoe, c’est un corps en chute libre. Après s’être sacrifié pour Oliver Stone, Sam Raimi et Abel Ferrara, le comédien empile les rôles survoltés dans des productions assez modestes. Sa dernière performance le rapproche un peu du Vincent Van Gogh qu’il incarnait dans At Eternity’s Gate. En un sens, Vasilis Katsoupis s’est sans doute rapproché de lui pour sa faculté à nourrir un espace claustrophobique, ici tenu par des murs et des œuvres d’art, au lieu d’un troupeau humain qui envahit son esprit torturé. Pris au piège dans la demeure qu’il est venu piller, Nemo devra s’occuper et survivre à son isolement, avec des ressources limitées, mais avec le refrain des Los del Río pour le bercer. On en attendait sans doute plus de cette exploration psychique que l’intrigue semble nous promettre initialement, mais plusieurs fausses notes freinent cette intention, impactant irrémédiablement l’ascension spirituel du protagoniste, qui questionne l’art contemporain.
Palmarès
La compétition nous a offerts de belles expériences, de tous les horizons. Mais ce sera bien sur le film noir de Soi Cheang que la majorité s’est arrêté. Limbo nous a transporté dans un Hong Kong crasseux, hideux et très hostiles. Ma plus grande sensation du festival était bien là, dans son noir et blanc qui noie les larmes et le sang.
Concernant, About Kim Sohee, nous connaissions déjà son potentiel depuis son apparition à la Semaine Internationale de la Critique 2022. Jumelé avec la sortie nationale, sa présence à Reims Polar n’en a été que bonifié, évidemment pour son sujet, mais également dans la manière de nous le servir, à chaud, dans une cocotte-minute prête à exploser.
Goliath lui tient alors compagnie aux yeux du jury, pour sa narration originale et son décalage burlesque, qui avaient déjà séduit les spectateurs dans le film précédent du réalisateur kazakh (Assault). Ce revenge movie est à déguster avec parcimonie.
Pour ce qui est d’Upon Entry, il s’agit de l’œuvre la plus formaliste qui soit parmi la sélection avec des dialogues aussi crus que crédibles, dans un contrôle douanier qui dérape. Il n’est pas étonnant de le voir récompensé par les différents représentants de la police, de même que le public, qui s’est plié devant l’efficacité du huis clos.
- Grand Prix & Prix de la critique
Limbo de Soi Cheang (Hong Kong & Chine)
- Prix du jury
About Kim Sohee de July Jung (Corée du Sud) & Goliath de Adilkhan Yerzhanov (Kazakhstan & Russie)
- Prix Police & Prix du public
Upon Entry de Alejandro Rojas & Juan Sebastián Vásquez (Espagne)
- Prix Sang Neuf
God’s Country de Julian Higgins (États-Unis)
- Prix Sang Neuf du jury jeunes de la Région Grand Est
At the Gates de Augustus Meleo Bernstein (États-Unis)
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