De nombreuses années après cet été où tout a basculé, Eva retourne pour la première fois dans son village natal avec un énorme bloc de glace dans son coffre, bien déterminée à affronter son passé.


Prison de glace

Note : 4 sur 5.

« Traumatisme d’enfance et les conséquences qui en découlent sont au cœur d’un récit initiatique plein de compassion. Il ne s’agit pas tout à fait d’un film de vengeance, ni d’une chronique sur la résilience. Dans une radicalité tétanisante, le premier long-métrage de Veerle Baetens exploite un filon entre ces deux registres et nous rend témoins d’une véritable débâcle, dont le sens et la nature ne sont plus à réprimer. Pour son passage derrière la caméra, la cinéaste adapte The Melting de Lize Spit, une chronique acerbe sur un coming-of-age interrompu et figé dans la glace. Dans l’attente d’une déflagration et d’un élan de révolte, ce récit cultive les motifs d’une lente agonie, celle d’une jeunesse livrée à elle-même. »

« Ce qui était au départ une honorable quête d’affection s’est transformée en un sentiment de malaise, bâtissant ainsi la forteresse de solitude qui conditionne la Eva adulte. Pourtant, il est difficile de se soustraire à son passé et elle décide de le confronter, de ne pas capituler face aux fantômes de son enfance. À ce titre, la jeune Rosa Marchant et Charlotte De Bruyne trouvent le bon ton pour rendre leur Eva aussi énigmatique que bouleversante. La cadette est d’ailleurs repartie de Sundance avec les louanges du jury pour son interprétation. L’autre atout majeur de cette œuvre est la photographie de Frédéric Van Zandycke qui oppose magnifiquement deux époques et deux états d’esprit, entre le feu et la glace. Et la réalisatrice belge n’hésite pas à s’en servir afin que les deux trajectoires se croisent tôt ou tard. »

« Veerle Baetens ne possède pas encore le meilleur arsenal pour faire transparaître toute la détresse d’Eva avec sa caméra, mais elle la tient fermement et la garde à bonne distance de ses personnages, brillamment interprétés, pour que leurs visages nous hantent encore longtemps après cette expérience grinçante et ironiquement glaçante. Pour la même intensité dramatique que How to have sex, mais en brossant un motif différent, Débâcle a la volonté de tendre la main vers celles et ceux qui ont le cœur rempli d’une souffrance imperceptible, celle-là même qui les ronge de l’intérieur. Une œuvre à découvrir de toute urgence et avec indulgence !« 

Retrouvez ma critique complète sur Le Mag du Ciné.


Laisser un commentaire

Tendances

Créez un site ou un blog sur WordPress.com